La 5G en Belgique: loin des yeux, loin du coeur
Les entreprises belges attendent-elles vraiment la 5G ? Une question que se devait évidemment de poser Beltug. Pour l’instant, les incertitudes autour de la 5G dans notre pays priment sur l’intérêt réel.
Pourtant, près d’une grande entreprise sur quatre manifeste de l’intérêt pour un réseau 5G privé. ‘Avec la 5G, nous pourrions accélérer sensiblement le déploiement de nouveaux complexes de cinémas, estime Bjorn Van Reet (Kinepolis), puisqu’aucun câblage spécifique ne serait nécessaire.’ Dans le même temps, un grand scepticisme règle encore. D’ailleurs, la 5G aurait fait l’objet d’une couverture très négative dans la presse. ‘Une enquête interne montre que – surtout dans les PME – une grande inquiétude et de multiples incertitudes subsistent’, souligne Werner De Laet (Orange). De nombreuses entreprises ne savent pas encore ce qu’est exactement la 5G et quelles sont ses possibilités.’
Les opérateurs ont à cet égard un rôle important à jouer : informer les entreprises des potentialités de la 5G. ‘Quand elles évoquent la 5G, les entreprises pensent surtout à la capacité et à la faible latence, croit savoir Alex Lorette (Proximus). Or le véritable avantage de la 5G se situe dans la capacité de la technologie à permettre de redéfinir des processus complexes, qu’il s’agisse de l’utilisation de la réalité augmentée dans la construction ou de la conduite de drones au-delà de la ligne de vue. Le succès de cas concrets sera déterminant à cet égard. L’essayer, c’est l’adopter. Une fois que des cas pratiques auront vu le jour, l’adoption de la 5G s’accélérera.’
A moins que la 4G ne suffise…
Clairement, les cas d’usage potentiels de la 5G ne manquent pas. Songez seulement aux activités d’entreprise sur des sites où la connectivité est inexistante, pour la simple et bonne raison qu’il n’y a aucun habitant. ‘Dans ce cas, la 5G privée peut bel et bien offrir une solution, considère Willem Jonkman (Verizon). Mais bien d’autres applications pourraient également être imaginées. Je songe notamment aux soins de santé et aux applications de 5G en radiologie, ou encore à l’utilisation de la réalité augmentée dans un bloc opératoire.’
Pour bon nombre d’applications qui existent aujourd’hui déjà, se pose la question de savoir si la 4G n’est pas suffisante. ‘Tel est selon moi le coeur du débat, insiste Wim Nagels (DPD). Pour nous, les flux de données sont très importants. Pour l’instant, il ne s’agit que de données sur les colis livrés qui sont acheminés par les coursiers. Mais nos véhicules de livraison – qui vont bientôt circuler partout – peuvent peut-être capter également d’autres données, comme la qualité de l’air ou l’état des routes.’
La question est alors de savoir ce que la 5G peut apporter de plus. ‘J’ai une opinion plutôt mitigée face à la 5G, admet Patrick Putman (Manuchar). Au Vietnam et en Chine, nous parvenons à faire du suivi et du traçage par vidéo sans avoir besoin de la 5G. Certes, la 5G va incontestablement résoudre certains problèmes spécifiques, mais dans le même temps, toutes les potentialités de la 4G n’ont pas encore été pleinement exploitées.’
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