OPINION Bart Becks: Le ‘crowdfunding’, source d’oxygène?
Le ‘crowdfunding’, c’est le principe consistant à faire appel à des fans pour la réalisation de projets. Les fans aident non seulement à finaliser le financement, mais ils sont souvent aussi impliqués dans l’idée, dans la réalisation et dans le lancement.
Le ‘crowdfunding’, c’est le principe consistant à faire appel à des fans pour la réalisation de projets. Les fans aident non seulement à finaliser le financement, mais ils sont souvent aussi impliqués dans l’idée, dans la réalisation et dans le lancement.
Il existe 3 grands principes pour associer financièrement les fans.
Le plus connu permet en fait d’effectuer une sorte de prévente. Les fans achètent à l’avance votre produit, album, service ou prestation, et avec les moyens récoltés, vous pouvez réaliser le projet. C’est le principe le plus utilisé dans l’industrie créative. Il vous indique du reste aussi directement s’il y a de l’intérêt pour ce que vous voulez faire. Ce n’est généralement pas un indicateur commercial, car des projets qui n’auraient autrement aucune chance de réussir, obtiennent souvent le plus de soutien et de moyens.
Un autre principe est le ‘crowdfunding’ par le biais de prêts. Vous pouvez présenter un projet et grâce à ce qu’on appelle des micro-prêts, vous pouvez le démarrer ou lancer votre entreprise. L’organisation la plus fructueuse est kiva.org, qui a récolté entre-temps 270 millions en prêts, a soutenu quelque 800.000 projets et en est à 98,97% de pourcentage de remboursement. Elle vise l’Afrique, l’Amérique latine et l’Asie.
La troisième et nouvelle forme de ‘crowdfunding’ permet d’investir directement dans des projets ou entreprises. Ce n’est pas évident pour des starters d’obtenir un prêt ou de trouver des investisseurs et donc, il est intéressant de s’adresser directement aux personnes proches. Ce n’est pas nouveau. Avant, l’on appelait cela les 3 F: Friends, Family & Fools. Grâce aux informations que vous pouvez à présent donner de manière transparente, cela évolue en ‘Friends, Family & Fans”.
Cette dernière initiative offre énormément de possibilités. Pensez aux milliards qui dorment sur des livrets d’épargne. Même les entreprises du BEL20 vont actuellement chercher leurs moyens chez les citoyens par le truchement d’emprunts obligataires. Pourquoi les entreprises débutantes, qui trouvent malaisément des moyens ailleurs, ne le feraient-elles pas? Cette nouvelle forme d’investissement peut être une énorme source d’oxygène pour nos entrepreneurs et esprits créatifs débutants, pour quiconque a besoin de moyens. Comme je l’ai déjà écrit précédemment, ‘il y a de la vie dans notre pays’.
Pour conférer une solide base au ‘crowdfunding’, surtout à sa troisième forme, où les investissements sont autorisés, il est nécessaire de délimiter un cadre valable. L’investisseur ne récupérera pas son investissement en recevant son produit ou service, ou en remboursant un prêt, mais bien par le biais de dividendes, vente ou entrée en Bourse de l’entreprise, ou encore si quelqu’un rachète ses actions. La durée sera donc plus que vraisemblablement quelque peu plus longue, et il faut aussi partir de l’idée que seul un certain nombre de starters rencontreront leur succès. Il est donc important que le fan soit correctement informé à propos du fait qu’il s’agit d’investissements à gros risque. Aux Etats-Unis, une proposition vient d’être approuvée, que la SEC (le contrôleur boursier américain) est à présent en train de convertir. Aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, il existe déjà un cadre. Je suis du reste convaincu que pour beaucoup de fonds, de banques et d’autres instances, le principe du ‘crowdfunding’ peut être une manière unique d’associer par la suite des prêts, investissements ou d’autres soutiens complémentaires. Le marché, les consommateurs, les experts et ‘la crowd’ en auront alors une image très claire, ce qui se traduira en réalité par une espèce de validation du marché.
L’on progresse aussi en Belgique. Même si la première initiative m’a plongé dans le désespoir. Il s’agissait d’une proposition parlementaire visant l’importation d’une entreprise néerlandaise avec des subsides flamands pour la mise en oeuvre d’un modèle… déficitaire. Nous allions donc non seulement créer un concurrent aux initiatives belges avec de l’argent public, mais nous allions aussi le subsidier. La prochaine étape de ce raisonnement absurde aurait pu être de faire gérer directement par la France et les Pays-Bas les moyens culturels wallons et flamands…
Mais plusieurs autres nouvelles initiatives sont heureusement nettement plus probantes. Peter Van Rompuy, sénateur belge et fils du Président européen Herman Van Rompuy, a ainsi proposé d’augmenter de 100.000 EUR la limite du ‘crowdfunding’ à 1 million EUR, tout comme dans les pays qui nous entourent. Il cible un modèle équilibré, où les consommateurs seront bien informés, mais où nous soutiendrons au maximum la vague prometteuse des nouveaux entrepreneurs.
En outre, il y a aussi du soutien et de l’intérêt en provenance de différents coins. Les ministres flamandes Lieten et Schauvliege recherchent ainsi des solutions pour promouvoir l’innovation, la créativité et l’entreprenariat culturel, et cela bouge aussi du côté de la NV-A et de l’Open VLD. Benoit Cerexhe et Jean-Claude Marcourt se dépensent également sans compter pour soutenir les entrepreneurs et développent des idées intéressantes dans le domaine! Même si je ne dévoilerai jamais le contenu d’entretiens confidentiels, je peux quand même dire que la Wallonie mise énormément sur l’innovation et les jeunes entrepreneurs, mais c’est là un sujet que j’aborderai la prochaine fois, lorsque j’en aurai terminé avec mon Tour de Wallonie’.
La clé se trouve probablement chez le ministre des finances Steven Vanackere. En dehors d’un cadre élargi, la solution peut en effet résider dans un principe de tax-shelter (incitant fiscal), qui représente une énorme plus-value pour l’industrie cinématographique, qui crée une gigantesque impulsion pour la musique, la mode et d’autres domaines créatifs. Mais aussi pour le monde des startups. En Grande-Bretagne, un incitant fiscal a ainsi été appliqué aux investissements consentis dans les entreprises débutantes. C’est du reste considéré comme l’une des raisons pour lesquelles Londres, tout comme Berlin d’ailleurs, est en train de devenir l’un des centres européens d’entreprises débutantes.
Peut-être y a-t-il ici de fantastiques possibilités non seulement pour nos entreprises créatives et nos starters innovants, mais aussi pour notre pays qui pourra jouer un rôle de précurseur à l’échelle européenne!
Bart Becks est co-fondateur de SonicAngel.com, FilmAngel.TV et Angel.ME. En outre, Becks est président du conseil d’administration de l’IBBT et administrateur de RMB/RTBf. De plus, Bart est/a été impliqué dans un certain nombre de startups, telles Storify, Netlog, Mobile Vikings, Zamante et InThePocket. Précédemment, il fut CEO de Belgacom Skynet et Vicepresident Innovation & New Media du groupe de médias paneuropéen SBS/ProSiebenSat1. Il habite alternativement en Belgique et à Los Angeles avec son épouse et son fils Charlie. Connect: @bartbecks – bart@sonicangel.com – www.flyingchaz.com
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