Fraudes en-ligne: où situer la ligne de flottaison de l’iceberg?
Les transactions d’e-commerce progresseraient plus rapidement, en Belgique, que les fraudes qu’elles inspirent. Mais l’évaluation des pertes et le taux de plaintes ne sont peut-être pas de bons indicateurs…
Les transactions d’e-commerce progresseraient plus rapidement, en Belgique, que les fraudes qu’elles inspirent. Mais l’évaluation des pertes et le taux de plaintes ne sont peut-être pas de bons indicateurs…
Selon des chiffres officiels publiés par la FCCU (Federal Computer Crime Unit), le taux de fraudes en-ligne, toutes formes confondues (détournement de paiements en-ligne, arnaques, paiements non suivi de livraison du produit acheté, faux chèques étrangers, vol de mots de passe…) continue certes de progresser mais à un rythme sensiblement inférieur à la croissance que connaissent les transactions et paiements en-ligne (B2C et C2C) dans notre pays. Pour étayer cette opinion, la FCCU s’appuie sur le nombre de plaintes déposées auprès de la police locale. “Seulement 3.874 plaintes concernant une fraude via Internet ont été déposées en 2008, contre 3.248 plaintes en 2007”, déclare Luc Beirens, chef du service FCCU. Soit une augmentation de 19,3% alors que le nombre de transactions d’e-commerce progressait de 42% en 2008 et leur valeur de 28% (source: Ogone).
La FCCU évalue le total des pertes subies (en 2008) à 30 millions d’euros, alors que les dépenses en-ligne (en B2C) ont été de 3,250 milliards d’euros (chiffre Eurostat).Le chiffre de 30 millions doit toutefois être pris avec une sérieuse réserve. Il s’agit en effet d’une extrapolation qui se base sur les pertes déclarées lors du dépôt de plaintes. Mais rien n’indique que les paramètres de cette extrapolation soient pertinents. La FCCU elle-même reconnaît n’avoir aucune visibilité réelle sur le pourcentage de cas qui débouchent effectivement sur une plainte (il est en tout cas “limité”).
Qui plus est, la FCCU ne peut se baser, pour ses calculs, que sur les plaintes que lui relaie la police locale- processus qui n’a rien de systématique et qui ne précise pas toujours la valeur de la fraude. Ainsi, sur 3.847 plaintes déposées auprès de la police locale en 2008, seuls 233 cas impliquant des pertes financières ont été enregistrés dans la base de données la FCC. Ce qui semble un échantillon potentiellement peu représentatif. D’autant plus que la FCCU a choisi de baser ses estimations sur la valeur médiane (400 euros de pertes financières par cas) alors que la moyenne est de 2.572 euros. “Nous avons choisi la valeur médiane parce que 50% des cas de fraudes répertoriés correspondent à une valeur inférieure à 400 euros.” (40% des fraudes et arnaques engendrent une perte financière de 250 euros ou moins. 40% coûtent de 250 à 2.500 euros à leur victime ; 20% impliquent des pertes entre 2.500 et “plus de 100.000 euros”.)
Mais c’est là faire abstraction des grosses arnaques… A quand une vue plus précise et représentative de ce qui se trame sur Internet et derrière les transactions en-ligne ? Et, question subsidiaire, à quand la mise en oeuvre de moyens (humains et techniques) pour le permettre.
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