Hoofdzetel BYD
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En visite chez la firme chinoise BYD: des voitures électriques, mais aussi des smartphones et des tablettes

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

On apprend aujourd’hui seulement à connaître BYD (‘Build Your Dreams’) en Europe en tant que fournisseur de voitures personnelles électriques, mais l’entreprise est en réalité active depuis beaucoup plus longtemps sur plusieurs fronts. Data News s’est rendu récemment dans son siège principal situé dans la ville chinoise de Shenzhen.

Vous ne le savez peut-être pas, mais pas mal d’autobus et de camions de la marque chinoise BYD circulent en Europe. Les autobus entièrement électriques roulent entre-temps déjà dans plus de 20 pays et dans 100 grandes villes européennes. C’est ainsi qu’à Londres, 7 autobus sur 10 de Transport for London (TfL) proviennent de BYD.

Ou peut-être le saviez-vous déjà, mais vous ignoriez par contre que BYD avait ouvert une première filiale en dehors de la Chine en 1998 déjà, plus exactement aux Pays-Bas. L’entreprise se focalisait à l’époque exclusivement sur la technologie des batteries. A présent, BYD a évolué d’une firme relativement inconnue en Europe à l’une des marques de pointe en matière de nouveaux véhicules énergétiques, y compris des voitures particulières.

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Quelques membres du personnel de BYD ont invité Data News à rendre visite au siège central chinois de l’entreprise à Shenzhen. Comme nous n’avions nous-mêmes pas sollicité de visite presse officielle, il a fallu quelque temps pour lever les obstacles et obtenir les badges d’accès. Cela n’a guère ému nos hôtes prévenants, qui nous expliquèrent de manière enthousiaste pourquoi ils avaient opté pour faire carrière chez ‘Build your Dreams’, dont l’acronyme BYD signifie en fait: innovation, opportunité de se distinguer et travailler pour ce qu’ils considèrent pas moins comme l’une des entreprises qui font la fierté nationale de la Chine. Notre guide habitait même sur le campus où quasiment 60.000 personnes travaillent sur les 600.000 employés que compte BYD au niveau mondial. Le campus se compose en partie de sites de production et par ailleurs aussi de showrooms, d’espaces de réunion et de très nombreux bureaux nécessaires. Tout cela représente 2,3 kilomètres carrés en tout, nous a-t-on expliqué. Tout autour du campus circule un monorail de plus de 4 kilomètres de longueur pour permettre aux membres du personnel d’effectuer les navettes. Un train autonome en quelque sorte. Ce SkyRail est en même temps aussi un showcase de ce que peut faire et commercialiser BYD en plus des voitures électriques. Voilà en quoi la marque se distingue actuellement toujours plus en Europe en général et à coup sûr dans notre pays en particulier.

De la batterie à la voiture

‘Mais ce n’est que depuis 2021 que BYD mise sur les voitures électriques: avant cela, elle ne proposait que des véhicules commerciaux’, explique notre guide. Son appellation ne peut être associée à une quelconque citation, puisqu’il n’était pas question d’un visite officielle et que notre guide n’avait pas l’habilitation pour parler avec la presse. ‘En 1995, BYD se concentrait exclusivement sur le développement d’accus au Lithium-Ion pour les GSM de Motorola. C’est en 2003 qu’elle fit le pas vers l’industrie automobile avec donc, dans un premier temps, uniquement des véhicules commerciaux, mais les batteries sont toujours restées notre cœur de métier’, ajoute-t-il. Une fois la connaissance de la voiture électrique parfaitement maîtrisée, le plan fut d’y capitaliser et de construire ses propres véhicules. A présent encore, BYD continue de miser sur l’amélioration et l’innovation des batteries. En 2020, l’entreprise présenta la première version de sa Blade Battery, qui fut la première à être incorporée dans le Han, le modèle Sedan porte-drapeau de l’époque.

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Il ne s’agit – et de loin – pas seulement d’innovation en termes de capacité ou de portée, mais aussi de sécurité. Lors de notre visite, nous sommes passés par un espace hermétiquement clos: une configuration de test, où des clous sont enfoncés dans une batterie électrique. Avec une batterie au lithium traditionnelle, cette opération produirait à coup sûr une combustion chimique dégageant des températures particulièrement élevées: le genre de combustion qu’il est si difficile d’éteindre dans une voiture électrique. Une Blade Battery semble nettement moins sujette à combustion ou explosion, même en cas de sérieux dommages comme l’enfoncement d’un clou ou d’une torsion.

