Le ‘sniper gantois’ des avocats M&A lève 1,6 million d’euros 

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Pieterjan Van Leemputten

Structize.ai, une start-up créée il y a un an, lève son premier capital externe et se rebaptise Emma Legal. Grâce à sa technologie, elle vise à réduire les formalités administratives liées aux rachats et ainsi à alléger la charge des avocats spécialisés en fusions et acquisitions (M&A). 

L’investissement d’1,6 million provient de 6 Degrees Capital, basée à Londres, et d’Entourage Capital, établie en Belgique. L’entreprise souhaite utiliser cet argent pour développer plus avant son produit et renforcer sa présence commerciale. Elle prévoit de lever une nouvelle levée de fonds d’ici un à deux ans. 

Dans le même temps, l’entreprise change également son appellation Structize.ai pour devenir Emma Legal, un jeu de mots basé sur M&A (‘mergers & acquisitions’), le domaine dans lequel elle souhaite utiliser son IA. Quiconque rachète une entreprise, doit être sûr des risques et des pièges possibles. Il s’agit généralement là du travail d’une équipe juridique, mais Emma Legal promet de le faire plus rapidement et mieux. 

Les fondateurs Pieter Buteneers (CTO) et Rick van Esch (CEO) n’en sont pas à leur coup d’essai. En 2018, ils avaient en effet fondé Chatlayer.ai, une plateforme SaaS pour les chatbots et voicebots, qui a été revendue à la suédoise Sinch en 2020 pour 6,7 millions d’euros. Entre-temps, Buteneers avait lancé une nouvelle start-up, Transfo.energy, mais la révolution de l’IA générative a réuni le duo pour une nouvelle aventure: analyser la paperasserie contractuelle des entreprises, une tâche complexe et peu attrayante qui, selon eux, peut être accomplie beaucoup plus rapidement et plus facilement. 


Les origines de Emma Legal remontent à la vente de Chatlayer.ai. À l’époque, il faudra des semaines pour mener l’audit, ce qui a incité les fondateurs à se demander comment cela se passait dans les grandes entreprises. « En fait, c’est la frustration que nous avons ressentie qui est à la base de Emma Legal », confie Buteneers.

« En 2020, il n’y avait pas d’alternative que de faire ce travail manuellement. Aujourd’hui, 5 ans plus tard, les LLM se révèlent particulièrement adaptés à la collecte d’informations dans de très gros volumes de textes pour les résumer et présenter la ‘due diligence’ dans les M&A [mergers & acquisitions, fusions et acquisitions, NDLR], explique encore Buteneers. Si vous rachetez une entreprise, vous voulez vous assurer qu’il n’y a pas anguille sous roche. Risques, dettes, contrats spécifiques, etc. Actuellement, tout cela est vérifié par une équipe d’avocats qui passent de 4 à 5 semaines à temps plein pour éplucher tous ces documents et établir un rapport de synthèse sur les risques majeurs. Il est par ailleurs très difficile pour des bureaux d’avocats de trouver les bonnes compétences tandis qu’il faut plusieurs années pour bien maîtriser cette matière. »

D’où l’idée de Emma Legal. La startup vise à structurer l’énorme montagne de données, sous forme de documents Word, tableaux Excel, PDF, photos et scans de contrats pour proposer des analyses et rechercher en parallèle les clauses spécifiques susceptibles de présenter un risque.

« Il y a mille et une choses auxquelles il faut faire attention. Par exemple une clause ‘change of control’. Vous avez un client, mais peut-être son contrat prévoit-il une clause qui l’autorise à quitter en cas de rachat. Si vous rachetez cette entreprise pour ses clients (même partiellement), il s’agit d’un risque et qu’une approbation est nécessaire. Dans le cas de fournisseurs SaaS, vous devez vous assurer que la propriété intellectuelle que vous avez sur ce que votre développeur ou indépendant écrit peut être transférée à l’entreprise, sans quoi vous achetez une boîte vide. Ce sont de telles clauses que nous allons analyser automatiquement pour cartographier les risques. »

« Nous avons déjà connu des situations chez des clients où leur équipe juridique n’avait pas remarqué certaines choses que Emma Legal avait identifiées. »

Certes traité, mais pas stocké

Différents modèles d’IA constituent le fondement de la technologie. « Nous avons recours aux LLM des grands acteurs, essentiellement OpenAI et Antropic, outre certains modules de Mistral sur lesquels nous greffons une couche supplémentaire. » L’objectif et d’éviter que l’IA commence à halluciner ou à produire des résultats non fiables.
Mais les rôles sont parfois inversés. « Nous avons déjà connu des situations chez des clients où leur équipe juridique n’avait pas remarqué certaines choses que Emma Legal avait identifiées. Grâce à notre technologie, les responsabilités et les risques peuvent être mieux couverts. »

Sachant que le risque existe que ces entreprises cherchent à exploiter vos données pour entraîner leurs systèmes, Emma Legal a trouvé la parade : les modèles tournent en Europe dans un environnement fermé. « Azure [l’environnement cloud de Microsoft, NDLR] propose par exemple un module spécifique qui permet d’utiliser OpenAI, mais sans que les données soient stockées sur leurs serveurs. Les données sont uniquement traitées et le résultat est transmis. Dans la version gratuite, vos propres données sont utilisées pour entraîner leur plateforme et dans la version payante, vos données vont encore toujours aux États-Unis. Dans notre cas, vos données sont stockées dans un centre de données en Suède où elles sont protégées, car il s’agit toujours d’informations très confidentielles. »

Emma Legal

Fondée: mars 2024
Nombre d’employés: 2 fondateurs et 1 développeur
Capital levé : (pas encore), mais l’entreprise fonctionne pour l’instant sur les fonds propres des fondateurs.

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