Jo Lernout se tourne vers la Chine

Stefan Grommen Stefan Grommen est rédacteur de Data News.

Le service d’informations mobile ‘MiaMia’ sera d’ici quelques mois introduit sur le marché chinois, à l’initiative de Jo Lernout, comme il l’a expliqué en marge du Wireless Enterprise Symposium d’Orlando. “Le contrat avec l’opérateur télécoms est déjà conclu, et nous sommes donc dans la ligne droite d’arrivée.”

Le service d’informations mobile ‘MiaMia’ sera d’ici quelques mois introduit sur le marché chinois, à l’initiative de Jo Lernout, comme il l’a expliqué en marge du Wireless Enterprise Symposium d’Orlando. “Le contrat avec l’opérateur télécoms est déjà conclu, et nous sommes donc dans la ligne droite d’arrivée.”

Nous avons d’abord eu du mal à en croire nos yeux, mais à y regarder de plus près, c’était bien Jo Lernout qui se trouvait là en train de griller une cigarette dans la chaleur torride, comme pour se calmer d’une journée très agitée. Il est un fait que sa création, MiaMia, rencontre pas mal d’intérêt à Orlando.

MiaMia capitalise sur l’idée du projet Sofia développé en son temps chez Lernout & Hauspie (LHSP). Sofia était l’acronyme de ‘Society of Intelligent Assistants’ et devait définitivement faire connaître LHSP dans le monde. Le but était d’offrir aux gens un accès aisé à un éventail de services internet via un appareil sans fil spécial. Lorsque le scandale éclata en 2000, le projet Sofia fut mis aux oubliettes.

Contrairement à Sofia, MiaMia fait la part belle aux GSM et aux téléphones intelligents (smartphones). Les utilisateurs posent une question par SMS, message vocal ou e-mail et reçoivent en principe une réponse quelques secondes plus tard. Où puis-je trouver un bon restaurant grec à Bruxelles? Que signifie le terme convergence? Quelle sera la température à Orlando demain? L’utilisateur pose la question, et MiaMia répond.

“Nous exploitons un traitement de texte développé sur mesure par un ensemble de chercheurs sous la direction du spécialiste australien Vadim Berman”, explique Lernout. “La question est automatiquement coulée dans un SQL, avant d’être décomposée sémantiquement. De cette information, le programme tire les éléments-clés pour la réponse correcte. Cela se passe de manière entièrement automatique, à moins que la question ne soit vraiment trop compliquée. Dans ce cas, ce sont les agents du centre d’appels situé aux Philippines qui s’en occupent.”

MiaMia a depuis un petit temps déjà pu être testé en Belgique, Grande-Bretagne, Australie, Canada, Hong Kong et aux Philippines, mais son lancement officiel se fera encore un peu attendre. Provisoirement, le service ne fonctionne qu’en anglais, mais bientôt, les versions française et néerlandaise devraient être prêtes. Et une version chinoise est prévue pour la fin 2009.

“En Chine, nous deviendrons une sorte de 1207 local”, poursuit Lernout. “L’accord à long terme conclu avec un opérateur télécoms en vue est conclu, mais nous ne l’ébruiterons que quand tous les tests seront terminés et que nous commencerons à faire du volume. Ce qui est intéressant, c’est que nous avons créé nous-mêmes une traductrice sémantique chinois-anglais, ce qui s’avéra prépondérant pour les Chinois.”

Le fait qu’une peine de prison plane encore et toujours au dessus de la tête de l’ex-patron de LHSP ne lui fait ni chaud ni froid. Il est clairement à l’aise parmi les 5.000 fans de BlackBerry réunis à l’occasion de cette fête d’anniversaire de RIM. Le feu sacré brûle toujours.

“Il a été facile de trouver des investisseurs”, poursuit-il. “Un petit groupe d’une quinzaine de Flamands a investi 1 million d’euros dans MiaMia. Ces personnes croient en nous, et cela fait plaisir.” Voilà qui est quand même étonnant car Lernout n’est-il pas après tout l’homme qui, après la débâcle LHSP, s’en est allé aux Philippines où il a accumulé les fiascos? “La vente de chocolat et de jouets en peluche, ce n’est pas ma tasse de thé”, soupire-t-il. “Je suis donc revenu les deux pieds sur terre. Mais MiaMia, j’y mets tout mon coeur et toute mon âme. Je m’en occupe jour et nuit.”

Pour l’instant, Lernout jouit du bénéfice du doute. La jeune entreprise belge (qui opère au départ de Hong Kong) dispose quand même de son propre petit stand au principal événement BlackBerry au monde, et son application test est intensivement téléchargée par le public présent. Votre serviteur a pu constater de visu que MiaMia semble à première vue fonctionner.

“Nous procédons ici à une bande-annonce pour le BlackBerry”, ajoute encore un Lernout enthousiaste. “D’ici trois mois, les utilisateurs pourront réellement télécharger l’application. En outre, nous l’avons aussi étendue tout spécialement pour RIM. C’est qu’elle permet aussi de dicter et de faire suivre les courriels. Aussi longtemps que la reconnaissance vocale n’est pas encore tout à fait au point, nous travaillerons cependant avec le centre d’appels. Nos filles aux Philippines saisissent le message et l’ordinateur l’envoie vers l’adresse e-mail ad hoc.”

Reste à savoir comment Lernout va s’en tirer financièrement car il occupe déjà 100 personnes, et ses rentrées sont provisoirement encore nulles. “Comme nous pourrons répondre en partie automatiquement aux questions de type 1207, les coûts diminueront pour les opérateurs intéressés. Le but est que nous engrangions une partie du bénéfice ainsi réalisé.”

La publicité ciblée est une autre piste, mais sur ce plan, aucun annonceur n’a encore été trouvé. “Nous avons déjà signé les premiers contrats et avons pas mal de prospects en vue. Ce n’est pas rien. Nous avons déjà un client en Belgique. Nous ne pouvons qu’espérer que d’ici six mois, nous serons réellement opérationnels. Ce n’est qu’ensuite que le projet nous rapportera de l’argent.”

http://www.mymiamia.com

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