Au-delà des voitures

BYD Dolphin. © KVdS/DN

A présent, les voitures au sein du groupe BYD représentent quasiment 80 pour cent du chiffre d’affaires clôturé à 60 milliards d’euros en 2022. L’été dernier, le cinq millionième exemplaire est sorti de la chaîne de montage. En Chine, BYD est l’une des 94 marques, mais avec une part de marché de 11 pour cent, elle en est l’acteur principal. En Europe également, la part de marché des constructeurs chinois croît progressivement, et BYD semble bien décidée à s’emparer d’une grande partie de ce marché: ce n’est pas un hasard si de nouveaux concessionnaires ouvrent leurs portes dans notre pays avec la régularité d’une horloge. ‘L’année dernière, nous avons vendu plus de 55.000 voitures en dehors de la Chine et cette année, nous en sommes déjà à plus de 100.000 exemplaires’, ajoute notre guide. En Europe, cinq modèles de BYD sont commercialisés: de la catégorie moyenne jusqu’au SUV compact et à la Sedan. L’un des employés qui nous accompagne, se veut même lyrique à propos du modèle Dolphin qu’il conduit. ‘29.000 euros est le prix de base de la voiture familiale Dolphin la plus économique’, précise le guide. Ajoutez-y quelques milliers d’euros pour atteindre une portée de 400 kilomètres.  

Flotter sur l’eau pendant une demi-heure

Présenté de manière proéminente dans le showroom, voici l’U8 Premium Edition qui devait être officiellement annoncé le lendemain de notre visite: il s’agit d’un grand tout terrain à la fois luxueux et puissant, qui vise le segment de classe supérieure avec un prix avoisinant les 150.000 euros. ‘Ses moteurs électriques continuent de fonctionner même sous l’eau. Sur l’eau, le tout terrain flotte pendant une demi-heure’, déclare notre guide en riant. Un peu plus loin dans le showroom, nous apercevons aussi le Benza D9: un sept-places luxueux que BYD a mis au point en collaboration avec la marque automobile allemande Daimler. Le guide sait qu’il sera aussi commercialisé en Europe, mais il ne peut pas nous fournir d’autres informations. Ou cela lui est-il interdit?

BYD U8. © KVdS/DN

Ce qu’il souhaite cependant encore révéler à la fin de la visite, c’est que de nombreuses voitures de BYD sont vendues en Europe à des prix quasiment deux fois supérieurs à ceux pratiqués en Chine. Une raison pour la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de mener une enquête à propos d’une éventuelle concurrence déloyale. ‘Dans le monde, les marchés sont submergés de voitures électriques chinoises plus abordables. Les prix de ces voitures sont maintenus artificiellement bas à cause de subsides d’Etat. Cela perturbe notre marché. L’Europe est ouverte à la concurrence. Mais pas à une course en profondeur’, a déclaré von der Leyen récemment encore dans son ‘Etat de l’Union’ annuel.

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Notre guide prévenant n’a clairement pas envie de réagir à cette polémique. ‘Chaque pays ne protège-t-il pas simplement ses propres industries?’, nous lance-t-il encore, alors que nous pénétrons dans le monorail pour nous emmener vers la sortie. Parmi les travailleurs qui viennent de terminer leur pause, il explique encore que BYD envisage de devenir également en Europe un puissant acteur dans le domaine des voitures particulières. En Europe, BYD dispose déjà d’un site de production en Hongrie. Cette année encore, un nouveau site de production européen devrait être annoncé, spécifiquement pour les voitures électriques: c’est là sans aucun doute un élément qui va jouer dans le débat sur les subsides.

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Smartphones, tablettes, électronique et composants

Lors de notre visite, notre guide nous a également expliqué que quasiment tous les composants des voitures sont produits entièrement en interne. Pour certains d’entre eux comme le ‘personal entertainment system’ équipant l’un ou l’autre modèle, BYD collabore avec d’autres entreprises chinoises, telles qu’Huawei. Il existe du reste d’autres similitudes encore avec Huawei. Tout comme ce groupe, BYD possède en effet quelques filiales aux activités diversifiées. Tel est le cas de BYD Electronics par exemple qui est l’un des principaux fournisseurs de composants et d’électronique pour les smartphones d’Oppo et d’Honor (Huawei) notamment. Mais BYD Electronics est aussi l’un des ‘fournisseurs-clés’ d’Apple. C’est ainsi que d’après une rumeur, quasiment la moitié des composants d’un iPad provient de BYD. Il y a plus d’un mois, on apprenait encore que BYD avait racheté plusieurs usines chinoises dirigées par Jabil: un fabricant américain qui compte… Apple au nombre de ses principaux clients. Autrement dit, l’interdiction commerciale chinoise pour les firmes technologiques américaines n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît.

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