Pascale _Van Damme
Le mentoring, source d’authenticité
L’expression “la partie émergée de l’iceberg” est souvent utilisée avec une connotation négative. Elle porte en l’occurrence sur la visibilité d’un aspect limité d’un ensemble peu agréable. Je plaide pour une vision différente – disons positive – de cette montagne et de son sommet. Les collaborateurs ne laissent souvent paraître qu’une partie d’eux-mêmes, tandis que les employeurs se focalisent souvent sur la seule partie visible. Celui qui s’intéresse aux deux éléments aura une meilleure vision de l’autre et de lui-même.
Dell estime que la technologie est en mesure de stimuler le développement du potentiel humain. En d’autres termes, permettre aux individus d’évoluer, de s’épanouir et de concrétiser leurs rêves et leurs ambitions. Les parties visible et invisible doivent dès lors s’imbriquer l’une dans l’autre. En ma qualité d’ICT Woman of the Year, j’ai initié le programme SpeedIT. Dans ce cadre, j’ai organisé et participé à ces derniers mois différentes sessions de mentoring. Dans le mentoring, la notion de “Power to do more”, pour reprendre le slogan de Dell, joue un rôle central. En tant que managing director de Dell Belux, le mentoring fait partie intégrante de mes activités quotidiennes. Stimuler et soutenir les collaborateurs dans leur travail. Etre à l’écoute de leurs préoccupations, leurs besoins et leurs souhaits afin de participer ensemble au déploiement optimal de leurs talents. Mais ma mission se s’arrête pas là.
Mentoring réciproque
En octobre, quelque 120 collaboratrices de Dell se sont retrouvées durant 3 soirées. Des femmes ayant soit une fonction technologique, soit une fonction dans le secteur technologique. Des femmes qui travaillent dur et qui, outre leur vie professionnelle, ont également une famille et ne doivent pas oublier leur réseau social. Tout en cherchant toujours le bon équilibre entre toutes leurs obligations, elles ont donné la priorité à ces soirées de mentoring.
Lors de deux soirées, Dell a été l’initiateur de la Company Evening de Wise (Woman in ICT Sharing Experience). Il s’agissait de soirées particulières où il fut possible de parler ouvertement des freins et des succès en termes d’évolution de carrière. De la gestion du temps, de l’équilibre entre vies privée et professionnelle, que l’on ait ou non des enfants, et des négociations salariales. Des aspects positifs, mais aussi des expériences plus difficiles de travail dans un monde d’hommes. Et oui, également aussi de l’intimité non souhaitée. Toutes les participantes étaient aussi bien mentor que stagiaire. La transparence et la confiance étaient flagrantes, non seulement pour moi, mais pour toutes les participantes. Chacune était convaincue que le plus important est de recharger à temps ses batteries et de faire ce qui lui plaît vraiment. En conservant son authenticité, ces objectifs sont déjà largement atteints. Je fais régulièrement appel dans les sessions de mentoring au modèle de l’iceberg de McClelland pour appréhender cette authenticité.
Identifier ses points forts
Les connaissances et compétences visibles sur base des normes fixées sous la surface, de même que les valeurs et motivations sont associées à ce modèle. Durant le mentoring, j’aborde en profondeur trois aspects.
Ce que je peux, ce que je connais, ce que je fais: compétences, connaissances et expertise. Que dois-je encore apprendre et comment vais-je le réaliser? (Sommet)
Ce que je pense et ce que je crois: convictions et image de soi. Comment me vois-je et comment mes collègues me voient-ils? Quelles sont mes attentes? (Milieu)
Ce que je veux et pense. Quelles sont les normes et valeurs qui sont en moi? Quels sont mes rêves? Quelle est ma passion et quelles sont mes motivations? (Base)
Le modèle permet de structurer la pensée sur ce que l’on souhaite réellement et la manière d’y arriver. En se penchant sur ces éléments et en répondant honnêtement aux questions, un plan peut être établi. L’analyse donne le courage de réaliser ses rêves et de franchir une nouvelle étape dans sa carrière. Tel est l’objectif du mentoring réalisé au sein et en dehors de Dell. S’arrêter sur ce que l’on veut réellement et comment y arriver. Ecouter les expériences des autres et dégager de nouveaux horizons dans le dialogue. Il est bon pour chacun, et donc pour moi aussi, de refaire régulièrement le point afin que la pointe de l’iceberg brille à nouveau en s’appuyant sur une base solide et que les trois parties constituent un ensemble harmonieux.
Data news
Lors de la troisième soirée dans les locaux de Dell, j’ai mené en compagnie d’Ingrid Gonnissen (Country General Manager Xerox Belux) et de Danielle Moens (Partner & Owner at Centre for Balanced Leadership) une session de mentoring destinée à de jeunes femmes en début de carrière. Cette réunion organisée par Data News a permis d’accueillir des femmes provenant de l’étranger. Dans le cadre de trois sessions, les participantes ont eu l’occasion de poser leurs questions à Ingrid, Danielle et moi-même au sein de petits groupes, ce qui favorisait les échanges d’expériences et de réflexions. De très nombreuses questions ont porté sur la gestion du temps. Les conseils pratiques sur l’utilisation du Out of Office ont été particulièrement appréciés. De même, la gestion des différents rôles dans la vie et la répartition de ceux-ci dans le temps et l’espace préoccupaient fortement les participantes. Durant la soirée, je me suis à nouveau rendu compte que ces dames ne bénéficiaient généralement pas d’un mentoring.
Comment est-ce possible? Surtout dans les plus petites entreprises, il n’y a souvent pas de département HR. De même, dans un monde d’hommes, la reconnaissance des femmes au quotidien est souvent limitée. Alors que dans un environnement de travail mieux équilibré entre les sexes, il est souvent plus facile d’échanger des expériences, tel est moins le cas dans l’IT. De même, les modèles de rôles sont moins présents. Je plaide dès lors pour l’instauration d’un mentoring structurel à l’initiative des entreprises. Que celui-ci soit organisé au sein de l’organisation ou mis en place par une structure externe. De même, il m’est apparu clairement lors de cette soirée que les femmes réseautent certes pour leur entreprise, mais pas pour elles-mêmes. En l’occurrence, un mentor peut avoir un impact positif en insistant sur le fait que le développement propre et le recentrage sur les divers aspects de sa propre personne profitent finalement à l’entreprise.
Enfin, permettez-moi cette dernière remarque. Dans la technologie, la connectivité est désormais le maître mot. Les big data, la mobilité, le cloud, etc. Toutes sortes de données sont aujourd’hui disponibles en 24/24 pour promouvoir le business. Nous travaillons extrêmement dur pour interconnecter les différents éléments. Pourquoi ne consacrerions-nous pas du temps à développer pleinement le potentiel HR des femmes? Du temps pour les entreprises à réaliser cet objectif? Mais aussi du temps pour les individus afin de se concentrer sur la partie immergée de l’iceberg.
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