Facebook sortira sa propre monnaie numérique l’année prochaine

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Pieter Van Nuffel Journalist DataNews

Après plusieurs mois de rumeurs, Facebook a présenté sa monnaie numérique Libra. Celle-ci pourra être stockée dans un porte-monnaie numérique et être utilisée dans le monde entier.

Calibra, une filiale tout récemment fondée de Facebook, proposera en 2020 un porte-monnaie numérique permettant de stocker le Libra. “A partir de là, vous pourrez envoyer la monnaie avec Calibra à quasiment tout un chacun disposant d’un smartphone et ce, tout aussi facilement et rapidement que l’envoi d’un SMS et à moindre coût, voire gratuitement”, annonce Facebook. Le porte-monnaie pourra être installé comme une appli, mais sera aussi intégré aux services de messagerie WhatsApp et Messenger.

“Au fil du temps, nous espérons proposer des services complémentaires aux personnes et aux entreprises, comme le paiement de factures d’une pression sur un bouton, l’achat d’une tasse de café en scannant un code ou l’utilisation de moyens de transport publics sans avoir d’argent ou une carte bancaire en poche.”

Pour expliquer comment cela fonctionne sur le plan technique, Facebook a publié ce mardi ce qu’on appelle un whitepaper.

Voilà à quoi devrait ressembler l'appli Calibra
Voilà à quoi devrait ressembler l’appli Calibra© Facebook

Sera-ce une véritable crypto-monnaie?

La comparaison est vite faite avec le bitcoin. Les transactions seront en effet stockées dans une blockchain (chaîne de blocs), tout comme dans le cas des autres crypto-monnaies. Mais la comparaison s’arrête là. La monnaie de Facebook deviendra une ‘StableCoin’ qui sera associée à un ensemble de monnaies internationales bien connues. Ce taux de change fixe devrait empêcher que le monnaie connaisse d’aussi fortes oscillations que le bitcoin et ce, afin qu’elle convienne pour les transactions courantes.

Qui va approuver les transactions?

La validité des transactions en bitcoin est contrôlée par des milliers de noeuds comme on les appelle. Dans le cas de la monnaie de Facebook, ce type de noeud de validation ne sera pas géré par les utilisateurs de la monnaie, mais par des entreprises qui co-investissent dans le projet. Les transactions s’effectueront au moyen de ‘smart contracts’ (contrats intelligents) rédigés dans un langage de programmation nouvellement développé dans ce but et baptisé ‘Move’.

La chaine de blocs sera gérée par la Libra Association, une organisation indépendante de Facebook et Calibra. Outre Facebook, 27 autres entreprises en sont membres, dont Visa, Mastercard, PayPal, Uber, Lyft, Booking.com, Stripe, CoinBase, Spotify et Vodafone. Les géants technologiques Apple, Google, Microsoft et Amazon n’en font pas (encore) partie.

Pour obtenir une licence d’exploitation d’un noeud sur le réseau, il se murmure qu’une contribution de dix millions de dollars sera demandée. Dans un premier temps, Facebook ciblerait 100 noeuds et espère donc récolter un milliard de dollars. Cet argent devrait servir de matelas pour maintenir la stabilité de la monnaie.

Quel sera le degré de sécurité d’un tel porte-monnaie numérique?

Facebook se targue que Calibra utilisera les mêmes processus de vérification que les banques. Des systèmes automatisés devraient aider à empêcher la fraude. Si un utilisateur perd néanmoins de l’argent à cause d’une fraude, Facebook promet de le rembourser. L’entreprise mettra aussi en oeuvre un helpdesk pour les utilisateurs qui auront oublié leur mot de passe.

La chaîne de blocs Libra reposera sur du code open source, afin que tout un chacun puisse rechercher des failles sécuritaires. Facebook prévoit un programme ‘bugbounty’, en vue de stimuler des pirates éthiques à détecter et signaler les points faibles de la plate-forme.

Qu’en sera-t-il du respect de la vie privée?

Sur le plan du respect de la vie privée – tellement important pour les transactions financières -, Facebook n’a pas un passé qui parle beaucoup en sa faveur. Voilà pourquoi l’entreprise déploiera tous les efforts possibles pour que les médias sociaux et les données financières soient scindées au maximum (les premiers à la charge de Facebook et les autres à celle de Calibra).

“A l’exception de cas limités, Calibra ne partagera ni informations de comptes ni données financières avec Facebook ou un acteur tiers sans l’autorisation du client”, annonce Facebook. L’entreprise promet que les informations de comptes et les données financières des clients de Calibra ne seront pas utilisées à des fins publicitaires sur Facebook. A l’inverse, Calibra exploitera bel et bien les données de Facebook, “pour satisfaire à la loi, sécuriser les comptes des clients, limiter les risques et lutter contre les activités criminelles.” Vous en saurez plus en lisant le Customer Commitment de Calibra.

Pourquoi Facebook veut-elle lancer sa propre monnaie?

Tourmentée par des scandales de confidentialité, Facebook avait annoncé au début de cette année vouloir changer de cap et suivre une route, où les gens pourraient chatter en toute discrétion, où Instagram, WhatsApp et Facebook Messenger seraient combinées l’une à l’autre et où moins de données personnelles seraient collectées. Rien n’avait toutefois filtré à propos du modèle commercial qui serait alors mis en oeuvre.

Mark Zuckerberg a cependant déjà déclaré à plusieurs reprises que l’e-commerce et les paiements en ligne constitueraient le futur de son entreprise. “Il devrait être aussi facile d’envoyer de l’argent qu’une photo à quelqu’un”, a encore précisé le CEO de Facebook lors de la conférence des développeurs F8. Calibra devrait désormais y veiller. En facilitant au maximum les paiements (internationaux), Facebook espère avant tout garder ses utilisateurs dans son écosystème.

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