Les Etats-Unis menacent de prendre des contre-mesures à l’égard des fournisseurs de services européens suite à des amendes imposées par l’UE

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Kristof Van der Stadt
Kristof Van der Stadt Rédacteur en chef chez Data News

L’administration du président Donald Trump avertit que les Etats-Unis pourraient imposer des taxes ou des restrictions aux prestataires de services européens en réponse à ce qu’ils qualifient d’actions ‘discriminatoires’ à l’encontre des entreprises américaines.

Les relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Union européenne sont à nouveau sous haute tension. Le gouvernement américain menace en effet d’imposer des taxes aux fournisseurs de services européens en représailles à ce qu’il considère comme un traitement injuste des entreprises technologiques américaines. ‘Si l’UE et ses états membres continuent d’insister pour restreindre, limiter et décourager la compétitivité des fournisseurs de services américains (‘big tech’, ndlr.) par des moyens discriminatoires, les Etats-Unis n’auront d’autre choix que d’utiliser tous les moyens disponibles pour contrer ces mesures déraisonnables’, mentionne l’agence commerciale américaine USTR sur X. De plus, l’USTR indique qu’en vertu de la loi américaine, des indemnisations ou des restrictions peuvent être imposées à des services étrangers, ‘au cas où il serait nécessaire de prendre des contre-mesures’.

L’Europe veut s’en prendre plus durement aux ‘big tech’

Cette menace intervient à un moment où l’Europe adopte une approche ferme envers les grandes entreprises technologiques. Les régulateurs ont imposé une amende de 120 millions d’euros (140 millions de dollars) à la plateforme de réseaux sociaux X d’Elon Musk plus tôt en décembre, quelques mois seulement après que Google a été frappé par une taxe élevée inattendue de 2,95 milliards d’euros (3,44 milliards de dollars). La semaine dernière, le président Donald Trump a vivement critiqué cette amende infligée à X. Son propriétaire Elon Musk a signalé après l’amende que l’UE devrait être dissoute.

L’UE a souligné à l’agence de presse AFP qu’elle continue à recourir à une réglementation technologique ‘sans discrimination’. ‘Comme nous l’avons souvent répété, nos règles s’appliquent de manière juste et équitable à toutes les entreprises actives dans l’UE’, a insisté un porte-parole de la Commission européenne.

‘Aux Etats-Unis, les big tech peuvent faire ce qu’elles veulent. Pas en Europe.’

Le Parlement européen est également indigné face à la prise de position américaine. La députée européenne et vice-présidente des sociaux-démocrates européens Kathleen Van Brempt (Vooruit), en charge du commerce international, réagit vivement à la pression américaine qu’elle juge ‘sans précédent et inédite’: ‘Aux Etats-Unis, les grandes entreprises technologiques peuvent faire ce qu’elles veulent. Pas en Europe.’ Selon Van Brempt, l’agence commerciale américaine prend ouvertement le parti des Big Tech. ‘Elles essaient de saper les réglementations numériques européennes par des menaces et des sanctions financières. Il n’y a aucune limite à ce que l’administration Trump pense pouvoir se permettre’, déclare Van Brempt.

Selon la députée européenne, la discussion touche au cœur de la souveraineté numérique européenne. ‘Il n’est question ni des entreprises américaines en général ni des intérêts des Big Tech, mais de la protection des citoyens européens. De leur vie privée, de leur liberté d’expression et de leur droit de ne pas être censurés ou manipulés arbitrairement’, affirme-t-elle. Et d’insister sur le fait que des lois telles que le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA) visent à imposer la transparence et la sécurité juridique, et non à intimider les entreprises étrangères.

 

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