Le bureau américain d’études et de conseils Gartner présente son rapport annuel Hype Cycle for Emerging Technologies, qui ébauche un avenir (proche?) sur base d’une automatisation toujours plus poussée.
Le Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies distille des notions provenant de plus de 2.000 technologies dans une liste succincte d’innovations qui pourraient grandement impacter les deux à dix prochaines années. Quoi de plus logique donc que chaque fois, de nombreux CIO et dirigeants (numériques) étudient à la loupe ce rapport, car il offre une sorte de structure de contrôle des technologies émergentes et de prévision de leur impact. Cette année, le Hype Cycle est entièrement placé sous le signe de ce que Gartner appelle l’‘autonomous business era’, une ère durant laquelle l’IA et l’automatisation vont refondre les règles du jeu: non seulement sur le plan de la concurrence et des opérations, mais aussi sur celui du leadership.
‘Autonomous business’
Pour Gartner, les choses sont claires: l’‘autonomous business’ – appelons cela la gestion d’entreprise sur pilotage automatique – est en train de percer. Nous nous trouvons devant une nouvelle ère qui sera pilotée par des technologies comme les agents d’IA d’un côté, mais aussi des clients bot (‘machine customers’) de l’autre, qui achèteront de manière semi-automatique avec de l’argent programmable (‘programmable money’).
‘Programmable money’ et ‘machine customers’
Ce type d’argent programmable concerne chaque forme de monnaie numérique, dont le fonctionnement est déterminé par logiciel sur base de critères algorithmiques, comme une chaîne de blocs avec des jetons et des contrats intelligents. Les analystes y voient même un nouveau moteur économique, car dans ce scénario, les ‘machine customers’ font appel à cet argent programmable. Pour Gartner, les ‘machine customers’ ce sont, par souci de clarté, des commerçant non humains qui achètent des biens ou des services au nom de personnes ou d’organisations: des clients bot donc. Le bureau d’études estime qu’à présent déjà, trois milliards de machines B2B connectées peuvent servir des clients bot, et il s’attend à ce que ce nombre passe à huit milliards en 2030. Exemples? Pensez aux assistants personnels virtuels, aux appareils électroménagers intelligents, aux voitures connectées ou aux machines d’usine équipées de l’IoT qui commandent leurs propres pièces.
Arrêtons de parler de transformation numérique
Marty Resnick, VP Analyst chez Gartner, voit également l’émergence d’une nouvelle ère: ‘Après des années de transformation numérique, les organisations sont aujourd’hui confrontées à de nouvelles perturbations, à présent que l’IA et l’automatisation remodèlent la concurrence, les clients, les produits, les opérations et le leadership. A l’ère de la nouvelle ‘autonomous business era’, les CIO doivent évaluer comment les technologies émergentes peuvent fournir un avantage concurrentiel, ou conduire à une plus grande efficience ou à de nouvelles opportunités de croissance. Selon l’analyste, les clients bot joueront un rôle important dans des secteurs tels que la fabrication, la vente au détail et les biens de consommation, et offriront de nouvelles opportunités de revenus et d’efficience. ‘Les organisations doivent donc redéfinir leurs modèles commerciaux dès maintenant, sinon elles risquent d’être laissées pour compte’, ajoute M. Resnick.
Agents d’IA
Les agents d’IA sont étroitement liés à ce concept. Ces systèmes peuvent percevoir leur environnement, prendre des décisions et entreprendre des actions pour atteindre leurs objectifs définis de manière (partiellement) indépendante. En exploitant de grands modèles de langage (LLM), les entreprises peuvent automatiser des tâches de plus en plus complexes dans des domaines tels que le service clientèle, l’analyse de données et la logistique. L’IA agentique est peut-être le mot à la mode en matière IT en 2025, il n’empêche que la confiance dans ces agents reste une question épineuse. C’est ainsi qu’on s’inquiète de leur prévisibilité et de l’exactitude de leurs actions. Sans surveillance humaine, il y a le risque qu’un agent d’IA prenne des décisions importantes, avant que quiconque ne s’en aperçoive. Gartner conseille donc aux organisations d’inclure aussi les capacités et les applications des agents d’IA dans leur planification stratégique.
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Décisions plus intelligentes
‘L’engouement autour de l’IA agentique et de l’IA générative, la pression des règlements sur automatisation de la prise de décision, et la récente incertitude mondiale ont exposé les faiblesses des processus métier traditionnels, déclare Christian Stephan, Senior Director Analyst chez Gartner. ‘Les organisations exigent désormais des processus de prise de décision qui non seulement offrent rapidité et qualité, mais qui sont également cohérents, conformes, rentables et capables de faire face à la complexité et aux changements’, estime-t-il. L’automatisation accrue impose donc des exigences plus élevées en matière de qualité de la prise de décision. Le cabinet d’analystes conseille donc aux CIO et aux chefs d’entreprise de garder à tout le moins un œil attentif sur toutes ces tendances dans les technologies émergentes – ou mieux encore, de commencer à y travailler dès maintenant.
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