Volta Ventures à la recherche de la WhatsApp belge
Volta Ventures est un nouveau fonds de capital-risque qui entend pourvoir en capital des entreprises internet et software prometteuses et ce, à un stade précoce. “Nous voyons trop de Belges talentueux s’en aller aux Etats-Unis. Ils en ont bien sûr le droit, mais pas dès le 1er jour.”
Volta Ventures est un nouveau fonds de capital-risque qui entend pourvoir en capital des entreprises internet et software prometteuses et ce, à un stade précoce. “Nous voyons trop de Belges talentueux s’en aller aux Etats-Unis. Ils en ont bien sûr le droit, mais pas dès le 1er jour.”
Vingt-cinq ‘business angels’ belges et néerlandais adhèrent à Volta Ventures, un nouveau fonds de capital-risque qui veut réunir 40 millions d’euros pour des investissements d’amorçage et précoces dans d’intéressantes entreprises ICT locales.
Outre les initiateurs Peter Hinssen (Across), Jan Vorstermans (Qunova, ex-Telenet), Jürgen Ingels (Clear2Pay), Jonas Dhaenens (Combell) et Guy Weyns (ex-Goldman Sachs et Morgan Stanley), l’on y trouve aussi des entrepreneurs technologiques tels Dries Buytaert (Acquia, Drupal), Alain De Taeye (TomTom) et Eric Van Zele (Barco), ainsi que des organisations comme iMinds.
Ce nouveau fonds sera dirigé par Filip Vandamme de Barco (où il est entre autres responsable des fusions et des rachats) et Frank Maene d’Hummingbird Ventures et Big Bang Ventures.
“Durant l’été dernier, les cinq initiateurs, conjointement avec Wim De Waele d’iMinds, ont effectué du brainstorming à propos du fameux vide de financement”, explique Vandamme. “Les starters dénichent souvent un peu d’argent chez des parents, des amis ou des fans, mais à partir de 250.000 euros, cela devient plus difficile. Le fait que les capital-risqueurs soient passés la décennie écoulée à des dossiers supérieurs débutant à 1,5 million d’euros, n’y est pas étranger.”
“Le problème du vide de financement représente donc une opportunité pour les ‘business angels’ qui veulent être actifs dans cette fourchette”, affirme le manager.
“C’est dans le but d’unir les forces et de renforcer les contacts informels existant déjà que Volta Ventures a été tenu sur les fonts baptismaux, un fonds professionnel offrant la valeur ajoutée d’un réseau de ‘business angels’. Les investisseurs injecteront de l’argent non seulement dans le fonds, mais feront aussi du coaching et aideront à organiser le flux d’affaires.”
L’objectif est de réaliser des investissements de 250.000 à 1 million d’euros pour une participation oscillant entre 20 et 40 pour cent. “Nous intervenons rapidement, lorsque les évaluations sont encore faibles et le risque important”, déclare en souriant Frank Maene. Les partenaires envisagent quatre à cinq projets par an et visent un portefeuille d’une vingtaine d’entreprises.
Erreur Pour Maene, il est du reste faux de croire qu’aucun moyen financier ne serait disponible dans notre pays. “L’année 2008 a certainement été marquée d’une pierre noire. Lehman Brothers et Fortis ont en effet entraîné la perte d’une partie du capital-risque des familles plus riches. Mais aujourd’hui, le pire est derrière nous. La crise est assimilée, et il y a de nouveau de l’argent.”
“C’est aussi une erreur que de prétendre que les entreprises débutantes ne peuvent croître que dans la Silicon Valley”, ajoute-t-il. “Il y a au Benelux d’innombrables starters prometteurs, et nous avons d’excellents incubateurs et accélérateurs. Pensez à iMinds, Nest’Up et Idealabs.”
“Il est effectivement question d’un moment favorable”, estime Vandamme. “Mais c’est surtout du côté des incubateurs et des accélérateurs que cela bouge. Du coté des fonds, l’offre est encore trop restreinte. Tous les starters issus des nombreux programmes en sortent les mains vides. Ils doivent encore être préparés au grand… vilain monde, mais ils doivent en même temps aussi pouvoir réagir rapidement et proposer dans les plus brefs délais un proof of concept.”
“La vitesse devient toujours plus importante, nous le savons également chez Volta Ventures et nous en tiendrons compte. Autrement dit, nous répondons donc à un besoin sur le marché. En combinaison avec les ‘angels’ de notre réseau, il s’agit d’une formule idéale.”
Business Insider Frédéric della Faille, le Bruxellois à l’initiative de l’appli FrontBack bien connue, est repris par le blog américain Business Insider parmi les 100 entrepreneurs technologiques les plus cool de la Silicon Valley. A New York, il a obtenu immédiatement de l’argent pour son premier projet CheckThis, alors qu’en Belgique, il n’avait, selon lui, trouvé aucun écho.
“Nombre de starters rejoignent les Etats-Unis, sans nous avoir jamais contactés”, argumente Maene. “Davy Kestens de Sparkcentral est de ceux-là, et Frédéric della Faille, qui est du reste quelqu’un de très compétent, je ne l’ai jamais rencontré à l’époque de CheckThis. Cela en dit assez long tant sur eux que sur nous.”
“Personnellement, je trouve abusif de s’en aller dès le premier jour à la Silicon Valley ou sur la côte est. Nos jeunes talentueux devraient débuter ici, en Belgique. C’est ce que nous visons avec Volta Ventures. Nous voulons donner une raison à nos starters de rester quelque peu plus longtemps chez nous.”
“La semaine dernière, j’étais encore en visite à la Belgian Chamber of Commerce de New York”, poursuit Vandamme. “Et nous y avons largement débattu des Belges qui s’en vont. Lorsque cela arrive au bon moment, cela peut être très sensé, personne ne le conteste, mais il ne faut pas pour autant délocaliser toute l’entreprise. Il est souvent même plus raisonnable de garder la recherche et le développement en Belgique.”
Israël Maene apprécie le modèle israélien, où les jeunes titulaires d’un diplôme universitaire peuvent, durant leur service militaire, appréhender les technologies les plus palpitantes et recevoir une solide formation technologique. “Une fois leur service militaire terminé, ces jeunes mettent à profit leur connaissance et se lancent dans une startup sécuritaire ou autre chose du genre.”
“Ces jeunes y créent quelque chose avec du talent local et une fois que cela commence à bien tourner, ils envoient leur CEO aux Etats-Unis, alors que le développement reste sur place. Voilà ce que nous visons ici également. Les ingénieurs belges sont techniquement aussi valables que leurs collègues américains, mais ils sont nettement plus économiques et loyaux. Nos pouvoirs ont aussi investi beaucoup d’argent dans leurs étudiants. Ce n’est quand même pas pour les voir prendre un avion pour rejoindre les USA!”
En Israël, la sécurité est un sujet brûlant, mais dans quels domaines nos Belges se distinguent-ils, eux? “Nous faisons des choses intéressantes dans la technologie financière, dans le stockage et dans les big data”, nous répond-on à l’unisson.
“Il y a aussi des initiatives intéressantes au niveau des festivals, alors que l’e-commerce commence à s’imposer. Il existe un assez bon inflow vous savez, ne vous y trompez pas, et les écosystèmes autour de Gand, Bruxelles et Louvain la Neuve commencent à afficher une certaine maturité. Cela crée une dynamique à laquelle nous pouvons réagir.”
Rendement Nous voulons encore savoir si un rendement de capital élevé au départ d’un investissement dans Volta Ventures est bien réaliste. Une nouvelle Facebook peut-elle naître en Belgique? “Il n’y a même pas besoin d’une nouvelle Facebook. Une WhatsApp ou une Airbnb suffirait déjà largement”, conclut Maene. “Ou une nouvelle Ogone, Immoweb ou Tele Atlas.”
“L’on ne peut oublier que l’on a connu de très beaux exits ces dernières années. Pensez à Massive Media, Storify, QLayer et Calatay & Wouters. La connaissance et l’expertise ne manquent pas non plus en Belgique. Pourquoi ne pourrions-nous pas nous aussi gagner le gros lot?”
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