Kroes inaugure le premier centre belge d’e-déchets au Kenya

Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

La commissaire européenne en charge de l’Agenda Numérique, Neelie Kroes, a inauguré au Kenya le premier centre d’e-déchets de Close the Gap.

La commissaire européenne en charge de l’Agenda Numérique, Neelie Kroes, a inauguré au Kenya le premier centre d’e-déchets de Close the Gap. Ce centre se chargera du traitement écologique des matières dangereuses provenant de PC mis au rebut. Cette inauguration s’inscrit dans un nouveau projet de l’ONG belge, qui expérimente sous le slogan ‘World PC’ l’enlèvement et le recyclage des ordinateurs en Afrique orientale.

Le centre WEEE (‘Waste Electrical and Electronic Equipment Centre’) de Nairobi est aussi le premier dans toute l’Union Est-Africaine (UEA) à pouvoir ‘traiter’ de manière entièrement automatisée les tubes images des moniteurs et des téléviseurs. L’appareil utilisé à cette fin, un scanner CRT, a été acquis par Close The Gap et mis à la disposition du centre WEEE.

Close The Gap finance déjà un réseau de centres régionaux de recyclage de déchets électroniques dans cette zone. Ces centres sont actuellement dirigés par le partenaire local, Digital Pipeline Africa Kenia (DPA). “Outre l’impact négatif sur l’environnement et la santé publique, la mauvaise gestion des déchets électroniques constitue un frein énorme pour le mise en oeuvre de projets ICT qui sont pourtant d’une importance vitale pour les pays en voie de développement”, déclare Olivier Vanden Eynde, fondateur et directeur de Close The Gap.

Close The Gap est une ONG reconnue par les Nations Unies et opérant à l’échelle internationale, qui donne une seconde vie dans les écoles et hôpitaux est-africains aux anciens ordinateurs provenant d’entreprises européennes. Le centre d’e-déchets (e-waste) de Nairobi est financé avec l’aide de ‘certificats e-waste’ émis et gérés par World PC, le nouveau projet de Close The Gap, qui a comme but de lutter contre la propagation de l’e-pollution en reprenant et recyclant les ordinateurs.

Cartes mères
L’ONG collabore dans ce but avec le reconditionneur néerlandais Flection, l’usine de traitement final Umicore, le partenaire Recupel, quelques généreux donateurs (dont la KLM) et une série de petites entreprises locales. ” Nous ne touchons nous-mêmes pas un seul PC”, explique en riant Vanden Eynde. “Avec World PC, nous sommes plutôt l’intermédiaire qui met en contact les entreprises actives dans le secteur du recyclage avec des organisations locales ou non qui veulent s’attaquer au problème des e-déchets.”

“De notre étude de faisabilité, il apparaît que compte tenu du volume total, jusqu’à 80 pour cent des déchets peuvent être traités sur place dans des centres comme celui que nous avons inauguré aujourd’hui. Autrement dit, il n’est pas nécessaire de réexpédier des PC complets en Europe. Le cuivre qui est recyclé en Afrique, peut servir de matière première pour l’industrie de recyclage locale. Les 20 pour cent restants (surtout les cartes mères) ne peuvent être traités de manière valable par les petites entreprises locales. Ces composants, nous devons provisoirement les ramener en Europe.”

Le directeur a calculé que le traitement d’un PC conformément aux prescriptions de l’UE revient à 10 euros. “Ce montant peut sembler élevé, mais comme nous nous trouvons encore en phase de démarrage, les volumes sont encore faibles. Notre façon de travailler sera assurément plus efficiente, lorsque nous traiterons de gros volumes.”

Entre-temps, un premier conteneur rempli de cartes mères est du reste prêt dans le port de Mombasa à être expédié vers Anvers pour le traitement final chez Umicore. “Il y a pas mal d’intérêt pour WorldPC”, ajoute-t-il encore. “Pour ce projet pilote, nous avons pu récolter 50.000 euros surtout auprès de donateurs néerlandais, ce qui représente un traitement de 5.000 ‘assets’ (unités centrales, ordinateurs portables, écrans ou imprimantes). Les premiers certificats e-waste sont donc déjà distribués.”

Union africaine A terme, l’objectif est que WorldPC devienne totalement indépendante de Close the Gap. Ses initiateurs souhaiteraient que leur a.s.b.l. devienne une plate-forme globale par le truchement de laquelle les a.s.b.l. nationales et les ONG internationales puissent dialoguer avec les autorités et les entreprises IT.

“Nous sommes prêts à accueillir de nouveaux membres d’autres pays”, poursuit Vanden Eynde. “Et dès que WorldPC aura atteint une certaine maturité, nous pourrons larguer les amarres. L’on pourra peut-être évoluer alors dans le sens d’un véritable programme de type STEP (Stop The E-waste Problem) des Nations Unies. STEP consacre beaucoup d’attention à l’aspect théorique du problème des e-déchets, alors qu’avec WorldPC, nous privilégions le concret et le pragmatique. Nos expériences, nous pourrons alors les transmettre aux Nations Unies à des fins ultérieures de concertation et de collaboration.”

Le directeur ne passe pas sous silence le fait qu’il souhaite influencer la législation locale avec sa nouvelle création. “En Europe, cela a également pris des années, avant que la directive WEEE (Waste Electrical and Electronic Equipment Directive) soit entièrement convertie en une loi nationale. Avec comme résultat qu’une instance comme Recupel est aujourd’hui légalement obligée de travailler conformément aux principes WEEE. C’est ce que nous visons également en Afrique. Pourquoi les législateurs locaux ne pourraient-ils pas contraindre les importateurs de matériel IT de prévoir de l’argent pour le recyclage? Ou pourquoi l’Union africaine ne pourrait-elle pas reprendre le projet WorldPC à son compte, une fois qu’il aura démontré son utilité?”

Recupel Recupel, l’entreprise qui, dans notre pays, est responsable de l’enlèvement et du traitement des appareils électroniques usagés, a décidé la semaine dernière d’officialiser sa collaboration avec World PC. Dans les années à venir, l’organisation jouera un ‘rôle de support actif’ au sein du projet d’e-déchets de Close The Gap. “Plus concrètement, nous allons mettre deux personnes au travail à Bruxelles en vue de collecter des fonds et de distribuer des certificats e-waste”, explique Peter Sabbe, CEO de Recupel. “Nous allons également promouvoir activement World PC auprès des fabricants d’ordinateurs et allons aider Olivier avec des dispositifs de bureau et RH.” Sabbe aimerait à terme voir se créer en Afrique une industrie de recyclage autofinancée, qui soit adaptée aux besoins et aux desiderata de l’Union Est-Africaine.

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