“La Silicon Valley, c’est notre plus grand cauchemar”
L’écosystème technologique est peut-être moins bien développé à New York que dans la Silicon Valley, mais cela n’enlève rien aux avantages offerts par la ville. Voilà du moins ce que pensent deux Belges qui travaillent pour une grande entreprise technologique à Big Apple.
Les jeunes Belges Olivier Zimmer (32 ans) et Tom Sercu (26 ans) sont tous deux actifs au sein d’une grande entreprise technologique américaine établie à New York. Durant la mission des start-ups organisée cette semaine dans cette méga-cité de la côte est des Etats-Unis, ils nous ont expliqué quelque peu leur vie et l’écosystème technologique local.
“Cet écosystème est certes moins bien développé que dans la Valley”, indique Zimmer. “Mais New York est la capital financière du monde, et tout l’argent y est collecté. New York constitue également un environnement nettement plus international que San Francisco, qui attire surtout des hommes blancs et asiatiques.”
“L’influence des Européens est en effet plus importante à New York”, approuve Sercu. “Ne serait-ce que dans les domaines musical et artistique. Toutes les cultures convergent ici, la ville est nettement plus diversifiée.”
“Dans la Silicon Valley, les gens vivent dans une bulle”, explique Zimmer. “Je me pose d’ailleurs la question de savoir comment l’on peut prétendre résoudre les problèmes du monde, lorsqu’on vit dans ce genre d’environnement protégé. A New York, il suffit de prendre le métro pour découvrir le monde, les riches et les pauvres, les noirs et les latinos. Les frictions générées par ces contrastes stimulent la créativité de manière incroyable. La Valley, c’est mon plus grand cauchemar! (rire)”
Tom Sercu estime même que la dynamique va se déplacer de San Francisco vers New York: “Dans les années ’70, New York, c’était la cata: le crime y prospérait, et la ville accusait un sérieux retard. Ces quinze dernières années, l’on a assisté à un énorme retournement de situation. Désormais, la ville a le vent en poupe, même sur le plan technologique. La ‘fintech’ et la ‘fashion-tech’ sont tendance à New York, tout comme tout ce qui touche à l’alimentation et aux médias.”
Succès
Olivier Zimmer, qui travaille depuis 2011 déjà pour le même géant technologique, y a pu faire rapidement carrière. “La différence avec la Belgique est énorme. Si à Bruxelles, vous pouvez réaliser un petit projet pour une région du pays, c’est déjà toute une affaire. Mais si vous avez ici une idée intéressante, vous pouvez directement la déployer dans tout le pays. Si ça marche, c’est le monde qui s’ouvre à vous.”
“L’on reçoit énormément d’opportunités aux Etats-Unis”, ajoute Zimmer. “Parfois même naïvement. Mais quand la réussite est au rendez-vous, le monde est à vos pieds. Et en cas d’échec, vous retombez rapidement sur terre. Ici, commettre une erreur ne pose absolument aucun problème. Un jour, vous êtes dans le trou et le lendemain, the sky is the limit.”
Le fait de vivre à un rythme accéléré et de devoir suivre le mouvement sous peine d’être irrémédiablement distancé, n’est cependant pas donné à tout le monde. Chez les Belges de Collibra, certains se posent par exemple des questions à propos de la façon rapide, voire trépidante de vivre, ainsi qu’à propos de l’impitoyable course par élimination qu’est devenue la vie dans cette méga-cité.
Pour vous donner une idée, quiconque entend mener une vie plus ou moins confortable à New York, a quand même besoin d’un salaire familial annuel de 250.000 à 300.000 dollars au minimum. Sur ce plan, il n’y a donc guère de différence avec le nirvana technologique que sont San Francisco et la Silicon Valley.
“La vie est ici tellement chère que l’on n’a guère l’occasion de souffler avec moins de 250.000 euros par an pour une famille de quatre personnes”, nous a ainsi affirmé l’un des Belges qui travaillent dans la Big Apple. “Si vous avez une famille, mieux vaut donc chercher d’autres endroits plus calmes.”
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