Le secteur belge de la XR (eXtended Reality) gagne progressivement en maturité. Les avancées en matière de matériel IT et d’IA rendent les projets de réalité virtuelle et augmentée plus utiles et tangibles, ce qui contribue également à la croissance du secteur, même si celui-ci reste encore relativement modeste.
Voilà ce qui ressort d’un rapport de l’agence-conseil Deloitte, en collaboration avec XR Valley, que Data News a pu consulter. Les deux organisations ont cartographié conjointement le secteur XR belge et ont interrogé 65 acteurs et leurs activités.
Ce qui est frappant, c’est que ces derniers se concentrent principalement sur les logiciels. 57 pour cent se focalisent sur les logiciels sur mesure, 48 pour cent sur la consultance, 45 pour cent sur des solutions de formation et 35 pour cent fournissent des plateformes logicielles.
‘Dix-sept pour cent indiquent travailler également avec du hardware, mais généralement dans des niches. Le potentiel réside clairement dans les logiciels, souvent à des fins de formation’, explique Thomas Kubski, Director Digital Strategy & Immersive Experience chez Deloitte Digital. ‘Nous constatons aussi que la réalité mixte peut apporter une valeur ajoutée au prototypage et aux simulations.’
26 pour cent des acteurs travaillent uniquement en Belgique. 74 pour cent desservent également des clients à l’étranger.
Lorsqu’on les interroge sur les secteurs les plus importants où les entreprises XR sont actives, l’enseignement/la formation et le monde universitaire sont cités, tout comme les secteurs culturels et créatifs. La santé et les sciences de la vie, ainsi que l’industrie et la fabrication, sont également des secteurs importants à prendre en considération.
Un exemple où la XR peut apporter une valeur ajoutée dans notre pays, est le déploiement d’employés pour des tâches qui nécessitent normalement des ingénieurs davantage formés ou plus expérimentés.
‘Dans le cadre d’un projet d’assemblage complexe nécessitant des ingénieurs qualifiés titulaires d’un master, assistés par un second ingénieur à des fins de supervision, il est désormais possible de confier le travail à un collaborateur moins qualifié à l’aide d’un casque Apple Vision Pro. Cette personne reçoit un overlay, détermine ce qu’il faut sortir de la boîte et sa mise en œuvre. Le contrôle de qualité est également prévu, donnant le feu vert, lorsque tout est correctement réalisé. Cela permet un assemblage beaucoup plus rapide dans un environnement de production’, explique Kevin Van der Plas, partner chez Deloitte Digital.
Un marché d’au moins 40 millions d’euros
En termes de taille, la plupart des entreprises XR sont des startups ou des PME (49 et 39 pour cent). La plupart, 55 pour cent, emploient entre une et cinq personnes. 28 pour cent occupent entre cinq et dix personnes. 15 pour cent emploient entre dix et cinquante personnes, et 2 pour cent des répondants possèdent plus de 250 personnes à temps plein.
La plupart des entreprises du secteur sont situées en Flandre, représentant 67 pour cent du marché. Bruxelles et la Wallonie représentent respectivement 8 et 25 pour cent du marché.
L’étude de Deloitte ne se concentre pas sur la taille du marché. ‘Mais nous l’évaluons, moyennant quelques extrapolations, à quelque 40 millions d’euros, bien qu’il s’agisse probablement d’une estimation prudente.’ Les 65 entreprises examinées génèrent principalement leur chiffre d’affaires grâce à la réalité étendue. Pour l’ensemble du secteur, l’étude a identifié 266 firmes, y compris des entreprises individuelles et des indépendants travaillant avec cette technologie.
L’étude révèle que la plupart des entreprises XR (65 pour cent) réalisent un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 250.000 euros. Seulement 10 pour cent d’entre elles atteignent un chiffre d’affaires d’un million d’euros ou plus.

En termes de croissance, 60 pour cent des entreprises interrogées prévoient une croissance de leur chiffre d’affaires comprise entre 1 et 10 pour cent cette année. Les autres affirment que leur croissance sera supérieure.
En route vers la valeur ajoutée
Bien que la réalité virtuelle et la réalité augmentée existent sous leur forme actuelle depuis plus de dix ans, le secteur reste jeune, et il n’est certainement pas trop tard pour s’y lancer. ‘La première entreprise belge a été fondée il y a vingt ans déjà, mais il existe aujourd’hui de nombreux appareils de réalité mixte, l’Apple Vision Pro étant le meilleur exemple de ce qui est possible’, explique Kubski.
Le secteur XR a enregistré 60 pour cent de nouveaux acteurs entre 2015 et 2020. Chaque année, 17 pour cent de nouvelles entreprises viennent s’ajouter.
Van der Plas: ‘Dans le Gartner Hype Cycle, on atteint progressivement le point d’émergence de la valeur ajoutée. Ce que nous voyons sur le marché aujourd’hui, ne concerne plus le métavers. La XR est bien plus qu’un métavers de nos jours.’
Cela contraste avec l’Hololens, dévoilé il y a dix ans déjà par Microsoft, qui fut la première à se concentrer sur la réalité augmentée. Kubski: ‘L’Hololens était clairement un produit B2B, alors que l’Apple Vision Pro, malgré son prix, est destiné à un usage professionnel et grand public. Mais cet appareil offre bien plus que l’Hololens.’
Interrogées sur ce que le secteur a besoin pour pouvoir croître, les entreprises belges du secteur XR souhaitent avant tout une plus grande visibilité. ‘De nombreuses entreprises veulent s’engager dans la XR, mais il y a encore pas mal de marge entre cet intérêt et l’action’, explique Kubski.
Le fait que tous les regards se soient tournés vers le métavers, il y a quelques années, souvent en combinaison avec des casques de réalité virtuelle, n’a pas arrangé les choses. ‘A l’époque, il y eut de nombreux projets associant souvent des technologies, mais avec des résultats discutables. Cela a suscité davantage de réticences. Aujourd’hui, avec la réalité mixte pure, nous voyons émerger davantage d’applis à forte valeur ajoutée.’