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Le Digital Services Act peut-il protéger l’UE contre la désinformation
![Els Bellens](https://img.static-rmg.be/a/view/q75/w150/h150/5167112/2020-07-17-11-28-58-3-2-png.png)
La désinformation sur les réseaux sociaux semble accroître la pression sur le cours des choses à chaque nouvelle élection. L’UE a à cet égard élaboré quelques lignes directrices pour lutter contre la manipulation des médias.
De toute évidence, les tentatives de diverses nations visant à manipuler les élections dans d’autres pays ou à y provoquer des troubles ne sont pas neuves. Ce qui semble nouveau, c’est l’ampleur et la vitesse à laquelle ce phénomène se produit. Fin de l’année dernière, la Cour suprême de Roumanie a pris la décision (controversée) d’annuler les résultats de l’élection présidentielle. Cette dernière aurait trop subi une ingérence russe. Călin Georgescu, candidat indépendant pro-russe, est devenu un vainqueur surprise après être devenu omniprésent sur TikTok et d’autres plateformes pendant la campagne. En mai de cette année, les Roumains devront par conséquent à nouveau se rendre aux urnes, et la question est désormais de savoir si le résultat sera différent.
Les élections allemandes, qui auront lieu dans deux semaines, seront également suivies avec suspicion en raison d’éventuelles interférences extérieures. Elon Musk, homme à tout faire du président américain Trump, mais également propriétaire de X/Twitter, s’est déjà montré un grand fan du parti d’extrême droite allemand AfD. Il ne serait donc pas impensable qu’il le promotionne sur sa plateforme.
DSA
La question qui semble se poser actuellement dans les couloirs du Parlement européen, est surtout de savoir comment éviter de telles situations à l’avenir. ‘Nous disposons de plusieurs outils que nous pouvons utiliser à cet effet, comme le Digital Services Act (DSA)’, déclare la vice-présidente du Parlement européen, Christel Schaldemose, aux journalistes lors d’un briefing. ‘Je fais également partie du comité du Democracy Shield qui travaille sur ce sujet.’ Ce bouclier démocratique a été lancé en décembre dernier et vise à contrer la désinformation provenant de forces extérieures à l’UE. A cette fin, le comité se penche entre autres sur l’amélioration de l’alphabétisation aux médias de la population, mais aussi sur la vérification des faits et, bien sûr, sur la mise en œuvre du DSA.
Le DSA, entré en vigueur l’année dernière, demande notamment aux grandes entreprises technologiques de gérer leurs plateformes de manière plus active. ‘Je suis fière de ce que nous avons fait avec le DSA’, affirme Schaldemose, ‘car la directive rend les plateformes responsables de l’impact de leur contenu. Elles doivent agir, s’il existe un risque systémique pour la démocratie. Nous ne leur disons pas ce qu’elles doivent faire, mais elles doivent en tout cas réduire ce risque.’
La directive est entrée en vigueur il y a presqu’un an, mais pour certaines plateformes, il semble qu’il faille attendre un certain temps encore les premières conséquences majeures. ‘Pour les grandes plateformes comme TikTok ou X, la Commission européenne doit intervenir. C’est un long processus, car elles donnent également aux réseaux sociaux la possibilité de réagir et d’effectuer des ajustements si nécessaire. S’il s’avère que le DSA ne suffit pas, nous devrons réfléchir à la question de savoir s’il faut en faire plus ou différemment.’
FIMI
L’eurodéputé finlandais Mika Aaltola plaide déjà en faveur de mesures plus strictes contre les acteurs concernés et pour contrer les techniques spécifiques qu’ils utilisent. ‘L’infrastructure plus large de l’UE et de la démocratie est agressée’, affirme-t-il. ‘Nous assistons à des attaques hybrides, exploitant la désinformation et les cyberattaques, mais aussi à la coupure de câbles en mer Baltique. Nous devons nous intéresser à des acteurs spécifiques, comme la Russie, l’Iran ou la Chine, et aux outils qu’ils utilisent. Nous pouvons en tirer des leçons. Si nous savons comment ils font, nous pourrons mieux les contrer.’
Et puis il y a le FIMI (Foreign Information Manipulation and Interference). ‘Il faut d’abord définir contre quoi on lutte’, explique Aude Maio-Coliche , Director of Strategic Communication en charge du FIMI. ‘Il ne s’agit pas seulement de désinformation, mais aussi d’une manipulation de données dans le but précis de détruire la confiance.’
L’UE travaille depuis dix ans à la création d’outils pour lutter contre le FIMI. Il est notamment question d’un mécanisme (interne) pour informer les pays, lorsqu’une manipulation est découverte. Pensez par exemple aux botnets. En outre, il existe également une base de données (EUvsDisinfo.eu) qui collecte et démystifie des exemples de désinformation de type Snopes. Il est ici question de propos tels que ‘la majorité des nouveau-nés à Bruxelles sont musulmans’, qui proviennent (souvent) de milieux russes, mais qui sont parfois aussi diffusées plus largement sur les réseaux sociaux.
Les différentes organisations au sein de l’UE sont donc conscientes du problème et, au cas où vous vous poseriez la question, elles y travaillent. Leur intervention concrète et les éventuelles amendes ou interdictions sont effectuées par la Commission européenne, un organisme qui a déjà fort à faire. Aucune nouvelle action ne sera en tout cas lancée avant les élections allemandes dans deux semaines.
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