La censure encore renforcée en Chine: les VPN dorénavant bloqués
La Chine envisage de rendre la vie encore plus difficile pour les utilisateurs au niveau de l’accès aux informations non-chinoises. Le pays entend en effet bloquer l’utilisation des connexions VPN. Mais l’impact de l’internet ne se limite pas aux frontières nationales.
La Chine est le pays comptant le plus d’internautes au monde: 731 millions. Mais c’est aussi le pays disposant de l’internet le plus sévèrement contrôlé sur Terre, ce qui fait qu’il s’apparente davantage à une sorte d’intranet.
Deux millions de censeurs sont quotidiennement occupés à surveiller le flux d’informations et à supprimer des messages là où c’est nécessaire. Nombre de sites web sont partiellement bloqués, voire complètement inaccessibles. Et pourtant, le pays veut encore aller plus loin. Le ministère de l’industrie et de la technologie de l’information a en effet annoncé via un message sur son site web qu’il va lancer une campagne de nettoyage national ciblant les fournisseurs internet et les centres de données. Les entreprises dépourvues de licences d’état peuvent s’attendre à être contrôlées, selon l’agence de presse Reuters. Le ministère en question annonce qu’il sera interdit de louer ou de créer des canaux de communication – tels les VPN – sans autorisation gouvernementale.
VPN
Un VPN est utilisé pour visiter les sites web bloqués. Si on dispose d’un VPN, on peut se faire passer pour quelqu’un surfant sur internet à partir d’un autre pays, ce qui fait que certaines fonctions et sites web fonctionnent encore. Des personnes peuvent ainsi à partir de Chine accéder encore avec un VPN à Facebook et Whatsapp – des services normalement bloqués. Selon greatfire.org, la Chine bloque actuellement 172 des 1.000 sites les plus populaires au monde. Parmi eux, on trouve beaucoup de réseaux sociaux, mais aussi nombre de médias d’actualités et des sites pornos. The New York Times ne peut plus y être lu, et il n’est plus possible de visiter redtube.com, comme il apparaît de la base de données de Greatfire.
Elections en vue
Suite au blocage des VPN, les Chinois seront encore plus isolés du monde extérieur. Ces réseaux privés virtuels représentaient jusqu’à présent pour eux la porte d’accès aux informations non-chinoises et à une libre communication.
Pour contrôler l’internet, le président Jiang Zemin avait lancé en 1998 déjà le projet ‘Bouclier d’or’, rebaptisé ultérieurement par le magazine ICT Wired en l’expression mieux connue ‘the Great Chinese Firewall’. Mais alors qu’il s’agissait dans les premières années surtout de défense, la Chine choisit à présent toujours plus souvent d’attaquer.
La raison du blocage de ce mode de communication libre est due, selon la station NOS au fait que le président Xi Jinping souhaite être reconduit dans sa fonction l’année prochaine. En bloquant l’internet libre, il entend accroître encore son contrôle sur ce à quoi le citoyen chinois moyen peut accéder. Après mars 2018, lorsque les élections auront lieu, l’internet pourrait devenir de nouveau plus libre en Chine. Mais le gouvernement de ce pays communiste jette aussi toujours plus souvent son regard en dehors de ses frontières afin d’exercer son influence sur l’accès à l’internet.
‘La Chine teste les frontières de l’internet’
Selon le spécialiste de la sécurité Bruce Schneier, ‘on tente de paralyser l’internet’. Ces deux dernières années, des éléments cruciaux du net sont toujours plus souvent attaqués. Quelqu’un tente de connaître la solidité des mécanismes de défense de l’internet, et Schneier pense que ce quelqu’un n’est autre que les autorités chinoises. L’expert en sécurité suppose que les agresseurs recherchent le point faible d’importantes organisations et des failles dans l’infrastructure de l’internet. Il est question d’attaques DDoS plus amples, plus complexes et de plus longue durée que ce qui est généralement tenté. Leur intensité augmente aussi jusqu’à un certain point, et la pression exercée est amplifiée la semaine suivante à partir de ce point précis.
Si une autorité réussit à paralyser l’internet quelque part dans le monde, cela pourrait avoir de graves conséquences. Une partie toujours plus grande de notre vie se passe en effet en ligne, alors que d’importants systèmes sont souvent (partiellement) dépendants d’une connexion internet. Jusqu’à présent, personne encore n’est parvenu à paralyser longtemps des portions importantes de l’internet. Cela est peut-être dû au fait que des pays comme la Chine (et la Russie) se limitent encore à des tests. Si la situation géopolitique devait changer et que la Chine ne veuille plus se limiter à ses frontières nationales, nous découvririons probablement l’impact de ces… ballons d’essai.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici