Luc Blyaert
Faire le maximum
Avez-vous grandi sans GSM ou smartphone? Jouiez-vous encore au… disc-jockey avec des disquettes à insérer dans le bon ordre dans votre ordinateur, qui émettait alors un bruit bizarre? Vous vous reconnaissez? Vous ne disposiez alors certainement pas non plus d’un ordinateur à l’école primaire ou moyenne. Encore moins d’un tableau intelligent. Vous n’étiez pas déposé devant la porte même de l’école, mais vous y veniez à pied, à vélo, voire en bus.
Comme moi, vous appartenez donc à l’ère pré-numérique et vous vous rappelez probablement qu’à l’époque, l’on ne bénéficiait de quasiment rien. Jusqu’à mes 14 ans, nous n’avions même pas de TV à la maison. Nous jouions dehors et partions à la conquête du monde qui se résumait en fait à notre coin. Aujourd’hui, un ordinateur sans haut débit n’est qu’un ‘bête’ terminal, jugé avec condescendance par la nouvelle génération. Le monde des jeunes d’aujourd’hui n’est peut-être pas encore l’univers en tant que tel, mais il est en tout cas là à portée de main. Tout doit aller vite et être passionnant, à moindre coût. Et ils ont raison.
Telle doit être également la règle dans l’enseignement. Les meilleurs ordinateurs et logiciels doivent être mis à la disposition des élèves et des étudiants, si l’on veut capter et conserver leur attention (cela vaut du reste aussi pour les entreprises et leurs collaborateurs). Mais j’entends déjà la réaction: ‘Tout en économisant?’ J’ai toujours été stupéfait du fait que les écoles demeurent des îlots, des baronnies même, et du fait aussi qu’elles ne prévoient pas conjointement des adjudications pour du matériel et des logiciels. Pour économiser ensemble 25 à 30%, dirais-je. Pourquoi ne se regroupent-elles pas pour améliorer leur situation, pourquoi ne choisissent-elles pas un seul fournisseur, qui leur délivre automatiquement les dernières mises à jour software, et pas uniquement de Microsoft, mais aussi d’Adobe et d’autres? Pour un forfait mensuel fixe et donc prévisible. Qui va prendre l’initiative? Cela me paraît la logique même. En période d’économies, il est préférable de se regrouper et de faire le maximum. Cela ne peut que profiter au monde de l’enseignement. Les fournisseurs vont-ils pour autant s’en trouver marris? Pas du tout dans la mesure où ils ne devront plus chasser chaque mini-accord, mais conclure un contrat global. Certes avec une marge moindre, mais avec un volume supérieur.
Et si l’on faisait de même dans les communes et les villes pour faire face à l’émiettement, au manque de collaboration, même interne. Au fait, les communes et les CPAS devront enfin collaborer en 2016 sur le plan de l’IT. Dieu seul sait du reste pourquoi une exception est prévue pour les grandes villes. Mais les communes doivent réaliser le même exercice que l’enseignement. La Belgique est grande comme un mouchoir de poche. Pourquoi ne pas tirer tous ensemble à la charrette pour améliorer les choses. Faut-il donc toujours s’affronter? Du genre: j’ai un plus beau site web que celui de la commune voisine?
La concurrence est une bonne chose, mais est-elle nécessaire dans l’enseignement ou les communes? Optons pour une approche commune, pour la solution la meilleure, la moins chère et la plus intéressante. Evitons les luttes intestines. Le Challenger est hors de nos frontières, hors d’Europe même. Nos enfants quittent notre pays qui manque de passion, parce qu’il est petit-bourgeois et aigri. Faisons donc preuve d’optimisme ensemble et visons le maximum. Economisons, mais intelligemment. Et conjointement. L’époque où le monde était notre rue, est passée. Le monde va bientôt nous appartenir. Littéralement bien sûr.
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