Helpilepsy, la startup qui explore l’épilepsie
Parmi toutes les maladies, l’épilepsie est l’une des plus difficiles à traiter. Pour baser les soins à tout le moins sur des données claires, la start-up bruxelloise Helpilepsy a conçu un outil, qui enregistre les crises et fournit ainsi au neurologue une vision du problème.
‘Une personne sur cent souffre d’épilepsie’, explique Jonathan Schreiber, le CEO d’Helpilepsy. ‘Or cette maladie exerce un impact assez lourd sur sa vie. Trente à cinquante pour cent des patients doivent en effet faire face à des crises et ce, malgré les médicaments. Et c’est sans parler des sérieux effets secondaires et des co-morbidités comme la dépression, dont souffrent de nombreuses personnes avec de l’épilepsie. Un traitement correct s’avère donc indéniablement important. Il n’empêche que tout cela reste pour le neurologue un processus fait d’essais et d’erreurs: il existe en effet un grand nombre de molécules qui peuvent agir. Le tout est de savoir lesquelles, et dans quelle combinaison, conviennent le mieux à chaque patient.’
Pour déterminer si un traitement conviendra ou non, le neurologue doit se baser sur les dires du patient lors de ses visites tous les trois ou six mois. ‘Et on observe bien vite que les crises sont oubliées ou que durant les vingt minutes que dure en moyenne un rendez-vous, on s’occupe davantage de ce qui s’est passé précédemment que ce qui attend le malade dans le futur. En aidant les personnes avec de l’épilepsie à tracer elles-mêmes leur maladie, elles vont pouvoir fournir automatiquement à leur neurologue les données de leurs récentes crises, afin qu’il puisse en disposer directement au début de l’entretien. La plate-forme proposera en effet aussi un questionnaire au patient en préliminaire à une visite, et le neurologue aura sur un tableau de bord web un aperçu de tout ce qu’il doit savoir.’
La solution d’Helpilepsy se compose d’une plate-forme numérique, sur laquelle les personnes atteintes d’épilepsie peuvent enregistrer chaque crise et ajouter d’éventuels commentaires. ‘Idéalement, nous l’associons cependant à un appareil qui détecte automatiquement une crise, afin que nous disposions non seulement de l’acuité de la crise, mais aussi de données qualitatives sur son intensité, ou de l’endroit, où elle a eu lieu. Provisoirement, notre plate-forme fonctionne déjà avec le NightWatch, un wearable clinique qui contrôle les mouvements et le pouls des patients dans leur sommeil, mais nous envisageons aussi de la rendre compatible avec l’iWatch ou le Fitbit. Ces instruments sont moins précis que le NightWatch, mais peuvent néanmoins fournir aussi des données contextuelles, comme la qualité du sommeil.’
A terme, Schreiber souhaite en arriver à une appli également capable de prévoir les crises: ‘Si sur la base de ces données, on peut savoir quand les crises se manifesteront et associer ces infos au style de vie du patient, comme par exemple un sommeil difficile, on pourrait avertir s’il y a un risque de crise imminente.’
Telle est l’approche qu’Helpilepsy veut suivre, selon Schreiber, pour devancer la concurrence. ‘Les concurrents, ce sont généralement des applis agendas pures, qui aident les personnes avec de l’épilepsie à tenir à jour leurs crises. Nous, nous privilégions une approche holistique qui couvre tout le trajet de soins. C’est ce qui explique la combinaison avec les wearables et le fait nous puissions également intégrer les données dans le Dossier Electronique du Patient.
Helpilepsy est actuellement déjà utilisée par cinq neurologues spécialisés dans l’épilepsie, qui proposent à leurs patients d’y avoir recours. ‘C’est là le modèle commercial que nous prenons comme base’, affirme Schreiber. ‘Les hôpitaux ou les médecins s’acquittent d’une licence et permettent à leurs patients d’utiliser Helpilepsy. L’appareil éventuel que nous voulons y associer, ils devront toutefois l’acheter eux-mêmes.’
En ciblant d’autres épileptologues spécialisés, la startup entend à présent continuer de croître, y compris à l’étranger. ‘D’abord en France et aux Pays-Bas, mais nous envisageons aussi la Grande-Bretagne’, explique Schreiber. ‘Et un mini-projet pilote est même déjà en cours auprès d’un neurologue aux Etats-Unis. On voudrait donc mieux nous faire connaître là aussi.’
Des moyens financiers sont nécessaires dans ce but. Helpilepsy est en fait sortie d’un hackathon organisé par l’entreprise pharmaceutique UCB, pour ensuite devenir une spin-off de la startup bruxelloise studio Make It. ‘Cette dernière est encore et toujours coactionnaire’, précise encore le CEO. ‘Mais entre-temps, nous avons aussi accueilli à notre bord un business angel qui a investi 20.000 euros – il nous a aussi aidé au niveau du développement -, alors que l’imec et BlueHealth Innovation Fund ont également fait leur entrée. A présent, nous préparons une phase de capitalisation de quelque 500.000 euros, pour laquelle nous ciblerons peut-être un capital-risqueur.’
Helpilepsy
Siège social: Schaerbeek
Nombre d’associés: 4
A la recherche de capital supplémentaire?: Oui, 500.000 euros sont recherchés.
Site web:www.helpilepsy.com
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