BlaBlaCar envisage une méga-activité dans le covoiturage

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Frederik Tibau est rédacteur chez Data News.

Le spécialiste français du covoiturage BlaBlaCar, actif depuis avril en Belgique également, développe à un rythme accéléré un réseau de transport global. “Les start-ups européennes sont plus ambitieuses que jamais”, explique son co-fondateur et COO Nicolas Brusson. “Pourquoi opterait-on encore pour une sortie rapide, alors qu’on pourrait tout aussi bien devenir un acteur mondial?”

Vous ne connaissez pas encore BlaBlaCar? C’est l’entreprise internet française qui a en septembre dernier recueilli 180 millions d’euros, afin de pouvoir déployer plus rapidement ses services sur des marchés comme l’Inde et le Brésil. Il s’agit dans un certain sens d’une réponse européenne à Uber, même si Nicolas Brusson n’apprécie pas cette comparaison.

“La différence est vraiment grande”, affirme le COO à Data News dans les travées de la conférence The Next Web à Amsterdam. “Les chauffeurs qui roulent pour Uber, le font pour gagner de l’argent, et en font en partie leur métier. Tandis que chez BlaBlaCar, il est question de chauffeurs qui emmènent des passagers supplémentaires sur un trajet qu’ils doivent de toute façon parcourir, afin de pouvoir partager les frais de déplacement. C’est donc tout à fait différent. Les chauffeurs de BlaBlaCar n’engrangent pas de bénéfice et ne peuvent pas être commandés à la demande, comme un taxi.”

“L’élément prix est du reste aussi complètement différent: BlaBlaCar est nettement plus économique. L’on paie ainsi 15 euros pour se rendre de Bruxelles à Amsterdam, soit 5 à 10 cents le kilomètre. Uber et l’ex-plate-forme belge de covoiturage Djump demandaient 1 à 3 euros du kilomètre.”

Conformément aux critères européens, vous avez déjà récolté énormément de capital, et l’on vous attribue à présent une valeur d’1,5 milliard d’euros. Qu’est-ce qui vous distingue des autres plates-formes proposant du covoiturage?

Nicolas Brusson: “Dès le début, nous nous sommes focalisés sur le monde. Nous ne nous sommes jamais profilés comme une entreprise française ou européenne, mais comme un acteur global. Le reste du monde ne nous considère pas comme une petite initiative française, mais comme un phénomène global. Et cela change tout.”

“L’on observe progressivement du changement en Europe: l’ambition des nouvelles entreprises n’a jamais être aussi grande. Au lieu d’opter pour une sortie rapide, toujours plus d’entrepreneurs européens tentent de développer des entreprises symboliques actives dans le monde entier.”

“Nous possédons nous aussi déjà une fameuse empreinte. C’est ainsi que nous sommes présents en Russie, en Ukraine, en Turquie et, depuis peu, aussi en Inde et en Brésil. Nos investisseurs ont découvert rapidement le potentiel de BlaBlaCar. Ils reconnaissent que le marché que nous ouvrons, est gigantesque.”

BlaBlaCar existe depuis 2006 déjà. Pourquoi sa percée s’est-elle fait aussi longtemps attendre?

Brusson: “Mais ce n’est que depuis 2008 que nous sommes occupés à temps plein avec BlaBlaCar. En 2009, ce fut le début de la crise financière, et personne ne voulait encore investir dans les start-ups. L’on nous expliquait à l’époque que nous étions fous de faire ce que nous faisions. Ce n’est qu’à partir de 2011, 2012 que cela a réellement commencé à tourner.”

Vous êtes depuis peu actif en Belgique également. Mais un trajet BlaBlaCar moyen fait 300 km de long. C’est beaucoup dans notre pays.

Brusson: “C’est vrai, mais avant notre lancement en Belgique, il y avait déjà beaucoup de gens qui utilisaient BlaBlaCar et ce, à coup sûr dans la partie francophone du pays. Par ailleurs, chaque trajet ne fait pas 300 kilomètres de long. Notre concept convient pour les trajets compris entre 50 et 1.000 kilomètres.”

“1.000 kilomètres, c’est peut-être abusif et moins de 50 kilomètres, ce n’est pas vraiment efficient. L’idéal, ce sont des déplacements de 75, 100 et 150 kilomètres. Et sur ce plan, la Belgique peut être prise en considération, je pense (rire).”

Quel sera l’avenir de BlaBlaCar? Allez-vous continuer de vous focaliser uniquement sur le covoiturage?

Brusson: “Aujourd’hui, notre but premier est d’être actif dans le plus de pays possible. Notre première préoccupation est le réseau de transport peer-to-peer global. En outre, nous essayerons de développer aussi un network of trust que je vais vous expliquer.”

“Il va de soi que nous collectons beaucoup de données de nos chauffeurs. Les gens attribuent une note à nos chauffeurs, jugent leur style de conduite, etc. Nous devons en tirer parti. C’est ainsi que nous pourrions notamment vendre de meilleurs produits d’assurance personnalisés. Meilleure sera votre cotation, moins chère sera votre assurance.”

“Aujourd’hui, nous avons du reste déjà conclu un partenariat avec Axa dans différents pays européens (dont la Belgique) pour des produits d’assurance complémentaires. Nous allons encore approfondir ce genre de partenariats à l’avenir.”

“Allons-nous pouvoir utiliser notre réseau de transport dans d’autres buts que le déplacement de personnes? C’est à coup sûr une piste, mais nous n’en sommes pas encore là. Je le répète: la priorité est à présent de mettre en oeuvre notre réseau global et de créer une communauté de confiance autour de nos services supplémentaires. C’est déjà pas mal, non?”

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