Huawei implante un ‘cerveau’ dans son tout nouveau smartphone
Un écran plus grand, de meilleures performances et une autonomie plus longue, c’est bien, mais c’est surtout la puce supplémentaire – un ‘neural network processing unit’ (NPU) – qui s’avère intéressante dans le Mate 10 Pro qui vient d’être présenté par Huawei. Ou comment un smartphone dispose de son propre… cerveau.
La série Mate du fabricant de smartphones Huawei existe depuis cinq ans déjà et se caractérise par de grands écrans et un puissant hardware. Il s’agit là de phablets, comme cette catégorie s’appelait jusqu’il y a peu. Entre-temps, ce terme a été renvoyé au second plan car l’évolution technologique permet aujourd’hui d’intégrer un écran davantage utilisable dans un boîtier, ce qui fait que les appareils ne doivent physiquement plus être agrandis beaucoup plus.
L’Huawei Mate 10 Pro présenté hier lundi à Munich s’inscrit dans cette mouvance. Son écran OLED de 6 pouces offrant un rapport 18:9 couvre quasi complètement la surface jusque tout au bord: on y trouve toutefois encore une barre noire en haut et en bas, mais elle est sensiblement plus fine que dans le cas des plus récents iPhone, fanfaronne Richard Yu, directeur d’Huawei, lors de la présentation. Le scanner d’empreinte digitale est de nouveau installé à l’arrière de l’appareil. On a du reste pu une fois encore observer combien Yu aime établir la comparaison avec les top-modèles d’Apple et de Samsung, ce qui ne fait que souligner la forte ambition de l’entreprise chinoise.
Au niveau de la coque, Huawei a opté pour du verre légèrement incurvé, afin que l’appareil tienne mieux dans la main. Et (enfin!), la norme IP67 est devenue une réalité: en d’autres mots, l’appareil est protégé contre la poussière et l’eau. Le fabricant a aussi pris largement le temps d’insister sur le fait que la batterie d’une capacité de 4.000 mAh est particulièrement costaude. “48 pour cent de plus que les 2.716 mAh de l’iPhone X”, a calculé pour vous Richard Yu. Mais une meilleure gestion logicielle de la batterie veillerait également à ce que cette dernière tienne le coup une journée durant dans le cas d’un utilisateur exigeant, et plus de deux jours dans le cas d’un utilisateur moyen. La fonction de recharge rapide permet en outre de refaire plus d’un demi-plein en une petite demi-heure.
Processeur AI
Mais ce qui doit rendre le Mate 10 Pro unique en son genre, c’est le Kirin 970: un jeu de puces développé en Chine, qui passe pour être le premier processeur AI (Artificial Intelligence) au monde pour smartphones. Par analogie avec les bien connus CPU (processeur de calcul) et GPU (processeur graphique), Huawei parle ici d’un NPU, à savoir un ‘neural network processing unit’. Cette puce se charge matériellement des calculs pour les applications liées à l’AI. Mais n’est-ce pas quelque peu étrange à une époque où tout semble tourner dans le nuage?
Si l’utilisateur doit attendre trop longtemps une traduction ou une connexion par exemple, il laisse tomber.
“On peut évidemment utiliser l’AI sur une base cloud. Mais plus les applications gagnent en sophistication, plus l’utilisateur devra pouvoir recourir sur son appareil au traitement requis pour pouvoir s’offrir une bonne expérience d’utilisation”, déclare Dirk Pauwels, country director chez Huawei. “Si l’utilisateur doit attendre trop longtemps une traduction ou une connexion par exemple, il laisse tomber. Avec la présence de l’AI sur l’appareil même, ce genre de problème disparaît”, ajoute Pauwels.
Collaboration avec Microsoft
La puce AI peut par exemple être utilisée pour des traductions dans plus de 50 langues: Huawei collabore dans ce but avec Microsoft Translator. Mais la reconnaissance en temps réel d’un emplacement ou d’un objet est également possible. La fonctionnalité AI est intégrée aussi à l’appli photo. Le double appareil Leica (avec des objectifs de 12 méga-pixels RGB et de 20 méga-pixels monochrome, ndlr) reconnaît par exemple si vous photographiez une fleur, un visage, un succulent mets, un coucher de soleil, un chat ou un chien. Cette identification d’objets (13 objets et scènes sont définis) fonctionne bien sur base d’un premier test rapide. La reconnaissance s’effectue via la puce embarquant des propriétés d’imagerie pour plus de 100 millions d’illustrations: il existe donc une sorte de correspondance (‘matching’) pour l’identification de l’objet.
Ensuite, l’appareil ajuste de manière autonome les réglages photo. Voilà qui devrait donc générer de meilleures prises de vue. Un test pratique devrait démontrer si tel est bien le cas.
L’Huawei Mate 10 Pro sera disponible à partir de fin novembre au prix de 799 euros (TVA incluse). L’appareil sera équipé de 6 Go de mémoire, plus 128 Go de capacité de stockage. Lundi, Huawei a par ailleurs aussi présenté le Mate 10 un peu plus compact et moins puissant, mais ce modèle ne sera pas commercialisé en Belgique. Il y aura par contre un Mate 10 Lite encore plus compact dans nos magasins (349 euros), mais qui ne sera pas équipé d’une puce AI et qui, contrairement au Mate 10 Pro, ne tournera pas sur le nouvel Android 8.0 (Oreo), mais encore sur la version 7. Niveau mémoire, il faudra vous satisfaire de 4 Go de RAM et de 64 Go de ROM.
Fonctionnalité professionnelle en sus
Ce qui est étonnant, c’est la présence aussi de pas mal de fonctions professionnelles sur le Mate 10 Pro. LinkedIn y est ainsi entièrement intégré, alors que VoLTE est supporté, que le ‘mobile device management’ y est aisément configurable et que l’appareil peut également être utilisé comme un PC à part entière. Il suffit de relier un câble USB-C vers HDMI entre le Mate 10 Pro et un écran, et vous pourrez par exemple donner ou organiser des présentations Powerpoint. Détail sympa: contrairement à la concurrence, il n’y a pas besoin de station d’accueil séparée, et le smartphone peut aussi être utilisé en tant qu’écran autonome ou de ‘clavier’ externe.
Huawei mise-t-elle dès lors davantage sur le segment professionnel? Dirk Pauwels: “Nous ciblons de plus en plus les différents segments du marché: tant le segment premium que le segment pro sont à coup sûr importants. La série Mate a toujours été une niche en Belgique, parce que nous misons fortement sur la série P. Mais nous sommes aussi arrivés au point que notre part de marché oscille entre 16 et 20 pour cent selon le mois. Nous voulons continuer de croître, ce qui nous incite à envisager d’autres débouchés. La série Mate fait par conséquent l’objet de nettement plus d’attention qu’avant. Les opérateurs le voient aussi et reprennent à présent nos appareils dans le segment premium. En tant qu’entreprise chinoise, nous sommes aujourd’hui pris très au sérieux. C’est là le résultat d’un travail intense presté ces dernières années.”
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