Le modèle ‘multistakeholder’ de l’Icann de nouveau mis en cause?
Qui doit gérer les serveurs-racines et donc l’internet? Tel sera l’un des thèmes brûlants du 38ème Icann Meeting qui a débuté ce lundi à Bruxelles.
Qui doit gérer les serveurs-racines et donc l’internet? Tel sera l’un des thèmes brûlants du 38ème Icann Meeting qui a débuté ce lundi à Bruxelles.
La sécurité est également prioritaire, comme l’a souligné Rod Beckstrom, CEO de l’Icann, dans son discours d’ouverture. Tous ceux qui attendaient une date définitive pour le coup d’envoi des nouvelles extensions internet, en seront par contre pour leurs frais.
Ce qui est étonnant, c’est le fait que Beckstrom est revenu sur ses déclarations contestées antérieures à propos de la cyber-sécurité. Lors de la précédente conférence Icann qui s’était tenue à Nairobi, il avait en effet déclaré que “l’internet peut s’écrouler à tout moment”, parce que la sécurisation du DNS présente tellement de brèches. La panique qu’il avait ainsi semée, choqua pas mal de monde, ne serait-ce que parce que les pouvoirs publics ont désormais une bonne excuse de se mêler des faits et gestes de leurs opérateurs ccTLD locaux.
Le flamboyant CEO n’est en fait pas revenu sur ses paroles pour en changer, mais pour les confirmer à l’égard des esprits critiques: “J’ai dit ce que j’ai dit parce que je crois que c’est la vérité. Plus de vingt années d’expérience en gestion des risques m’ont appris à propos des systèmes extrêmement complexes qu’il vaut mieux en faire trop que pas assez au niveau des risques.”
Le CEO a poursuivi en abordant les risques liés à un contrôle trop rigoureux sur le DNS de la part des autorités. Le modèle ‘multistakeholder’ de l’Icann fait de nouveau l’objet d’un débat auprès d’instances comme les Nations Unies et l’International Telecommunications Union (ITU). Et Beckstrom d’indiquer finement que ces instances sont uniquement contrôlées par les gouvernements.
“A présent que se présentent de sérieuses alternatives à notre approche ascendante (‘bottom-up’) avec les différents groupements d’intérêts, il est important que toutes les parties prenantes (‘stakeholders’) fassent clairement comprendre qu’on ne peut toucher au modèle de l’Icann. Sinon, les intérêts de toutes les parties impliquées dans l’internet, risquent d’être fortement détériorés.”
Beckstrom ne pouvait adresser un message plus clair à Neelie Kroes. La commissaire européenne en charge de l’Agenda Numérique ne remet néanmoins pas en question le fonctionnement de l’Icann en tant qu’institut, selon un message vidéo diffusé lors de la cérémonie d’ouverture, mais elle espère que la révision du contrat conclu entre les autorités américaines et l’Icann à propos d’Iana (le ‘comptable’ de l’internet qui gère la zone-racine) engendrera une plus grande collaboration internationale. Ce n’est évidemment un secret pour personne que Kroes aspire à une plus grande participation européenne sur le plan du DNS, éventuellement via les Nations Unies.
“Ne me comprenez pas mal. Le fonctionnement quotidien de l’internet est correct, et je suis le premier à dire qu’il ne faut pas y toucher si tout se passe bien. Nous avons tous intérêt à ce que cette magnifique plate-forme d’innovation, d’entreprenariat et de liberté d’expression fonctionne parfaitement au niveau technique. C’est là une formidable aventure qui doit continuer à prospérer. Mais cela ne veut pas dire non plus que tout va pour le mieux dans le cyber-monde.”
Nouvelles extensions A la question de savoir si à Bruxelles, une date définitive pourra être fixée pour le coup d’envoi des nouvelles extensions internet, la réponse a été très simple: non. Beckstrom a même expliqué à votre serviteur que sur ce plan, il ne fallait pas attendre trop d’informations dans les jours à venir.
La quatrième version de l’applicant guidebook (le document reprenant les règles du processus de demande) vient de sortir, et cette conférence abordera donc surtout les adaptations qui devront encore être apportées à la version définitive attendue plus tard cette année.
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