Les fausses notes de frais sont une plaie courante dans de nombreuses entreprises. Mais l’IA rend aujourd’hui vraiment très facile cette fraude.
Pour de nombreuses entreprises et organisations, la rentrée de notes de frais est un processus sensible à la fraude, qui repose souvent sur la confiance et l’échantillonnage. L’IA y ajoute aujourd’hui un nouveau défi technologique. L’essor des outils d’IA générative semble désormais rendre la création de reçus photoréalistes, mais complètement falsifiés, un jeu d’enfant. Et cela ouvre la porte à une fraude généralisée.
Reçus falsifiés, y compris les… plis
Le site technologique Ars Technica met en garde dans une analyse récente contre une nouvelle génération d’applications web pilotées par l’IA, qui permettent aux utilisateurs de générer de faux reçus en quelques secondes. Grâce à ces outils, les utilisateurs sont à même de saisir des détails tels que le nom du commerçant, la date, les articles achetés et le montant total. L’IA produit ensuite l’image d’un reçu qui se distingue à peine de la réalité, avec des polices de caractères réalistes, des plis et la texture typique du papier thermique.
Les systèmes de contrôle financier de nombreuses entreprises ne font souvent pas le poids face à ce type de contrefaçon sophistiquée. Selon l’article d’Ars Technica, de nombreux systèmes de gestion des notes de frais existants, tels ceux de SAP Concur, Rydoo ou Expensify, sont principalement axés sur la lecture des données via l’OCR (reconnaissance optique de caractères) et la vérification des infractions à la réglementation, telles que les envois de doublons ou le dépassement des limites quotidiennes. Ils ne sont cependant pas conçus pour examiner l’authenticité de l’image elle-même.
Le jeu du chat et de la souris
C’est surtout un nouvel exemple de la façon dont l’IA est utilisée à la fois de manière positive et négative. Un jeu du chat et de la souris d’un nouveau genre, autrement dit, car si les outils de lutte contre la fraude s’améliorent, les systèmes de détection doivent aussi suivre. ‘Il ne s’agit pas d’une menace future. C’est déjà en train de se produire. Alors que seul un petit pourcentage de reçus non conformes est actuellement généré par l’IA, cela ne fera qu’augmenter’, déclare Sébastien Marchon, CEO de Rydoo, une plateforme de gestion des notes de frais, dans l’article paru dans Ars Technica. AppZen, un autre fournisseur de logiciels spécialisés dans la gestion des notes de frais, affirme de son côté que les faux reçus générés par l’IA représentent déjà quelque 14 pour cent de toutes les tentatives de fraude détectées. Une enquête réalisée par SAP en juillet a révélé que près de 70 pour cent des CFO pensent que leurs employés utilisent l’IA pour falsifier des frais de voyage ou des reçus, et quelque 10 pour cent ajoutent qu’ils sont convaincus que cela s’est déjà produit dans leur entreprise.