Faire de Tech City un succès de longue durée
Au cours des dernières années, Inner East London est devenu un centre bouillonnant de l’économie numérique. Reste à savoir comment cette Tech City peut encore être stimulée pour devenir une réussite de longue durée.
Au cours des dernières années, Inner East London est devenu un centre bouillonnant de l’économie numérique. Reste à savoir comment cette Tech City peut encore être stimulée pour devenir une réussite de longue durée.
Là où des voiliers comme le Cutty Sark, l’inspirateur de la marque de whisky bien connue, débarquaient autrefois leur cargaison, il règne à présent “une ambiance que l’on ne retrouve même pas dans la Silicon Valley!“. Avec la proximité des Jeux Olympiques, Tech City met encore davantage en exergue ses réalisations et ses attentes et ce, malgré quelques froncements de sourcils de tiers.
En avant pour la croissance
Pour Eric Van Der Kleij, CEO démissionnaire de la Tech City Investment Organisation (TCIO) et qui se qualifie lui-même d”entrepreneur in residence’, l’important, c’est que toute cette zone vise la croissance et la génère aussi. “Lorsque le nouveau gouvernement [conservateur] a été constitué, nous avons recherché un secteur qui pouvait être stimulé et qui était capable de produire une croissance à deux chiffres avec un faible apport en capital.” Pour les six années à venir, l’on compte sur une croissance de quasiment 11 pour cent.
L’initiative Tech City proprement dite date de fin 2010, lorsqu’il s’est avéré que la zone autour de Shoreditch – alias ‘Silicon Roundabout’ en raison d’un important rond point proche – constituait depuis des années déjà un pôle d’attraction pour de petites entreprises créatives dans le domaine technologique/numérique. Attirées par l’immobilier bon marché et la proximité de clients dans le secteur financier, des centaines de ces entreprises ont donc démarré à cet endroit. Et ce nombre est même supérieur à ce que l’on imaginait, selon Van Der Kleij, car “l’année dernière, nous pensions en arriver à 770, mais nous n’en étions pas certains. Selon un rapport du groupe Demos, il semble toutefois y en avoir 3.000 environ.”
Par ailleurs, la croissance est relative et la possibilité existe assurément que la Tech City dilapide le capital-risque disponible, avant de retomber comme un soufflé, à l’image de la bulle ‘.com’. Van Der Kleij réagit aussitôt à ces allégations en déclarant: “Ce n’est pas le gouvernement qui a créé Tech City. La zone était déjà un succès. La base est constituée par les centaines d’entreprises qui vivent ici et fournissent des services au monde économique. Il s’agit d’une plate-forme plus puissante qu’un phénomène basé purement sur du capital-risque, car elle repose sur le chiffre d’affaires d’entreprises normales.” Des entreprises qui continuent d’étendre aussi leur éventail d’activités.
En outre, les autorités offrent certes leur aide, mais sans s’y mêler elles-mêmes trop de façon directe. C’est ainsi que seuls 10 pour cent de taxe sont prélevés sur les 10 premiers millions de livres que les investisseurs tirent de la vente des entreprises. Et depuis peu, il y a un avantage fiscal spécial pour quiconque investit à des stades particulièrement précoces dans ces entreprises et ce, dans le cadre de ce qu’on appelle le ‘Seed Enterprise Investment Scheme’ (SEIS).
Investir en interne
La croissance peut aussi générer trop de succès, et l’on se plaint aujourd’hui déjà des prix en hausse et du manque d’espace de bureaux dans la zone initiale de Tech City. Pour la TCIO, il est dès lors question de stimuler aussi la croissance dans d’autres quartiers de Londres, en faisant appel à l’outil TechCityMaps pour suivre l’évolution organique de la zone. TechCityMaps indique notamment sur la base du trafic Twitter en temps réel quelles entreprises entretiennent des contacts avec quelles autres et à quel propos, y compris leurs emplacements. Il en ressort que Tech City prend lentement de l’ampleur, avec aux extrémités pas mal d’activité de développeurs de projets qui préparent des bâtiments.
Pour ce qui est de la TCIO, l’organisation entend ne pas se confiner à des limites fixes, mais est incitée à poursuivre sa croissance en direction de la zone olympique à proximité de Stratford. Elle compte dans ce but sur les investissements qui y ont été consentis, comme l’accès au haut débit et l’infrastructure des transports.
Des points d’interrogation surgissent cependant, notamment dans le rapport susmentionné de la cellule de réflexion Demos, ‘A tale of Tech City: The future of Inner east London’s digital economy’ .
Outre le souci des coûts en hausse de l’espace disponible, les participants à cette étude se plaignent aussi de difficultés à trouver du personnel adéquat. Van Der Kleij a beau affirmer que le talent numérique est attiré par Tech City, comme le sont les acteurs par Hollywood, et qu’il y a d’autres atouts proches, comme des pubs et autres, d’aucuns se plaignent néanmoins dans l’étude de curriculums inadaptés dans des instituts de formation (manifestement une plainte universelle). Par ailleurs, les autorités prêtent leur concours en proposant davantage de ‘visas d’entrepreneur’ à quiconque souhaite venir en Grande-Bretagne (ce qui n’est pas nécessaire pour des citoyens intéressés de pays comme la Belgique).
Le rapport révèle aussi que les nouvelles entreprises ne deviennent pas forcément ‘matures’, ce qui indique que “les entrepreneurs existants sont assurément meilleurs dans la création d’idées que dans la conversion de startups en entreprises.”
Le rapport recommande à la TCIO de ne pas tant attirer des investissements externes (étrangers) que d’investir dans des services complémentaires au sein du cluster. Pour ce qui est de l’endroit, Demos n’envisage pas tant le succès dans une extension vers Straford que dans une revalorisation de l’espace disponible dans la zone actuelle. Et dans davantage d’investissements dans la connectivité et dans les réseaux humains, en accordant de l’attention au ‘mentoring’.
Van der Kleij estime que la TCIO planche déjà sur pas mal de ces recommandations. Finalement, selon lui, l’objectif est d’en arriver à un “écosystème autosuffisant de petites entreprises complémentaires, d’infrastructures, d’accès au capital et de clients”.
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