Le Benelux ambitionne un rôle de terrain d’essai européen pour l’IA

Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Le Parlement du Benelux invite les gouvernements de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg à harmoniser leurs stratégies nationales disparates et à faire de la région une zone de test pour l’IA.

Alors que l’Union européenne travaille au déploiement pratique de l’AI Act, un appel à une collaboration plus étroite se manifeste au sein du Benelux. Suite à un débat thématique organisé en mai au Luxembourg, l’Assemblée interparlementaire du Benelux a élaboré une recommandation formelle. Le message adressé aux trois gouvernements est clair: fini de réfléchir chacun de son côté. Mais même si les trois pays y mettent du leur – avec le ‘Plan de convergence belge pour l’IA’ et, entre autres la stratégie ’AI for Belgium’, le focus néerlandais sur les valeurs publiques et les droits de l’homme notamment, et l’‘AI Factory’ luxembourgeoise –, c’est l’inefficience qui menace. L’Assemblée constate que les pays disposent certes de stratégies, mais que ‘la coopération au niveau européen pourrait générer des synergies et des économies d’échelle’.

L’arrivée de la loi européenne sur l’IA (AI Act) fixera de toute façon les grandes lignes, mais sa mise en œuvre pratique nécessitera des ajustements nationaux. Dans ce document, le Parlement du Benelux exhorte donc explicitement les différents gouvernements à ‘harmoniser le développement des stratégies nationales d’IA et à viser la convergence des objectifs politiques, des normes et des cadres éthiques’.

Demande de projets-pilotes d’IA

La proposition la plus concrète est de positionner le Benelux comme un pionnier de l’IA en Europe. L’Assemblée y voit une opportunité unique de transformer la région en un ‘terrain d’essai pour la mise en œuvre de la loi européenne sur l’IA’. Le texte inclut notamment la mise en place de zones de test et de modèles de surveillance conjoints, ainsi que le lancement de projets-pilotes publics d’IA à grande échelle dans divers domaines tels que les soins de santé, la mobilité et les pouvoirs publics.

L’Assemblée souligne également l’impact fondamental de l’IA sur le processus démocratique, y compris des risques tels que ‘la manipulation via des robots sociaux, la désinformation et la menace pour la prise de décision représentative’. Un environnement de test coordonné devrait permettre aux gouvernements d’identifier et de contrôler ces dangers plus rapidement.

Niveau de connaissance en IA insuffisant au sein des gouvernements

Le document insiste cependant encore sur un point sensible supplémentaire: le niveau de connaissance insuffisant au sein même des gouvernements. L’Assemblée demande par conséquent de ‘prévoir la formation des fonctionnaires, une augmentation de l’expertise spécifique et l’échange systématique des meilleures pratiques entre les trois pays’.

Il revient désormais aux gouvernements respectifs de la Belgique, des Pays-Bas et du Luxembourg de traduire ces recommandations en une politique concrète.

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