Le directeur du software chez Apple: ‘Le FBI veut que nous reculions dans le temps et que nous n’ayons plus une longueur d’avance sur les criminels’
Si le FBI obtient gain de cause et qu’Apple doive donc déverrouiller l’iPhone 5C de l’un des auteurs de la fusillade de San Bernardino, il se pourrait que ‘l’on remonte dans le temps jusqu’à une époque moins sûre’.
Voilà ce que déclare Craig Federighi qui, chez Apple, est responsable du software, dans une chronique parue dans le Wall Street Journal.
Cela fait quasiment trois semaines déjà qu’Apple croise publiquement le fer avec le FBI. Le service de renseignements veut avoir accès à l’iPhone crypté d’un des terroristes à la base d’un attentat à San Bernardino. Mais Apple réagit en affirmant que si elle pirate cet iPhone au moyen d’un programme, comme l’exige le FBI, ce sont tous les iPhone au monde qui ne seront plus sûrs. Car outre le fait que tous les iPhone pourraient alors être ouverts avec ce logiciel, il s’agirait aussi pour le FBI d’un précédent qui pourrait permettre au service de renseignements américain d’accéder aux données privées de suspects dans d’autres affaires à l’avenir.
Selon Federighi, le FBI souhaite qu’Apple prévoie dans le système une porte dérobée qu’il pourrait exploiter. Mais ce serait le début de la fin, estime-t-il: ‘Les criminels et les terroristes voudront pénétrer dans les systèmes et les déstabiliser. Ils débuteront leurs attaques en forçant l’accès au smartphone d’une seule personne.’ Et d’ajouter que rien n’offre une protection à 100 pour cent.
‘Les gens sont faillibles. Nos ingénieurs software écrivent des millions de lignes de code, mais même les meilleurs d’entre eux commettent des erreurs. Celles-ci peuvent alors constituer un talon d’Achille que les agresseurs n’hésitent pas à exploiter.’ Et voici à présent que le FBI souhaite qu’Apple en revienne à iOS 7, du fait qu’il serait suffisant et répondrait aux normes de 2013… Mais iOS 7 a entre-temps déjà été piraté, indique Federighi.
‘Pour passer outre la sécurité d’Apple, le FBI voudrait que nous prévoyions une porte dérobée sous la forme d’un logiciel spécial capable de contourner le code d’accès, ce qui fait que créerions alors sciemment un point faible permettant aux pouvoirs publics d’entrer par la force dans l’iPhone. Mais ce serait un talon d’Achille que les pirates et autres criminels pourraient également exploiter. C’est donc le respect de notre vie privée et de notre sécurité personnelle qui est en jeu’, ajoute-t-il.
La Silicon Valley s’oppose au FBI
Entre-temps, Apple peut compter sur un large soutien de la Silicon Valley. Tous les géants technologiques tels Google, Facebook et Twitter ont déclaré officiellement qu’ils soutenaient Apple. Même un juge a affirmé (dans une autre affaire) qu’Apple ne devait pas aider les pouvoirs publics.
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