Workday répond aux préoccupations européennes en matière de données et se tourne à présent aussi vers le marché intermédiaire

Carl Eschenbach, CEO de Workday.
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Le géant américain de l’ERP Workday souhaite accélérer sa croissance en Europe en éliminant deux obstacles cruciaux. Avec un nouveau cloud souverain, l’entreprise promet de maintenir les données à l’intérieur des frontières de l’UE, tandis qu’une offre simplifiée devrait ouvrir la porte aux entreprises de taille moyenne.

Pour les fournisseurs de cloud américains, le marché européen reste un défi: c’est le moins qu’on puisse dire. Des réglementations strictes, comme la prochaine loi européenne sur les données (EU Data Act), et des tensions géopolitiques obligent les CIO et les décideurs IT à examiner de manière plus critique l’emplacement exact de leurs données et qui y a accès. Workday, qui célèbre cette année son 20ème anniversaire mondial et est active dans la zone EMEA depuis 17 ans déjà, ressent également cette pression. L’entreprise y réagit désormais en proposant son propre EU Sovereign Cloud. Le fournisseur espère ainsi accélérer sa croissance européenne avec la promesse de conserver les données de l’entreprise à l’intérieur des frontières de l’UE.

Il s’agit d’un environnement cloud entièrement situé en Europe. Tant le stockage des données que les services de support, y compris l’accès aux centres de données et le traitement par l’IA, sont gérés exclusivement par du personnel au sein de l’UE. L’entreprise répond ainsi à la réalité selon laquelle plus de quatre-vingts pour cent des dirigeants d’entreprise considèrent désormais la souveraineté des données comme une priorité stratégique. Workday doit fournir aux clients l’assurance que leurs données ne quitteront jamais la région, ce qui est essentiel pour les organisations du secteur public et pour les industries (strictement) réglementées. Ce qui est étonnant, c’est que Workday s’appuie dans ce but sur l’infrastructure d’AWS, laquelle développe depuis un certain temps déjà des solutions cloud souveraines pour le marché européen. Cependant, les clients doivent faire preuve de patience: la solution de Workday ne sera disponible qu’en 2026.

Focus sur le marché intermédiaire

En plus de défendre le marché des entreprises, Workday recherche désormais aussi de manière plus agressive une nouvelle croissance dans le segment des entreprises de taille moyenne. C’est un segment de marché où les systèmes hérités et les processus fragmentés prévalent encore souvent. Pour abaisser le seuil d’accès, l’entreprise lance désormais Workday GO. Ce package devrait combiner des solutions RH, paie et financières avec un temps de mise en œuvre plus rapide. Le CEO de Workday, Carl Eschenbach, a souligné lors du discours d’ouverture de la conférence Rising à Barcelone que Workday GO est destiné à desservir des entreprises de toutes tailles, des associations à but non-lucratif et des gouvernements du monde entier. C’est un investissement pour aider les entreprises à faire tourner Workday ‘de façon encore plus rapide et fluide’.

Cette offre simplifiée utilise des agents d’IA spécifiques pour guider le processus de configuration. Workday se targue que ce ‘deployment agent’ est à même de réduire le temps de déploiement jusqu’à 25 pour cent. ‘Les organisations de taille moyenne sont à présent souvent contraintes de choisir entre une technologie puissante et une simplicité pratique’, explique Max Wessel, senior vice president of growth chez Workday, ‘Workday GO devrait changer cela.’ Ici aussi, l’entreprise déploie progressivement sa feuille de route: la disponibilité complète n’est pas prévue avant février pour des marchés comme l’Allemagne et la France. On ignore si et quand la Belgique suivra. On pourrait peut-être le savoir dans les prochains jours, car Data News suit également la conférence Workday Rising à Barcelone.

Un appel ferme en vue d’adopter pleinement l’IA

Le CEO Carl Eschenbach a lancé un appel ferme lors de la conférence – avec plus de 6.000 participants le plus grand EMEA Rising de l’histoire -, pour qu’on adopte pleinement l’IA, qu’on mette de côté nos peurs et préjugés et qu’on conçoive ensemble ‘the new work day’. Selon Eschenbach, il est crucial de changer le discours autour de l’IA: ‘L’un des problèmes qu’on rencontre aujourd’hui, c’est est que le discours s’arrête toujours aux gains d’efficience et au retour sur investissement. Mais ensuite, que voit-on? Que la confiance entre la direction et les employés est compromise. La première question que se posent les employés est en effet la suivante: ‘Que va devenir mon travail? Il faut changer cela. Et réfléchir à la manière dont on peut utiliser les gains d’efficience et les ressources opérationnelles que nous tirons de technologies comme l’IA pour stimuler la croissance. L’IA est une histoire de croissance’, a déclaré Eschenbach, qui a présenté quelques chiffres du forum économique mondial. ‘D’ici 2030, le FEM prévoit que l’IA créera 11 millions d’emplois. Et au cours des cinq mêmes années, près de 80 millions d’emplois seront créés en raison de l’impact de l’IA sur les entreprises et sur nous, en tant qu’individus’, a-t-il ajouté. ‘C’est une toute autre histoire que de parler de pertes d’emplois, et ce n’est pas nouveau. Pensez simplement à ce qui s’est passé, lorsque le commerce électronique a émergé. A l’époque, on imaginait aussi que des emplois seraient perdus suite à la disparition de magasins, mais regardez tous les nouveaux emplois qui ont été entre-temps créés.’

IA: des tâches individuelles aux flux de travail

Selon Eschenbach, il incombe aux CIO, aux responsables RH et de la finance de s’assurer que l’IA renforce le potentiel humain, et non le remplace. La technologie devrait se concentrer sur l’automatisation des ‘end-to-end workflows’ et pas seulement sur les tâches individuelles. C’est ainsi qu’il a également défini le thème central de la conférence.

© KVdS/DN

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