Bart De Ridder
La révolution numérique est déjà là!
Depuis quelques années déjà, l’on ne cesse de répéter que l’économie numérique arrive. Bart De Ridder d’Accenture avance ci-après cinq affirmations pour démontrer que le monde numérique est déjà là.
Des leaders du monde, stars de la pop et chefs d’entreprise étaient réunis la semaine dernière dans la ville alpine de Davos recouverte d’un manteau blanc à l’occasion de la “Grand-Messe” annuelle. Il va sans dire que les Européens présents y ont débattu non seulement des thèmes actuels comme la crise des migrants, le terrorisme, l’environnement, la production et la vie durables, mais aussi de la création d’emplois dans une économie mondiale toujours plus planétaire, ainsi que de la manière dont la densité numérique (le niveau de numérisation d’un pays) peut l’impacter. L’un ne va en effet pas sans l’autre.
Je fus récemment très étonné de la croissance de la jeune entreprise gantoise Bubble Post, le fournisseur de colis ‘first-and-last mile’ en bicyclette, tricycle, e-van ou camionnette roulant au gaz. Ecologique, durable et numérique.
Affirmation n° 1: l’économie numérique est plus importante que l’on pense
Si vous avez encore des doutes (je suis évidemment convaincu que le chef d’entreprise que vous êtes, n’êtes pas de ceux-là) quant à savoir si l’économie numérique va supplanter l’économie traditionnelle, je peux vous assurer d’une chose avec certitude: le train a quitté la gare et ne s’arrêtera plus guère.
22% de l’économie mondiale est aujourd’hui déjà numérique!
Si l’on analyse aujourd’hui l’importance de l’économie numérique dans 11 économies dans le monde, dont les Pays-Bas, la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne en Europe, l’on observe que 22% de l’économie mondiale est aujourd’hui déjà numérique! Le commerce numérique représente déjà un tiers du PNB des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne, et un quart de l’activité en France et en Allemagne. L’impact numérique sur les entreprises et la société ne peut être plus clair. Est-ce étonnant? Pas vraiment, mais cela va quand même au-delà de ce qu’on pourrait penser.
Notre analyse ne s’est pas limitée à la mesure des efforts IT ou de l’e-commerce. Nous avons aussi déterminé la plus-value que représente le numérique sur l’économie totale d’un pays: travail, appareils et produits/services numériques dans la chaîne des valeurs.
Affirmation n°2: les collègues sont plus numériques que l’on pense
Trop d’entreprises et d’organisations encore continuent d’hésiter et donc de stagner lorsqu’il est question d’évolution numérique. D’autres par contre, stimulées par le contexte économique difficile, jouent la carte numérique afin de renouer avec la croissance. Et elles peuvent manifestement compter sur le soutien de leurs collaborateurs. Une grande majorité d’entre eux (pas moins de 82%) trouve que le numérique influence de manière positive leur façon de travailler: quasiment 60% déclarent: “Une transformation numérique va améliorer mes perspectives de carrière” et 63% estiment que “le numérique va rendre mon expérience au travail plus positive”. Nombre d’entre eux recherchent spontanément de nouveaux outils et compétences numériques. N’oublions pas que les ‘millenials’ (la génération Y) arrivent. Aujourd’hui, un tiers d’entre eux ont déjà un emploi aux Etats-Unis et d’ici 2025, ils seront 75%. Donc, si votre honorable collègue veut encore développer une nouvelle appli, ne vous y opposez pas.
Affirmation n° 3: l’impact social du numérique sera plus important que l’on pense
La conversion numérique des entreprises et organisations exercera un impact positif sur la société et l’environnement. Outre la création massive d’emplois, le numérique va réduire l’empreinte écologique des entreprises. Vous n’en êtes pas convaincu? Considérez alors ce chiffre: les initiatives numériques prises par les entreprises conjointes dans notre étude mondiale permettront de réduire les émissions de CO2 de 26,3 milliards de tonnes entre 2016 et 2025, ce qui équivaut à l’ensemble des émissions de CO2 de l’Europe durant la même période. Deux petits exemples pour étayer cette thèse:
• Le numérique concerne aussi les personnes à la base de la pyramide. 200 millions d’Indiens ont pu ainsi ouvrir un compte en banque grâce au progrès numérique.
• Rien que la logistique numérique pourra réduire de 10% les gaz à effet de serre d’ici 2025.
Si nous réussissons, c’est une réduction massive des émissions qui se profile à l’horizon.
Cela ne se fera pas de soi évidemment. Il faudra au contraire travailler dur au niveau gouvernemental et industriel pour le rendre possible. Initiez surtout les gens aux compétences numériques, afin qu’ils assimilent aisément la transition. Et la législation doit suivre naturellement: la réglementation pour les drones accuse du retard sur la demande des consommateurs et des entreprises. Si nous réussissons, c’est une réduction massive des émissions qui se profile à l’horizon.
Affirmation n° 4: la Belgique a du potentiel numérique
Une bonne nouvelle. Récemment, nous avons, conjointement avec Oxford Economics, examiner l’impact que la numérisation aura sur l’économie belge dans les années à venir. Et qu’en ressort-il? Que ce qu’on appelle parfois de manière outrancière ‘l’économie disruptive’ pourra générer une forte croissance. L’on prévoit des progrès assez rapides dans des secteurs comme la santé, les services financiers et le shopping. La numérisation favorisera la concurrence, incitera les entreprises à innover davantage, et réduira les coûts. Notre étude démontre que la Belgique dispose d’un potentiel de croissance plus important que celui de pays tels l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. C’est surtout la santé, les systèmes de paiement, le shopping, l’apprentissage, la production et les voyages qui produiraient à moyen terme une extension de marché. D’ici 2020, quelque 17 pour cent du chiffre d’affaires dans le secteur de la santé par exemple se feraient par la voie numérique, contre seulement 14 pour cent en Allemagne et 11 pour cent en Grande-Bretagne. Au niveau des services financiers, le numérique représenterait 11 pour cent des ventes, contre 7 pour cent en Allemagne et 2 pour cent en Chine. Il ne nous reste plus qu’à remporter la Coupe d’Europe de foot!
Affirmation n° 5: vous voulez croître? Créez une plate-forme!
Pour les entreprises, les plates-formes en ligne peuvent créer de plus amples écosystèmes qui leur donneront tout-à-coup une grandeur d’échelle inédite et qui feront face à la forte croissance d’une opportunité de marché. Il vous est possible avec des partenaires de générer une capacité et une main d’oeuvre que vous ne devez pas vous-même posséder. Jusqu’à aujourd’hui, les grands starters numériques ont dominé l’économie des plates-formes. Mais il appartient à présent aux acteurs traditionnels d’aller de l’avant dans les services liés à la plate-forme. Le nuage (cloud), les plates-formes mobiles et les applis annihilent l’excuse des coûts des plates-formes industrielles. Tout le monde répond désormais présent. IDC prévoit qu’en 2016, plus de 100 nouvelles plates-formes industrielles numériques seront lancée par des entreprises non-technologiques. La Philips Healthsuite par exemple utilisera des partenaires ‘cloud’ pour atteindre une grandeur d’échelle inédite et à se connecter à plus de 7 millions d’appareils, détecteurs et applis mobiles, pour proposer ainsi toute une série de nouveaux services de santé aux patients à la maison et non pas en milieu hospitalier. Des soins de santé à distance, quoi, et disponibles dès aujourd’hui. Un conseil: élaborez sans tarder votre stratégie en matière de plate-formes.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici