Paris se décrète futur plus gros incubateur du monde
Attirer et regrouper un millier de start-ups au sein d’une même ruche d’innovation, c’est l’ambition de la Ville de Paris à travers un imposant chantier de rénovation de la Halle Freyssinet, une ancienne gare de marchandises.
Attirer et regrouper un millier de start-ups au sein d’une même ruche d’innovation, c’est l’ambition de la Ville de Paris à travers un imposant chantier de rénovation de la Halle Freyssinet, une ancienne gare de marchandises. Le trublion du business Xavier Niel (Free) est à la manoeuvre. San Francisco, Londres ou Berlin doivent-elles déjà trembler? Et Bruxelles?
Halle Freyssinet, Boulevard Auriol dans le 13e arrondissement de Paris, à deux pas de la Grande Bibliothèque (autre projet pharaonique) : c’est là que Paris se vante d’accueillir dès 2016 le “plus grand incubateur numérique au monde“, hébergeant un millier de start-ups.
La capitale française en compterait actuellement 2.000, trop disséminées selon les autorités, qui croient aux vertus de la proximité constatées à la Tech City de Londres, à Berlin ou bien sûr, modèle suprême, dans la Silicon Valley. Quelque 150 millions d’euros vont être investis dans cette ancienne gare de marchandises pour en faire un temple de l’entrepreneuriat technologique. La Ville de Paris y va de sa poche, ainsi que la vénérable Caisse des Dépôts et Consignations, mais le plus gros investisseur est privé : il s’agit de Xavier Niel, le “Steve Jobs français” qui, avec son groupe Iliad (mieux connu par sa marque Free), a introduit le “low cost” dans les télécoms françaises.
Outre des bureaux, les 30.000 m² de 1000 Start-ups@Freyssinet accueilleront des espaces dédiés comme des espaces de coworking, un fablab, un grand auditorium, des salles de réunions, des larges espaces de travail et … un immense bar restaurant ouvert 24h/24. Xavier Niel promet également toute une série de services taillés sur mesure pour les start-ups : conseils juridiques, bureaux comptables, etc.
Ce projet gigantesque doit, dixit le communiqué de presse, “permettre à la France de séduire les nouveaux talents, les créateurs et les investisseurs, et ainsi de rayonner dans le paysage numérique international.”
Usine à gaz ? Mais ce gigantisme pourrait aussi afficher certaines limites : “1.000 start-ups, c’est énorme. A partir d’une certaine taille, gérer le tout devient difficilement gérable. On ne peut plus parler d’accompagnement,” réagit à chaud Juan Bossicard, responsable du Cluster Software au sein de l’ABE (Agence bruxelloise pour l’entreprise).
Et de faire notamment référence à l’échec relatif du Plug & Play Tech Center dans la Silicon Valley, qui revendique plus de 300 start-ups, mais au prix d’un système de subsides via les différents pays qui y achètent des espaces. Une “usine à gaz” dit avoir constaté Juan Bossicard, où il y aurait autant de consultants que d’entrepreneurs et où les frais cachés sont multiples.
Sur le projet parisien, il s’interroge aussi sur l’accessibilité financière globale pour les starters : “Les bureaux seront peut-être abordables, mais faut savoir se loger à Paris …”
Le succès de Berlin comme centre d’attraction de start-ups est notamment dû à son marché immobilier abordable pour les jeunes entrepreneurs.
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