Kristof Van der Stadt

Félicitations ChatGPT, vous êtes engagé

Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

Si ChatGPT postulait chez Google pour une fonction de codage, il serait sans doute accepté. C’est du moins ce qu’annonçait voici quelques semaines CNBC sur la base d’un document interne à Google qu’a pu consulter la chaîne de TV américaine d’actualités financières. Dans ce document, Google compare les points forts et les faiblesses de son propre langage d’IA LaMDA avec ceux du désormais célèbre ChatGPT.

Avec certes une réserve de taille: il s’agirait d’un emploi de type L3, à savoir une fonction de programmeur destinée à un jeune diplômé. Il n’empêche que la menace de voir certains emplois IT être remplacés par une machine semble soudainement bien réelle. Ce constat a incité notre rédaction à prendre le pouls du marché IT local pour vérifier la véracité de telles affirmations. Or la réponse ne semble pas unanime. Ou pas encore? Comme souvent, il tombe des gouttes chez nous alors qu’il pleut déjà à seaux aux Etats-Unis. Reste que le fait que le marché s’interroge montre l’importance de l’enjeu. De même, il est clair que les CIO expérimentent déjà cette technologie et cherchent à mettre en place une nouvelle stratégie d’IA dans ce flux constant d’innovations. Pourtant, certaines entreprises ont décidé de prendre du recul et d’interdire expressément ChatGPT et consorts. Or les CIO le savent parfaitement: bannir l’IA des bureaux – qu’ils soient virtuels ou non – n’a absolument aucun sens car une telle mesure radicale aura irrémédiablement un effet boomerang. Souvenez-vous de la ‘shadow IT’…

Bannir l’IA des bureaux – qu’ils soient virtuels ou non – n’a absolument aucun sens.

Il n’empêche que faire écrire du code par de l’IA pose pas mal de questions aux entreprises belges que nous avons interrogées. Ainsi, qu’en est-il des droits d’auteur? De même, le pourcentage d’erreurs est réel et donne lieu à des discussions en matière de responsabilité. Mais la problématique majeure réside dans le contrôle sur ces millions de lignes de code générées automatiquement: combien de personnes sont-elles nécessaires pour garantir la qualité? L’entreprise gantoise Deliverect spécialisée en foodtech a en tout cas fait l’exercice: pour son CTO, Jan Hollez – élu en 2022 ICT Personality of the Year par Data News – l’avantage de la génération automatique de code ne compense pas l’inconvénient de l’opération. «Ecrire du code n’est pas ce qui est le plus chronophage, mais bien la validation, le test et le débogage. Et si vous n’avez pas écrit vous-même le code, il est souvent plus difficile de détecter les erreurs», nous confie-t-il (voir page 14 et suivantes).

Entre-temps, OpenAI – soutenue par Microsoft – est en passe d’atteindre le milliard de dollars de chiffre d’affaires, tandis qu’un nombre croissant d’entreprises ont adopté son agent conversationnel ChatGPT. Chaque mois, OpenAI générerait, selon les sources de l’agence de presse Bloomberg, quelque 80 millions $ de revenus. Mais toujours selon cette même source, OpenAI aurait essuyé l’an dernier une perte d’environ 540 millions $ dans le cadre du développement de GPT-4 et de ChatGPT.

Grâce à sa variante pour entreprises, OpenAI semble s’imposer clairement dans le monde professionnel. Mais les éditeurs de logiciels d’entreprise et les grands noms du monde IT n’ont nullement l’intention de s’en laisser compter. Ainsi, ils continuent à développer activement des fonctionnalités d’IA générative dans leurs produits. Au point d’ailleurs que certains fournisseurs en place de ‘low-code’ et de ‘no-code’ risquent de se sentir menacés dans leur raison d’être. Si ChatGPT fêtera prochainement sa première année d’existence, la lutte pour les logiciels d’entreprise et les applications d’IA est pour sa part loin d’être achevée.

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