Les absurdités de l’IA sont néfastes pour la productivité

© Getty Images
Els Bellens

Alors que de nombreuses entreprises adoptent, voire imposent, des robots d’IA à leurs employés, un nouveau défi apparaît pour ces derniers: déchiffrer et améliorer les absurdités ou autres déchets (‘workslop’) générés par l’IA qu’on leur sert.

Le contenu généré par l’IA, notamment les rapports, mails et mémos, pèse sur la productivité des employés. C’est ce qui ressort des résultats d’une étude à long terme menée par l’Université de Stanford et BetterUp Labs, publiée par la Harvard Business Review.

L’étude, menée auprès de 1.150 employés de bureau américains, a révélé que 40 pour cent d’entre eux avaient reçu des textes de mauvaise qualité produits par l’IA au cours du mois précédent. Ce ‘workslop’ est une version professionnelle de ce qui est appelé plus communément l’AI-slop. Pensez aux publicités générées par l’IA mettant en scène des célébrités, ou aux dessins informatiques inspirés du célèbre style du cinéaste Miyazaki. Ces contenus sont facilement identifiables comme faux et rarement créatifs ou utiles.

Dans un contexte professionnel, cela se traduit en outre par une charge de travail supplémentaire pour les collègues. En moyenne, les répondants à l’étude ont déclaré avoir dû consacrer une heure et 56 minutes à traiter chacun de ces textes workslop. Cela implique en effet d’en comprendre le sens, de vérifier l’exactitude des faits et, si nécessaire, de corrige, voire de réécrire carrément le texte. De ce fait, cette pratique revient à quelque 186 dollars par mois et par employé à l’entreprise. L’étude estime que pour les grandes organisations, cela peut coûter jusqu’à 9 millions de dollars par an en perte de productivité.

Moins confiance

S’il y a une chose qu’on peut retenir de cette étude, c’est qu’il est préférable de ne pas demander à ChatGPT de rédiger un rapport, puis de le transmettre à quelqu’un d’autre. Non seulement parce que cela coûte de l’argent à votre entreprise, mais aussi parce que vos collègues n’apprécieront pas. Quelque 42 pour cent des répondants ont indiqué trouver ce genre de contenu très agaçant, 38 pour cent étaient plutôt perplexes et 22 pour cent prenaient même cela comme un affront. Par ailleurs, la moitié des répondants environ ont également moins confiance aux expéditeurs de ‘workslop’ », les considérant comme moins compétents ou créatifs.

Les enquêteurs ont recensé le plus grand nombre de cas de ‘workslop’ dans les secteurs de la technologie, des soins de santé et des services professionnels (comme la consultance). L’étude souligne également que l’IA peut effectivement être utilisée pour peaufiner un travail bien fait, par exemple, mais recommande aux employés de ne pas l’utiliser pour générer des rapports dépourvus de contexte ou d’utilité. Ce faisant, ils enverraient en effet simplement du spam à leurs collègues.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Expertise Partenaire