Le chatbot Emma entend prévoir les risques pour votre santé
Une nouvelle plate-forme numérique, qui a été présentée hier soir à Gand, entend conscientiser davantage les gens sur leur état de santé en prévoyant les risques d’infections chroniques.
La plate-forme est une initiative de Servaas Bingé, docteur en médecine sportive chez Lotto-Soudal, et de l’entrepreneur technologique Jelle Van De Velde. Ce dernier a déjà fait parler de lui en créant Playlane, une start-up qui fut rachetée il y a cinq ans par Cartamundi.
Il y a quelques années, lorsque Van De Velde était encore CEO de Cartamundi Digital, il avait dû pour une agréation sportive demander conseil à Bingé. Les deux hommes se mirent à parler de données. “Les médecins s’intéressent trop à la façon dont les gens meurent et trop peu à la façon dont ils vivent”, avait alors expliqué le docteur du sport. Bingé, qui croit fortement dans l’importance de la prévention, fit aussi observer que quatre-vingts pour cent de ses activités pouvaient parfaitement être confiés à un ordinateur, ce qui incita l’entrepreneur Van De Velde à réfléchir sur le sujet. “Que se passerait-il, si je plaçais la tête de ce médecin dans un ordinateur?”, se demanda-t-il.
Les deux hommes se rencontrèrent ensuite encore plusieurs fois afin d’échanger des idées. Ces entretiens débouchèrent alors sur Emma, l’acronyme d’Empower people through medical autonomy. Tel est précisément l’objectif d’Emma Health: fournir aux gens les moyens de vivre plus sainement sur base de leurs données corporelles.
Chatbot
Ces données sont collectées de différentes manières. C’est ainsi qu’une partie d’entre elles peut consister en des données objectives provenant d’examens cliniques ou de bio-marqueurs. Des infos issues d’instruments tels des ‘trackers’ peuvent aussi venir s’y ajouter – Emma collabore par exemple avec Fitbit.
Une autre partie des données est réunie par ce qu’on appelle un ‘chatbot’. “Ce dernier est conçu sur base d’arbres de décision médicalement validés”, explique Van De Velde. “Nous ne voulons pas encore utiliser l’expression ‘intelligence artificielle’ car actuellement, le chatbot n’apprend pas encore de lui-même, mais cela arrivera à coup sûr.”
Analyse des risques
Sur base de toutes ces données combinées, l’utilisateur obtient une première analyse provisoire des risques pour les cinq maladies chroniques et pour les burn outs. En complément, les examens nécessaires sont effectués par une équipe médicale (dans un centre Emma Health ou chez les entreprises participantes elles-mêmes), afin de passer complètement en revue les risques.
Tout cela forme la base de conseils personnalisés et médicalement validés. C’est ainsi que la plate-forme propose une aide de première ligne en matière d’alimentation, de sommeil, de mouvements et de résistance mentale. L’utilisateur décide lui-même s’il veut suivre le programme numérique proposé ou s’il souhaite faire appel à un diététicien, à un médecin ou à un spécialiste.
Van De Velde explique qu’il est lui-même en train d’adapter son style de vie, après qu’Emma ait constaté chez lui un risque légèrement trop élevé de cancer intestinal. “Aucun médecin ne me l’avait jamais dit, ce qui n’est pas étonnant: les docteurs consacrent leur temps à résoudre les problèmes de leurs patients. Ils ne vont pas passer deux à trois heures à cartographier les risques médicaux de quelqu’un de sain.”
Modèle commercial
La start-up compte sur mille testeurs d’ici la fin de cette année. Dans une première phase, Emma Health sera proposée par le biais des employeurs. Nombre d’entreprises, dont KBC et CM, ont déjà promis de déployer la plate-forme pour leurs collaborateurs.
Les fondateurs de la start-up ont choisi de ne pas faire appel à l’INAMI pour les coûts liés au screening médical et aux analyses des risques. En lieu et place, ils se tourneront vers les employeurs. “Les employés malades de longue durée ou en burn out coûtent beaucoup d’argent à leur entreprise. Il y va donc de l’intérêt de ces dernières de soutenir des initiatives en vue d’améliorer la santé et le bien-être de leur personnel. Beaucoup d’entreprises en sont conscientes à présent, et je pense que la société y mettra aussi toujours plus la pression à l’avenir”, poursuit Van De Velde.
Respect de la vie privée
Il insiste en outre sur le fait que ces données médicales n’aboutiront jamais chez l’employeur ou chez des tiers: “Non, toutes les données resteront évidemment la propriété de l’utilisateur. La majorité de notre investissement est du reste consacré au respect de la vie privée.”
“Cette plate-forme est absolument parée pour le GDPR européen”, ajoute l’avocate d’Emma, qui est aussi membre de la commission de consultance juridique de la ministre de la santé publique De Block. “Nous considérons les nouvelles lois européennes en matière de protection de données comme un élément positif.”
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