La confidentialité des utilisateurs des TV intelligentes insuffisamment protégée
Les décideurs stratégiques européens doivent en faire plus pour protéger la confidentialité des utilisateurs de médias. Voilà ce que recommandent dans une publication les expertes en respect de la vie privée que sont Kristina Irion et Natali Helberger (UvA).
Irion et Helberger abordent dans leur étude les problèmes engendrés par l’utilisation des Smart TV (télés intelligentes ou connectées) au niveau du respect de la vie privée et de la protection des données. Tout comme d’autres appareils connectés à internet, ces TV intelligentes permettent de suivre tant en ligne qu’hors ligne le comportement des utilisateurs, et de transférer à des tiers des informations sur leur vie sociale, leurs habitudes et leurs préférences de visionnement.
Mise sur écoute des conversations privées
Le secteur des TV intelligentes évolue rapidement, et les fournisseurs et fabricants tentent de profiter au maximum des données personnelles des utilisateurs. Des informations collectées, il apparaît que les TV intelligentes transfèrent à présent déjà des renseignements sensibles au niveau de la confidentialité de leurs utilisateurs. Il y a ainsi des cas où les TV transmettent à des fabricants des informations sur le comportement de visionnement, ou espionnent des conversations privées. Irion et Helberger ont également apprécié les enquêtes menées par les pouvoirs publics en Allemagne et aux Pays-Bas à propos des infractions au respect de la vie privée. “Les consommateurs sont insuffisamment informés par les fabricants et les fournisseurs, et le respect de leur vie privée est enfreint par les paramètres par défaut des TV intelligentes”, explique ainsi Irion, chercheuse à l’Institut du Droit à l’Information de l’UvA.
La politique européenne en matière de médias pas assez stricte
Les chercheuses lancent donc un appel aux décideurs stratégiques européens pour qu’ils en fassent plus en faveur de la protection de la confidentialité des utilisateurs de médias. “Assez étonnamment, la stratégie européenne en matière de médias n’aborde pas les nouvelles questions que sont le suivi et le contrôle de la consommation des médias, le rôle de la publicité ciblée et les effets positifs et négatifs éventuels des stratégies de personnalisation sur le pluralisme des médias”, ajoute Natali Helberger, professeure de Droit à l’Information. “La situation actuelle ne suffit absolument pas et ce, tant au sein des pays membres que dans l’UE dans son ensemble.”
Irion et Helberger recommandent dès lors à l’UE d’élaborer et d’appliquer une législation plus stricte dans le domaine de la protection des données en utilisation des médias.
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