Facebook en Belgique pour du lobbying européen
Saviez-vous que Facebook dispose aussi d’une filiale en Belgique? Elle n’occupe que 2 personnes, mais l’entreprise du réseau social entend rapidement doubler ce nombre. L’activité principale dans notre pays consiste à nouer des contacts avec l’Europe.
Saviez-vous que Facebook dispose aussi d’une filiale en Belgique? Elle n’occupe que 2 personnes, mais l’entreprise du réseau social entend rapidement doubler ce nombre. L’activité principale dans notre pays consiste à nouer des contacts avec l’Europe. L’entreprise américaine Facebook est représentée dans notre pays par deux personnes. Leur activité principale n’est pas tant de vendre des publicités, puisque c’est la filiale installée à Amsterdam qui s’en charge. Le modeste bureau situé à proximité de Bruxelles Schuman sert plutôt pour Facebook de base d’entretiens, de connexions et de lobbying avec l’Europe. Voilà ce qu’a expliqué Erika Mann lors du VIP Evening de Beltug.
Mann est depuis octobre de l’an dernier l’interlocutrice de Facebook avec les diverses institutions européennes. Elle fut elle-même jusqu’en 2009 membre du Parlement européen. Un coup d’oeil sur son CV nous apprend que cette Allemande habite à Bruxelles depuis 1994 et a acquis entre-temps une longue expérience en travaux de lobbying, relations transatlantiques, accords commerciaux et en matière de sécurité et de respect de la vie privée. Elle siège du reste aussi dans le conseil d’administration de l’Icann.
Confidentialité Facebook et confidentialité: une union houleuse s’il en est. Et c’est précisément des modalités de cette union qu’Erika Mann s’occupe principalement, quand elle dialogue avec l’Europe. “J’essaie de défendre les intérêts de Facebook, lorsqu’il est question de législation et de réglementation”, déclare-t-elle. Actuellement, tous les yeux sont tournés vers le ‘data privacy act’ de la Commission européenne. “Il est encore trop tôt pour dire si la loi emprunte la bonne voie, ajoute la directrice EU affairs de Facebook. Nous sommes partisans d’une approche plus harmonisée par delà les Etats. D’autres pistes sont moins intéressantes, selon nous, car elles peuvent freiner l’innovation. Nous espérons que l’on trouvera finalement un compromis, où la régulation et la loi cohabiteront avec l’innovation.” Les spécialistes estiment qu’il faudra certainement attendre encore deux années avant que la loi sorte vraiment.
“Rares sont ceux qui en sont conscients, mais pour les Européens, la loi est en fait nettement plus importante que pour les Américains, poursuit Erika Mann. L’Union européenne souffre réellement des approches différentes de ses pays.” A-t-elle le sentiment que l’Europe écoute vraiment ses remarques? “Je pense bien. Nous ne sommes du reste pas seuls, puisque d’autres entreprises technologiques ont aussi un ‘policy director’ qui suit la même ligne. Selon moi, l’Europe recherche vraiment des façons de réduire la fragmentation.”
Censure Ces derniers temps, l’on a aussi entendu toujours plus souvent le terme ‘censure’ à propos de Facebook. “Facebook croit que les gens ont le droit de contrôler et gérer eux-mêmes l’information”, a affirmé Mann durant sa présentation. Voilà qui semble contredire quand même la présumée censure que Facebook appliquerait au contenu qu’elle trouve elle-même ‘scandaleux’, en témoigne encore l’incident décrit récemment par le journal espagnol El Pais. Une photo de deux hommes qui s’embrassent, aurait été supprime par Facebook. Des caricatures Photoshop du Pape seraient elles aussi systématiquement retirées. “Je ne suis pas au courant de la censure, répond Mann. Même si tout un chacun est bien entendu libre de solliciter davantage d’informations via notre site web, s’il ne sait pas pourquoi un contenu spécifique a disparu. Via le tableau de bord technique, l’on peut alors vérifier ce qui s’est passé.” Durant sa présentation au parterre Beltug, Mann a pourtant bel et bien déclare “que l’on a besoin de standards moraux et éthiques, lorsqu’on doit gérer un réseau de plus de 800 millions d’utilisateurs.”
Expansion européenne Il y a actuellement deux places vacantes au sein de la filiale bruxelloise. “Je recherche surtout des personnes connaissant la législation et la régulation”, affirme Mann. Les activités de vente se trouvent majoritairement aux Pays-Bas, alors que le quartier général européen de Facebook est situé en Irlande, où est installé aussi le centre de données, même s’il y en aura bientôt un autre en Suède. “Toutes les données sont traitées dans le centre irlandais, et Facebook dépend donc du ‘data protection act’ (dpa) irlandais.
A propos de la stratégie de Facebook, Mann ne souhaite pas faire de commentaire et renvoie à l’IPO en cours. Il est manifeste cependant que l’Europe représente un important marché pour Facebook. Paver la route menant à un marché européen unifié semble dès lors un objectif manifeste.
Selon une étude de Deloitte, Facebook amènerait quelque 15,3 milliards EUR de ‘business value’ en Europe, ce qui représente 200.000 emplois indirects. “Et il s’agit là d’une étude très conservatrice”, selon Mann.
“L’on pourrait se poser la question de savoir pourquoi Facebook n’a pas vu le jour en Europe. Parce qu’il faut substantiellement plus d’investissements, avant qu’une startup puisse y atteindre une masse critique. Et c’est précisément çà, le problème en Europe, explique Mann. Je ne dis pas que c’est impossible, mais c’est nettement plus compliqué.” Et de se référer encore à Spotify et Skype qui ont toutes deux des racines européennes.
Facebook en chiffres – Plus de 845 millions d’utilisateurs actifs, dont 4,6 millions en Belgique. – 80% des utilisateurs actifs mensuels se trouvent aux Etats-Unis et au Canada. – 425 millions de personnes utilisent Facebook sur un appareil mobile. – Disponible aujourd’hui dans plus de 70 langues. – Un profil Facebook compte en moyenne 130 ‘amis’. – Plus de la moitié des utilisateurs se connecte chaque jour sur le site social.
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