Le géant technologique Bosch mise pleinement sur l’intelligence artificielle en tant que moteur crucial pour sa croissance future. L’entreprise annonce y investir plus de 2,5 milliards d’euros d’ici fin 2027.
La firme allemande caresse l’objectif ambitieux de réaliser d’ici 2035 un chiffre d’affaires supérieur à 10 milliards d’euros avec des solutions d’IA pour une conduite assistée et automatisée. Voilà ce qu’elle a annoncé lors d’une conférence de presse tenue à Stuttgart, où Bosch était solidement représentée. En même temps, Stefan Hartung, président du conseil d’administration de l’entreprise, a fortement critiqué l’approche européenne de la réglementation de l’IA, laquelle freine inutilement l’innovation, selon lui.
‘Tous les produits contiennent de l’IA ou sont développés ou fabriqués à l’aide de celle-ci’
Bosch positionne l’intelligence artificielle comme un ‘booster d’innovation et un moteur de croissance’ fondamental pour l’ensemble de sa gamme de produits. Celle-ci est du reste très ample: de l’électronique à la consommation jusqu’aux composants industriels. L’entreprise, qui se targue depuis 2023 déjà que tous ses produits contiennent de l’IA ou sont développés ou fabriqués à l’aide de l’IA, distingue d’énormes possibilités dans la technologie. ‘Les percées dans le domaine de l’IA permettent d’accélérer le développement d’innovations et de convertir celles-ci en activités concrètes’, a affirmé Stefan Hartung lors du Bosch Tech Day 2025.
Pas avare de critiques envers l’Europe
Malgré ses importants investissements – Bosch planifie donc d’injecter plus de 2,5 milliards d’euros dans l’IA d’ici fin 2027 – et sa croyance ferme dans la technologie, on n’est pas avare de critiques au sein du siège de la firme établi à Stuttgart. Hartung évoque à cet égard les effets de la politique européenne. ‘Il semble malheureusement que l’Europe freine inutilement l’avenir de l’IA par une réglementation abusive’, affirme Hartung. Même s’il juge ‘fondamentalement justifiée’ l’intention de l’UE de créer une ‘IA responsable’, il fustige l’approche européenne imprécise et bureaucratique. ‘Ce mélange de bureaucratie et d’exigences strictes mais floues rend l’Europe nettement moins attrayante pour les entreprises d’IA que d’autres parties du monde’, ajoute Hartung.

‘Guère de modèles d’IA européens’
Et d’étayer sa préoccupation par des chiffres issus d’un rapport de l’université de Stanford, d’où il ressort que l’année dernière aux Etats-Unis, 40 grands modèles d’IA ont été développés, contre 15 en Chine et seulement trois en Europe. Le directeur insiste aussi sur le fait que l’Europe risque de perdre complètement son ancien atout concurrentiel unique, à savoir la combinaison de données et de connaissances industrielles. ‘Le courage qui nous manque aujourd’hui, débouchera demain sur une carence en sécurité et en souveraineté’, prévient-il sans ambages. Mais son message de base est en même temps on ne peut plus clair et franc: Bosch est bien décidée à devenir un leader européen en IA. ‘Et nous le sommes en grande partie déjà. Nous sommes le numéro 1 évident en Europe au niveau du nombre de brevets d’IA’, explique Hartung.
Agentic AI
Point de conférence IT cette année sans que ne soit prononcé le terme à la mode Agentic AI, et il n’en a pas été autrement de la part de Bosch. La firme voit dans Agentic AI – à savoir des systèmes qui non seulement génèrent des informations, mais qui sont aussi capables de prendre des décisions et exécuter des actions de manière autonome, ndlr – la prochaine étape dans l’évolution de l’intelligence artificielle, voire un fer de lance technologique pour les années à venir. Tanja Rueckert, membre du conseil d’administration de Bosch, y distingue une opportunité en or pour le secteur de la production, et donc pour un fournisseur tel que Bosch. ‘Agentic AI est à même de donner à l’IA un coup de fouet comparable à ce que le smartphone a offert à internet’, prétend Rueckert. Ces systèmes, capables d’opérer comme une équipe d’agents d’IA, sont déjà utilisés en interne chez Bosch pour surveiller les machines et prévoir la maintenance.

Qu’en est-il de la problématique énergétique?
Une question cruciale qui a été soulevée durant lae conférence de presse, a été celle de l’importante consommation énergétique des modèles d’IA: un thème qui touche directement les ambitions de durabilité. ‘C’est vrai: les grands modèles d’IA nécessitent actuellement d’énormes quantités d’énergie et de vastes centres de données’, a réagi Stefan Hartung. Du coup, le directeur a insisté sur le fait que ‘c’est une évolution technologique et que l’objectif est de rendre l’IA aussi économe en énergie que le cerveau humain.’ Pour Bosch, il ne s’agit pas d’une ambition sans engagement, mais aussi une pure nécessité’, selon Hartung. ‘Dans nombre de nos systèmes, les vastes clouds d’IA ne sont pas disponibles, et il faut se contenter d’un modèle de batterie économe et d’une petite puce. Par nécessité, nous devons donc mettre en tout cas au point une IA compacte et efficiente en énergie’ conclut Hartung.