L’année durant laquelle ‘Uncle’ Elon Musk a misé gros 

Le CEO de Tesla, Elon Musk, sur le podium avec Donald Trump, le 5 octobre 2024. (Photo by Jim WATSON / AFP) (Photo by JIM WATSON/AFP via Getty Images) © AFP via Getty Images  © AFP via Getty Images
Matthieu Van Steenkiste Freelance journalist Data News

Il paraissait faire le maximum depuis assez longtemps déjà, mais 2024 a été l’année où Elon Musk a définitivement déraillé. Au passage, il a misé gros sur une victoire de Trump et a gagné haut la main. Il semble que nous ne nous débarrasserons pas de sitôt de ‘The First Buddy’.   

Tout avait cependant commencé ‘normalement’ en 2024: une année au cours de laquelle le magnat technologique était, comme à son habitude, apparu légèrement perturbé. En janvier, il s’était rendu à Auschwitz pour laver les derniers vestiges de 2023, l’année au cours de laquelle il avait tenu des propos antisémites, mais après cela, tout était rentré dans l’ordre. 

Point culminant: en juillet, une rumeur avait circulé, selon laquelle il aurait voulu fertiliser une colonie potentielle sur Mars – ce qu’il prévoyait d’ici une quarantaine d’années, avait-il déclaré au présentateur américain Ben Shapiro – principalement avec ses propres graines. Musk se montra donc généreux en matière de reproduction: en juin n’avait-il pas accueilli son douzième enfant. Ce n’était pas avec Georgia Meloni, même si, en septembre, il se sentit obligé de démentir toute relation amoureuse avec la première ministre italienne. 

En janvier avait également débuté un feuilleton sur la très généreuse récompense que le conseil d’administration de Tesla souhaitait lui décerner. Les petits actionnaires avaient contesté cette décision. Or ce litige n’est toujours pas aplani malgré plusieurs décisions de justice qui leur ont donné raison. Pour se venger, Musk décida de retirer ses entreprises de l’état américain du Delaware, où elles étaient implantées en raison du climat fiscal favorable. 

Comme chez lui à Mar-A-Lago 

Et puis, il y a eu la politique, puisque Musk a finalement tout misé sur la victoire de Trump. Bien que le magnat technologique ait juré en mars qu’il ne soutiendrait personne aux élections présidentielles américaines, la rumeur a commencé à se manifester en juillet, selon laquelle l’homme le plus riche du monde investirait de l’argent dans la campagne de The Don. Et l’attentat manqué contre ce dernier fut l’occasion de confirmer ce qui était clair depuis longtemps il visait une nouvelle victoire de Trump. 

Cette révélation s’accompagna d’un entretien de plusieurs heures – très peu critique – entre Musk et Trump sur X à la mi-août. En fin de compte, Musk allait injecter des millions de dollars dans la campagne et s’impliquer dans son déploiement. Résultats? Une place permanente à la table de la villa de Mar-A-Lago en tant que ‘First Buddy’, et le gentil surnom ‘Uncle Elon’ en raison de la petite-fille de Trump, Kai. 

Dispute sur X 

Entre-temps, en plus d’être le ‘First Buddy’, Musk resta aussi le ‘Roi de Twitter’ – désolé, de X. Ce fut du reste une année vraiment mouvementée pour l’entreprise. Si le CEO avait encore licencié tous les modérateurs de la plate-forme en 2023, il n’aurait eu d’autre choix que de les réembaucher en janvier, simplement pour au moins supprimer les images de maltraitance d’enfants. D’ailleurs, pas une seule note n’a changé dans le ton adopté par Musk, puisqu’il pense que modération est un synonyme de censure. 

Sur le plan technique, Musk a promis qu’il y aurait une appli pour TV intelligentes, mais la plate-forme servit aussi surtout à Musk à créer des problèmes: d’abord avec l’Australie à propos de son interprétation de la liberté d’expression, dont il sortit vainqueur, puis avec le Brésil, où un juge suprême exigea une représentation locale dans le pays. En fin de compte, X resta muette quelques mois dans ce pays sud-américain, mais Musk tint bon. 

Rancune ‘trumpienne’ 

Cerise sur le gâteau: le mois d’août, lorsque Musk s’est également brouillé avec ses annonceurs. Ou du moins avec des ex-annonceurs, qu’il a poursuivis en justice parce qu’ils n’achetaient plus de publicité sur X. De toute façon, Musk était régulièrement présent au tribunal. Il a en effet aussi mené bataille contre OpenAI tout au long de l’année. En tant qu’ancien co-fondateur de l’entreprise, il estimait que le développeur de ChatGPT s’était, après un accord conclu avec Microsoft, trop éloigné de ses objectifs initiaux d’une marque à but non lucratif. ‘Pas du tout’, a réagi OpenAI. Dans un accès de rancune ‘trumpienne’, Musk interdit alors l’utilisation des iPhones dans ses entreprises, et élargit sa plainte à Microsoft

Le fait qu’il ait lui-même créé une nouvelle entreprise d’IA l’année dernière, y est peut-être pour quelque chose. Néanmoins, l’entrepreneur a promis de rendre public le code source du chatbot Grok, qui permet à peu près tout. Finalement, si xAI vaut bien vite 24 milliards de dollars, pourquoi ne pas se le permettre? 

Rappel des cyber-camions 

Musk a également été actif sur le front mobile, même si Tesla n’a pas connu une année vraiment calme. En mars, une attaque a été en effet lancée contre une usine allemande de la marque. Le cyber-camion, lancé en grande pompe fin 2023, a pâti de pédales qui se bloquaient et a dû être rappelé à plusieurs reprises. Et la voiture Tesla dans tout cela? Il s’est avéré qu’elle n’était pas à l’abri des pirates informatiques. Quant à la voiture autonome sur laquelle Musk travaille depuis des années, elle a été présentée en octobre et s’est avérée être un robot taxi, qui entrerait en production en 2026. 

‘Si cela foire, je suis foutu’, a déclaré Musk dans un moment d’égarement à propos de son soutien à Trump. Le patron de Tesla, passionné de X et de moins en moins sympathique, a donc beaucoup misé cette année et a beaucoup gagné. Musk termine en effet non seulement 2024 en tant que première personne à posséder une fortune dépassant les 400.000 milliards de dollars, mais il commencera 2025 à la tête du service chargé de sauver le gouvernement américain sur le plan économique. Cela lui donnera un rôle majeur dans la stratégie cryptographique, l’aéronautique et, surtout, la réglementation et la déréglementation. A en juger par les dernières semaines de cette année, cela s’accompagnera de quelques bouleversements. En à peine une semaine et demie, il a en effet déjà mis de l’huile sur le feu de la polarisation en Grande-Bretagne et en Allemagne, il a nommé un ami à la tête de la NASA et il a failli contraindre les sénateurs républicains à un shutdown. 

Accrochez-vous donc, cela va souffler fort! 

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire