Les PME européennes ne savent pas par où commencer avec l’IA

© Getty Images
Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Les petites et moyennes entreprises européennes reconnaissent le potentiel de l’intelligence artificielle, mais il y a beaucoup d’appréhension.

La vague de numérisation a beau se poursuivre sans relâche, pour de nombreuses PME, l’accélération technologique actuelle ressemble quand même plus à une barrière qu’à un tremplin. C’est du moins ce que montre une enquête à grande échelle effectuée par le groupe d’hébergement gantois team.blue auprès de plus de 8.200 entreprises dans plus de 30 pays.

De ce ‘Digital Maturity Report’, il ressort que le stress du choix et le manque d’expertise interne constituent les principales barrières. Plus de la moitié des répondants sont certes convaincus que l’IA peut offrir un avantage concurrentiel. Et bien que la volonté d’automatiser soit évidente, trente pour cent des dirigeants d’entreprise interrogés ne savent tout simplement pas quels outils utiliser. Pour un quart des répondants environ, le manque de compétences adéquates constitue le principal obstacle. Cette incertitude et ces obstacles se traduisent par une politique d’investissement prudente, dans laquelle les entrepreneurs craignent de devoir atteindre les limites de leur temps et de leurs ressources pour une éventuelle mise en œuvre.

Les valeurs établies tergiversent davantage

Le rapport révèle également une corrélation entre l’âge de l’entreprise et sa résistance à la nouvelle technologie. Alors que les jeunes entreprises et start-ups changent souvent plus rapidement, l’ordre établi se révèle tout particulièrement beaucoup plus rigide. Parmi les entreprises existantes depuis plus de dix ans, plus de soixante pour cent indiquent même qu’elles n’envisagent pas d’intégrer l’intelligence artificielle dans leur gestion.

30 pour cent des chefs d’entreprise interrogés ne savent tout simplement pas quels outils ils doivent utiliser.

Selon Claudio Corbetta, CEO de team.blue, le problème ne réside pas dans la motivation de ces entrepreneurs, mais bien dans la complexité de l’offre. ‘L’évolution rapide de la technologie, et de l’IA en particulier, fait que les petites entreprises ont du mal à suivre le rythme’, explique Corbetta. Il distingue aussi un écart au niveau de la compréhension et de la perception. Selon lui, l’écosystème actuel exige trop souvent un haut niveau de connaissances techniques, ce qui est particulièrement intimidant pour de nombreuses PME. Ce n’est que lorsque les outils deviendront plus conviviaux que la peur de l’inconnu cédera la place à un gain d’efficience.

Crise de confiance

En plus de la complexité, un manque fondamental de confiance joue aussi un rôle limitant. Près de la moitié des répondants indiquent qu’ils font moins confiance au travail effectué par les algorithmes d’IA qu’aux tâches réalisées par des mains humaines. Les principales préoccupations concernent surtout la sécurité, la précision des résultats et l’impact potentiel sur l’image de la marque. Selon les recherches de team.blue, cette méfiance signifie que – malgré le battage médiatique – un quart des entreprises délaissent l’IA pour le moment.

Jonas Dhaenens, fondateur et président de team.blue, voit un autre défi spécifique à relever pour le marché belge. ‘Les PME belges reconnaissent clairement le potentiel des outils numériques et de l’IA, mais de nombreux entrepreneurs se demandent encore quelles solutions peuvent vraiment soutenir leur croissance’, explique Dhaenens. Et d’insister sur le fait que l’accent mis sur l’IA doit donc à présent surtout cibler la transparence et la simplicité, les entreprises belges ayant davantage besoin d’un accompagnement concret fiable et de clarté plutôt que d’outils en tant que tels.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire