Compte à rebours enclenché pour le premier vol d’Ariane 6

© ESA, L. Bourgeon

Le compte à rebours final est lancé: avec quatre ans de retard, la fusée Ariane 6 doit s’élever pour la première fois mardi au-dessus de la jungle guyanaise, portant avec elle les espoirs de l’Europe de retrouver un accès autonome à l’espace.

À 15h00 (20h00 HB), les deux propulseurs d’appoint et le moteur de l’étage principal s’allumeront pour le décollage. En cas d’anomalie détectée jusqu’au dernier moment ou de météo capricieuse, une fenêtre de lancement de quatre heures est prévue. Dès les premières lueurs du jour sur le Centre spatial guyanais (CSG) de Kourou, le portique mobile, vaste cathédrale qui abrite la fusée, doit être déplacé de 100 mètres, dévoilant le mastodonte de 56 mètres sur son pas de tir.

Puis à 10h00 locales, le remplissage des réservoirs avec les ergols – l’oxygène et l’hydrogène liquides qui alimentent le moteur Vulcain – débute. À partir de ce moment-là, toute anomalie obligeant à une intervention physique obligerait à vider les réservoirs, conduisant à un report du tir de 48 heures, explique Jean-Michel Rizzi, chef de la base de lancement Ariane 6 pour l’agence spatiale européenne (ESA).

Décidée en 2014, Ariane 6 pourra aussi bien placer des satellites en orbite géostationnaire, à 36.000 kilomètres d’altitude, comme sa prédécesseure Ariane 5, que mettre en orbite des constellations à quelques centaines de kilomètres de la Terre.

Un peu de savoir-faire belge

Pour son premier vol, Ariane 6 emportera 17 “passagers” à son bord: 11 micro-satellites d’universités, différentes expériences ainsi que deux capsules de rentrée atmosphériques, qui doivent préparer le cargo de fret spatial voulu par les Européens pour ravitailler les stations spatiales.

La fusée transportera également un peu de savoir-faire belge. Lors de ce vol inaugural, un équipement fabriqué au sein de l’entreprise aérospatiale wallonne Sonaca sera à bord du lanceur pour des essais. Ce dispositif fabriqué en collaboration avec le CRM et Walopt doit permettre une meilleure gestion thermique de l’électronique, en agissant comme amortissement, expose la société mardi dans un communiqué.

La réussite du vol marquera le “retour” de l’Europe sur la scène spatiale, selon le patron du transport spatial à l’ESA, Toni Tolker-Nielsen. Depuis le dernier vol d’Ariane 5 il y a un an, les Européens ne peuvent plus mettre en orbite par eux-mêmes un satellite: depuis l’invasion de l’Ukraine, ils n’ont plus accès au lanceur moyen russe Soyouz, et la fusée Vega-C est clouée au sol depuis fin 2022 après un accident. Mais il faudra ensuite selon lui réussir la montée en cadence des vols, avec un autre en fin d’année, six prévus en 2025 et huit l’année suivante.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire