Décollage d’une nouvelle fusée transportant un alunisseur américain
Une toute nouvelle fusée a décollé de Floride lundi. A bord se trouve le premier appareil américain devant tenter de se poser sur la Lune depuis plus de 50 ans, développé cette fois par une entreprise privée.
La fusée Vulcan Centaur du groupe industriel ULA, qui regroupe Boeing et Lockheed Martin, a réalisé son premier vol depuis Cap Canaveral, en s’arrachant du sol à 2h18 locales lundi (8h18 à Bruxelles). L’alunisseur à bord, nommé Peregrine, a été développé par la start-up Astrobotic, avec le soutien de la Nasa, qui a chargé cette entreprise de transporter jusqu’à la Lune du matériel scientifique – un contrat à 108 millions de dollars.
Le lancement doit inaugurer une série de missions soutenues par l’agence spatiale américaine, qui souhaite se reposer en partie sur le secteur privé pour ses ambitions lunaires. Si Astrobotic parvient à se poser sur la Lune comme prévu le 23 février, elle pourrait ainsi devenir la première entreprise à réussir cet exploit.
Star Trek
Ces dernières années, des compagnies israélienne et japonaise ont tenté d’alunir, mais ces missions se sont soldées par des crashs. Une fois en orbite lunaire, la sonde y attendra que les conditions d’éclairage soient réunies pour tenter de se poser. Le lieu d’atterrissage visé est situé sur la face visible de la Lune, près de mystérieux dômes formés par de la lave mais que les scientifiques peinent à expliquer. Grâce aux instruments expédiés, la Nasa doit y étudier la composition de la surface, ainsi que les radiations.
La mission a également provoqué la controverse, car elle transporte les cendres ou l’ADN de dizaines de personnes, dont celles du créateur de Star Trek, Gene Roddenberry. Un partenariat avec l’entreprise Celestis, spécialisée dans les “vols spatiaux commémoratifs”. L’envoi de ces cendres sur la Lune a suscité la colère de la tribu amérindienne Navajo, qui a fustigé la “profanation d’un lieu sacré”, sans toutefois obtenir le report du lancement.
SpaceX
Vulcan Centaur, en développement depuis environ 10 ans, représente “le futur de la compagnie”, a souligné Mark Peller, vice-président du groupe ULA. La fusée (environ 60 mètres de haut) doit lui permettre de remplacer ses lanceurs Atlas V et Delta IV, et de concurrencer SpaceX avec des décollages plus abordables. ULA, qui prévoit six lancements de Vulcan Centaur cette année, souhaite par la suite récupérer ses moteurs après chaque vol pour encore plus de rentabilité.
Si la Nasa n’est que passagère pour cette mission, cette dernière n’en représente pas moins une étape majeure pour l’agence, qui cherche à encourager le développement d’une économie lunaire. Elle a ainsi passé contrat avec plusieurs entreprises, dont Astrobotic, pour l’envoi de matériel scientifique sur la Lune. Le programme, baptisé CLPS, fournit aux compagnies un financement crucial. Une autre entreprise sélectionnée, Intuitive Machines, doit également décoller pour la Lune mi-février avec une fusée de SpaceX. Cette nouvelle stratégie doit permettre à la Nasa “de faire le voyage plus souvent, plus rapidement et pour moins cher”, a expliqué Joel Kearns, haut responsable au sein de l’agence spatiale.
Ces missions étudiant l’environnement lunaire doivent permettre de préparer le retour d’astronautes sur la Lune, que la Nasa prévoit avec son programme Artémis. A ce jour, seuls les Etats-Unis, l’Union soviétique, la Chine et l’Inde ont réussi à faire atterrir un appareil sur la Lune. Une mission de l’agence spatiale japonaise (Jaxa) doit également tenter d’alunir dans environ deux semaines. La Russie a pour sa part spectaculairement raté un alunissage cet été.