L’IA générative peut créer sa propre civilisation

Le monde 'Smallville'. © Université de Stanford

Les êtres commandés par l’IA peuvent-ils créer leur propre civilisation? Des chercheurs de l’université américaine de Stanford font un premier pas dans cette direction.

Dans l’épisode Treehouse of Horror VII des Simpson datant de 1996, Lisa plonge la dent qu’elle vient de perdre dans une boîte de Petri remplie de coca, laquelle est accidentellement soumise à un choc électrique et ce, dans le cadre d’un projet scientifique scolaire. À sa grande surprise, des créatures microscopiques prennent vie sur la dent et développent rapidement une civilisation. La même idée se manifeste dans Generative Agents: Interactive Simulacra of Human Behaviour, une étude de l’université de Stanford qui examine si les grands modèles de langage (LLM), tels que GPT-4 d’OpenAI, peuvent simuler de manière dynamique et convaincante le comportement humain.

Un village avec des habitants dotés de l’IA

L’étude explore le potentiel de l’IA générative en vue de créer des agents artificiellement intelligents qui se souviennent de leurs interactions, réfléchissent aux informations qu’ils reçoivent et planifient des objectifs à long et à court terme. En d’autres termes, le potentiel de simuler le comportement que les gens manifestent dans leur vie quotidienne. En outre, l’étude examine les comportements sociaux plus complexes qui émergent des interactions entre les membres d’une large population de ces ‘créatures’ commandées par l’IA.

Ces agents d’IA, créés par les chercheurs, ont été libérés dans leur propre monde en ligne qu’ils ont appelé Smallville, un environnement en ligne qui ressemble au jeu informatique populaire The Sims, avec un environnement comprenant un restaurant, une école et un café. 25 ‘êtres’ commandés par l’IA générative y ont désormais été introduits, avec vision immédiate des données qu’ils génèrent sur leur comportement et leurs relations. Ils conversent entre eux via un modèle de langage intégré, basé sur leurs souvenirs et leurs interactions antérieures. Les chercheurs ont également veillé à ce que des utilisateurs humains interagissent avec les créatures commandées par l’IA via une ‘voix narrative’ ou en prenant directement le contrôle de l’un des agents.

Dynamiques des populations

Dans des mondes de jeux tels que Grand Theft Auto V et Assassin’s Creed, les personnages commandés par ordinateur réagissent souvent de manière complexe à ce que le joueur humain fait avec son personnage, mais ces réactions sont préprogrammées par les concepteurs des jeux. Le monde en ligne des chercheurs de Stanford est par contre peuplé de ‘personnages non jouables’ entièrement autonomes, comme on appelle ces types de personnages dans les jeux vidéo.

Selon l’université, l’étude fournit de nombreuses possibilités, notamment en matière de simulation de la dynamique des populations, et offre des informations précieuses sur le comportement et les interactions sociales. L’expérience montre, entre autres, que les agents commandés par l’IA sont capables d’élaborer des plans conjointement, sans y être explicitement invités. C’est ainsi qu’ils ont déjà organisé une fête le jour de la Saint-Valentin, sans l’intervention des chercheurs.

Exceptionnellement polis

L’expérience présente cependant quelques défauts. Comme toute IA générative, les habitants de Smallville ont parfois des hallucinations et se souviennent de choses qui ne se sont jamais produites. Ils sont également exceptionnellement polis et coopératifs, sans qu’aucun conflit ne surgisse. Mais il n’empêche que le projet suscite un grand intérêt. La société de capital-risque Andreessen Horowitz, par exemple, en possède sa propre version dans son laboratoire de R&D.

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