Selon une étude du MIT, notre cerveau fonctionne moins bien à cause du ChatGPT

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Pieterjan Van Leemputten

Une étude du MIT montre que notre cerveau établit moins de connexions, lorsque nous utilisons des outils d’IA comme ChatGPT. La plupart des personnes testées ne peuvent même pas se souvenir de ce qu’elles ont écrit peu auparavant.

Dans le cadre de cette étude (Vous pouvez télécharger le document complet ici), l’université américaine a demandé à trois groupes de 54 sujets d’effectuer diverses tâches d’écriture. Un premier groupe a réalisé ces tâches de mémoire. Un deuxième groupe a été autorisé à utiliser Google comme moteur de recherche pour effectuer des recherches. Et un troisième groupe a pu utiliser un LLM, en l’occurrence ChatGPT.

Pour observer la réaction de notre cerveau à l’utilisation de ces outils, des signaux EEG ont été mesurés, et les personnes testées ont ensuite été interrogées. Il en ressort clairement que le groupe ayant utilisé ChatGPT a établi beaucoup moins de connexions cérébrales que les deux autres groupes.

‘La connectivité cérébrale a systématiquement diminué en fonction du volume de soutien externe: le groupe ayant travaillé de mémoire présentait les réseaux les plus forts et les plus étendus’, indique l’étude. ‘Le groupe ayant utilisé un moteur de recherche afficha un engagement moyen. Et le groupe ayant bénéficié d’un soutien LLM a affiché l’engagement le plus faible à tous niveaux.’

L’étude a été dirigée, entre autres, par Nataliya Kosmyna et Eugene Hauptmann du MIT. La professeure belge Pattie Maes y a également contribué. Il convient toutefois d’apporter ici la nuance, selon laquelle il s’agit d’une version préliminaire. Cela signifie que l’étude n’a pas encore été publiée dans une revue scientifique et n’a pas encore été soumise à un examen par des pairs.

A peine un souvenir

Les interviews relatives à l’épreuve d’écriture révèlent également à quel point nous avons du mal à mémoriser les choses, lorsque nous laissons un LLM réfléchir à notre place. C’est ainsi que 83,3 pour cent des utilisateurs de ChatGPT n’ont pas pu citer ce qu’ils avaient écrit quelques minutes plus tôt. Pour les groupes ayant travaillé de mémoire ou avec un moteur de recherche, on en était en moyenne à 11,1 pour cent.

Egalement observable par la suite

Les trois groupes ont d’abord été testés trois fois chacun, avec un travail d’écriture, des mesures et un entretien. Il s’ensuivit un quatrième exercice où le groupe ayant utilisé un LLM (ChatGPT) en premier lieu dut effectuer un travail de mémoire. Et le groupe ayant initialement écrit un texte de mémoire dut le faire ensuite à l’aide de ChatGPT.

Le premier groupe (LLM-cerveau) présentait des connexions neuronales encore et toujours plus faibles. A l’inverse, le groupe qui devait initialement écrire de mémoire, avant d’utiliser ChatGPT (cerveau-LLM), se caractérisait par une activité cérébrale plus élevée, et les informations provenaient plus facilement de leur mémoire.

Moins critique et créatif

L’étude évoque ici une ‘dette cognitive’. Lorsqu’on s’appuie mentalement sur des systèmes extérieurs, cela remplace les processus cognitifs qu’on développe pour penser de manière indépendante. Bien que ce phénomène n’ait pas encore été étudié, les chercheurs craignent que cela rende les individus moins critiques et créatifs à long terme, et qu’ils deviennent également plus vulnérables à la manipulation.

Les chercheurs espèrent que leur étude pourra fournir un guide provisoire sur l’impact de l’IA sur nos capacités cognitives et sur l’impact pratique de la technologie sur les environnements d’apprentissage.

L’IA générative telle que nous la connaissons aujourd’hui, n’existe que depuis quelques années, mais elle gagne rapidement en popularité tant sur le lieu de travail que parmi les étudiants. Une étude Digimeter réalisée par l’imec plus tôt cette année a révélé que 68 pour cent des jeunes Flamands (18-24 ans) en sont des utilisateurs réguliers. Parmi les étudiants, on atteint même 72 pour cent. 13 pour cent se procurent même une version premium.

Ici aussi, le chercheur Lieven Demarez prévient qu’il faut apprendre à raisonner, à comparer les sources et à élaborer des arguments. Toutes des choses qu’un chatbot peut facilement faire pour vous, mais qui vous empêchent en même temps de les apprendre et de les appliquer par vous-même. L’étude du MIT confirme donc cette hypothèse.

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