Les bateaux pourront-ils bientôt entrer et sortir du port d’Anvers sans timonier à la barre? A l’université d’Anvers, des premiers tests sont en cours sur des navires autonomes.
Outre les voitures autonomes sur la route, des navires pilotés par l’IA rendront-ils bientôt aussi nos mers et nos voies navigables… peu sûres? Des premières expérimentations sont déjà en cours dans le monde entier, notamment aux Pays-Bas et au Japon. Et pour l’instant, elles ont un point commun: l’intelligence artificielle que les bateaux contiennent, est encore loin d’être suffisante pour leur permettre de naviguer sans problème. Des doctorants de l’université d’Anvers s’efforcent désormais d’affiner cette IA.
Données critiques
Obstacle numéro un: l’IA du bateau dépend entièrement des données qui lui sont fournies. Un amalgame complexe de données, telles que les coordonnées GPS, les itinéraires de navigation, les données du moteur et les données de chargement, est nécessaire pour apprendre aux modèles comment réagir dans certaines situations. Et c’est là que le bât blesse, selon Ali Anwar, chercheur à l’UAntwerpen: ‘Pour des raisons commerciales, les compagnies maritimes sont réticentes à partager les données des capteurs de leurs navires. De plus, les ensembles de données open source disponibles ne reflètent pas les cas extrêmes tirés de la pratique ou ne sont pas suffisamment pertinents pour former l’IA à une utilisation sur les voies navigables. C’est pourquoi nous collectons nos propres données lors des tests de navigation. Nous prévoyons de les rendre open source, ce qui signifie que quiconque le souhaite, pourra les utiliser librement.’
Comme un apprenti-pilote
Pour obtenir ces nouvelles données, des chercheurs du groupe de recherche IDLab de l’université d’Anvers testent leur prototype sur l’étang de l’Antwerp Maritime Academy. Grâce à la technologie LiDAR et aux caméras, les bateaux autonomes se déplacent sur l’eau sans entrer en collision avec des obstacles. Mais le modèle d’IA est également appliqué sur un simulateur de navigation numérique du port d’Anvers.
‘C’est ainsi qu’un navire autonome apprend à naviguer dans le port d’Anvers sans mettre les autres en danger’, explique Anwar. ‘On peut comparer cela au cas d’un apprenti-pilote, qui doit d’abord accumuler des heures de vol dans un simulateur avant d’être autorisé à monter dans le cockpit d’un véritable avion. De plus, cette méthode est peu coûteuse, et l’IA y apprend très, très rapidement.’
Les capitaines finiront sur la terre ferme
Anwar ne pense pas que le travail du capitaine humain soit pour autant bientôt terminé. ‘Il est impossible de préparer l’IA à tous les scénarios imaginables’, explique Anwar. ‘Lorsque la technologie ne pourra pas gérer une situation, elle devra redonner le contrôle à l’humain. Je prévois que le métier de capitaine sera complètement différent à l’avenir. J’imagine quelqu’un supervisant dix à quinze navires autonomes depuis le continent et n’intervenant que lorsque l’IA demandera de l’aide. ‘Au final, les meilleurs capitaines finiront sur la terre ferme’, conclut Anwar.