Le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a annoncé lundi quitter ses fonctions à la Commission européenne. Le Français a partagé sur X une lettre qu’il adresse à la présidente de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, dans laquelle il explique les raisons de sa démission “avec effet immédiat”.
Thierry Breton rappelle avoir été proposé par la France pour un second mandat de commissaire européen. Mais “il y a quelques jours (…) vous avez demandé à la France de retirer mon nom – pour des raisons personnelles que vous n’avez jamais directement discutées avec moi -, et avez proposé, en monnaie d’échange, un portefeuille présenté comme plus influent au sein du futur collège”, reproche Thierry Breton à Ursula von der Leyen dans son courrier.
Ursula von der Leyen était ces dernières semaines en pleine composition de son nouvel exécutif, pour les 5 prochaines années. L’Allemande avait annoncé dès le départ qu’elle souhaitait tendre à la parité de genre: elle a donc demandé à chaque capitale de lui proposer deux candidats, un homme et une femme, pour la laisser choisir en fonction des compétences mais aussi en veillant à avoir suffisamment de femmes dans l’équipe. Pour les pays souhaitant proposer une reconduction de leur commissaire actuel, l’Allemande ne demandait de donner deux noms. Le Français le rappelle dans sa lettre, sous-entendant donc qu’Ursula von der Leyen a ignoré ses propres règles pour faire pression sur la France.
“Sur les cinq dernières années, je me suis efforcé, sans relâche, de faire respecter et avancer le bien commun européen, au-delà des intérêts nationaux et partisans”, assure Thierry Breton dans son courrier, daté du même jour (lundi 16 septembre). “Ce fut un honneur”.
“Cependant, à la lumière des derniers développements – nouveaux témoins d’une gestion discutable – je dois conclure ne plus être en mesure d’exercer ma fonction au sein du Collège”.
Dans le message accompagnant sa lettre sur les réseaux sociaux, Thierry Breton remercie ses collègues commissaires, les services de la Commission, les eurodéputés, les Etats membres et son équipe, soulignant le travail partagé pour “avancer un agenda européen ambitieux”.
Les relations entre Ursula von der Leyen et Thierry Breton étaient notoirement tendues depuis que ce dernier avait pris la tête au printemps d’une fronde au sein de la Commission pour contester le style de direction de la présidente, jugé peu collectif. Le commissaire français avait publiquement mis en cause l’éthique de l’Allemande après la nomination fin janvier d’un émissaire chargé des petites et moyennes entreprises, un poste hautement rémunéré.
Le poste avait été attribué à l’eurodéputé allemand du Parti populaire européen (droite) Markus Pieper, quelques semaines avant un congrès à Bucarest début mars au cours duquel le PPE avait apporté son soutien à un second mandat de Mme von der Leyen. La polémique avait abouti à un vote de défiance du Parlement européen contre Mme von der Leyen, en pleine campagne pour les élections européennes de juin, et finalement au retrait de M. Pieper.
