Musimap prévoit ce que vous voulez écouter
Ils sont innombrables les sites web et les applications qui tentent d’approfondir vos goûts musicaux pour pouvoir ensuite vous proposer du contenu qui devrait vous plaire. L’entreprise belge Musimap s’est lancée elle aussi en quête du Graal et prétend s’en être rapprochée davantage que les autres. Il ne lui reste plus à présent qu’à convaincre Spotify, Apple Music et les autres acteurs en vue.
“L’on sort énormément de musique de tous genres”, déclare le CEO de Musimap, Vincent Favrat, comme pour enfoncer une porte ouverte. “Chaque semaine, ce sont des milliers de chansons qui apparaissent, dont cinq pour cent représentent nonante pour cent de toute la musique vendue. Cela signifie que les 95 pour cent restants de la production musicale ne trouvent pas acquéreur. C’est à cette contradiction que nous voulons nous attaquer en offrant aux gens la musique qu’ils aiment.”
En résumé, tout comme Pandora, The Echo Nest de Spotify, Last.fm, etc., etc., Musimap entend aussi élaborer au moyen d’algorithmes des sélections musicales (playlists) ou des radio personnalisées susceptibles de proposer à l’utilisateur, sur base de ses goûts musicaux, de nouvelles choses ou des choses inconnues qui pourraient lui plaire. Mais comment numérise-t-on un goût? Telle est la question sur laquelle tous les concurrents se sont plus ou moins cassé les dents. Pierre Lebecque, à l’origine de Musimap, a lui trouvé la solution dans les sciences douces.
Favrat: “Alors que d’autres tels Pandora n’ont adopté qu’une base scientifique pure et dure – nombre de ‘beats’ par minute et divers autres éléments mesurables -, il a pris conscience qu’il fallait aussi s’intéresser au côté émotionnel. Et nous avons donc fait analyser un million de chansons-clés de l’histoire de la musique non seulement par des spécialistes IT, mais aussi par des sociologues, des psychologues et des neurologues qui ont chacun effectué des subdivisions en fonction des émotions et des humeurs, ainsi que par des musicologues qui se sont intéressés aux influences. Ce faisant, chaque chanson a fait l’objet de pas moins de 55 paramètres qui nous ont permis de développer un réseau de caractéristiques. Nous n’avons plus qu’à charger les nouvelles chansons et qu’à les faire comparer avec ces références pour les faire analyser de manière semi-automatique car les cas ardus sont encore et toujours examinés par des humains.”
Musimap analyse les informations disponibles sur des sites musicaux spécialisés et tient compte de cette richesse d’information pour établir des mot-clefs complémentaires de sa lexicologie sur un groupe, un artiste ou des chansons spécifiques.
“Nous pouvons ainsi encore mieux développer les influences et les relations”, affirme Favrat. “Ajoutez cela aux données qui nous recevons avec l’autorisation de l’utilisateur – genre de musique dont il dispose sur son téléphone ou ordinateur, où et quand il l’écoute -, et nous pouvons parfaitement réagir à ce qu’il veut écouter. Si nous savons que l’utilisateur aime par exemple écouter de la musique classique le dimanche midi, nous en tenons compte.”
Ces dernières années, Musimap a collecté quelque 2,2 millions d’euros auprès de membres de la famille, d’amis et de business angels, qui ont été principalement investis dans le développement du système d’analyse. “A un moment donné en 2012, nous avons certes envisagé de créer notre propre service de diffusion, mais au terme d’une phase de test bêta, nous y avons renoncé. Cela aurait coûté entre 10 et 15 millions d’euros, ce que nous ne pouvions nous permettre. Nous nous sommes concentrés alors sur ce que nous faisons de mieux: mettre au point la technologie sous-jacente.”
A présent que cela est fait, Musimap doit tenir sa promesse et générer des rentrées par des licences. “Radios numériques, services de diffusion, agences de publicité, restaurants et commerçants: ce sont tous des clients potentiels”, déclare le CEO. “L’objectif est d’arriver à convaincre de notre compétence les acteurs en vue, mais en attendant, nous avons déjà conclu de plus petits accords avec Intelligent Headset, Sounderbox et Rendez-Vous Digital notamment. Nous sommes actuellement aussi en négociation avec de grands groupes de médias.”
Et maintenant? D’autres investissements sont-ils nécessaires? Favrat a des doutes: “Nous n’avons en tout cas que faire de l’argent pour de l’argent. Le produit existe et avec les premiers contrats, nous pouvons réaliser un chiffre d’affaires. Mais il peut être évidemment intéressant de pouvoir effectuer une entrée accélérée sur le marché par le truchement de rachats de plus petits concurrents. Dans cette optique, nous nous sommes tournés entre autres vers l’événement finnois Slush, le salon des investissements dans les jeunes entreprises technologiques. Si des partenaires se manifestent pour effectuer ce genre d’investissements stratégiques, l’on peut en effet à coup sûr en parler.”
Passeport
Appellation: Musimap
Siège social: Liège
Nombre d’associés: onze
Capital: à la recherche d’investisseurs stratégiques
Site web: www.musimap.com
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