La fibre de verre chez vous – La Belgique endormie?
Aux Etats-Unis et au Japon, 15 millions de ménages sont raccordés et abonnés à un réseau de fibres de verre, contre 1,7 million en Europe. Le réseau de fibres optiques français permet déjà à 4,45 millions de ménages de s’y raccorder. À cela s’ajoutent 2 millions en Italie et 350.000 aux Pays-Bas. Également en Allemagne, en Finlande, en Espagne, en Slovaquie, en Slovénie et bientôt en Grèce et au Portugal, on travaille au réseau du futur.
Aux Etats-Unis et au Japon, 15 millions de ménages sont raccordés et abonnés à un réseau de fibres de verre, contre 1,7 million en Europe. Le réseau de fibres optiques français permet déjà à 4,45 millions de ménages de s’y raccorder. À cela s’ajoutent 2 millions en Italie et 350.000 aux Pays-Bas. Également en Allemagne, en Finlande, en Espagne, en Slovaquie, en Slovénie et bientôt en Grèce et au Portugal, on travaille au réseau du futur.
Qui brille par son absence dans cette liste? La Belgique, l’avant-garde, la riche région de connaissances que nous souhaitons être menace d’être en retard d’une décennie. Combien de particuliers et de PME peuvent-ils s’abonner à la fibre de verre? Nessuno, nobody, personne. (Pour être tout à fait exacts, 4.500 utilisateurs test.) En Belgique, des années nous séparent encore de l’aménagement d’un réseau. Le CEO Didier Bellens a trop thésaurisé l’argent de Belgacom au lieu de l’investir, dit-on. C’est en partie vrai. Mais au Danemark, le réseau de fibres optiques est installé par le distributeur d’électricité, en France par un câblo-opérateur, dans d’autres pays par les opérateurs en télécommunications, les administrations communales et des investisseurs et fonds de pension privés. La pension de mémé investie dans l’internet. Les budgets sont énormes pour développer ce réseau sur une dizaine d’années. Sire, donnez-nous 6 milliards d’euros. À titre de comparaison, les opérateurs en télécommunications tournent annuellement avec un chiffre d’affaires conjoint de 8,9 milliards d’euros.
Admettons-le, la France a la tâche plus facile. Tous les fils téléphoniques ont été placés dans une gaine. Il est alors beaucoup plus facile de faire passer une fibre optique dans cette gaine tube. Mais soyons honnêtes, lors de l’examen de l’économie de la connaissance, c’est le résultat qu’on étudie. Celui qui n’a pas pu y participer et arrive en retard est recalé. En Belgique, les fils de cuivre sont posés nus dans le sol. “On doit soit ouvrir le trottoir, soit travailler avec des fils aériens”, invoque le ministre concerné. The Boy Does Nothing, comme le chante entre-temps Alesha Dixon. Je ne veux pas accuser le ministre en question de mauvaise volonté et en 2009, l’heure n’est plus à l’euphorie. Mais quel mantra entend-t-on lors de chaque conférence? Lle rôle du régulateur et des pouvoirs publics est crucial. Le ministre concerné et son prédécesseur assument en la matière une responsabilité écrasante. Nous sommes maintenant après Pâques et le temps est venu de cesser de couver des plans vagues. Le temps est venu de pondre un oeuf bien concret.
Chaque logement en Belgique a, au fil des ans, été équipé d’un raccordement téléphonique et de la télédistribution. Nous avons tous contribué à ces investissements. La concurrence doit-elle régner sur l’infrastructure de ce réseau en fibres optiques du futur? L’heure n’est pas aux dogmes libéraux. Je plaide pour une approche coopérative. Afin que ce réseau soit rapidement installé et que la concurrence puisse jouer sur les services qui sont proposés sur l’infrastructure. Plusieurs réseaux en fibres optiques dans chaque rue, ça n’a aucun sens. Il est préférable d’opter pour un modèle qui offre des perspectives d’extension dans toute la Belgique, également là où c’est commercialement moins intéressant. Sans accrocher un énorme fardeau aux épaules des investisseurs. Un modèle qui permettra d’établir à l’avenir une éventuelle concurrence entre les infrastructures du réseau en fibres de verre.
Sur un marché libéralisé, ce ne sont pas les pouvoirs publics eux-mêmes qui installent et gèrent des équipements destinés aux collectivités. Un réseau en fibres optiques dans un domaine public devient un bien public dans des mains privées. Un nouveau monopole naturel. Le propriétaire de ce monopole a besoin d’une base et doit se justifier vis-à-vis de la société.
Différents opérateurs et investisseurs locaux travaillent à ce réseau divisé et pourront ensuite, en leur qualité de membre, y proposer des services commerciaux en toute autonomie. Les retardataires qui ne participent pas aux investissements, mais souhaitent ensuite prendre le train en marche doivent pouvoir le faire, moyennant une indemnité due aux investisseurs initiaux pour les frais d’investissement ET les risques d’investissement pris. Outre cette poignée de gros investisseurs, les consommateurs (particuliers et PME) devraient devenir actionnaires de ce réseau. Ces petits associés devraient pouvoir bénéficier d’une réduction sur les tarifs. En outre, un régime fiscal avantageux s’applique pour les petits associés de coopérations en Belgique. Avec un réseau en fibres optiques, un nouveau monopole naturel est créé, qui est sous-traité à un tiers. Les compagnies des eaux pensent elles aussi à faire participer les citoyens en tant qu’associés, pour ainsi offrir une justification sociale et créer une surface portante pour leur monopole naturel. Le montant et la rapidité des investissements sont cependant tellement élevés que les consommateurs peuvent rassembler maximum 10% du capital. La législation belge en matière de coopérations est bien développée. Des exemples de coopération similaire sont Swift, Sita et EcoPower.
Allons-nous attendre 4 ans que la situation devienne commercialement intéressante pour tirer une fibre optique jusqu’à chaque foyer? Pour ensuite encore passer 10 ans à équiper toute la Belgique de fibres optiques? Le papier est patient, mais pas la concurrence mondiale.
Roel Deseyn est député fédéral CD&V.
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