Encore beaucoup d’incertitude à propos de la fuite de données en Allemagne
L’opposition allemande exige la clarté sur le ou les auteur(s) du piratag, qui a dévoilé les données personnelles de centaines de politiciens. C’est surtout l’agence fédérale allemande en charge de la sécurité IT qui reçoit des volées de bois vert.
Le 1er décembre 2018, un compte anonyme, baptisé ‘G0d’, a inséré sur Twitter un calendrier numérique de l’Avent, dont un volet s’ouvrait chaque jour. On y voyait apparaître un nouveau lien vers des informations personnelles d’Allemands connus. Cela débuta par les données de journalistes, de YouTubers et de figures de la TV, dont le comique Jan Böhmermann.
Le gros de l’affaire se manifesta cependant juste avant la Noël par le dévoilement d’adresses civiles, d’adresses e-mail et de numéros de téléphones mobiles de centaines de parlementaires et de politiciens locaux. Au niveau de la CDU d’Angela Merkel, 410 politiciens sont concernés et au niveau du partenaire de coalition SPD, il y en a 230. Le parti de gauche (Linke) a vu les données de 91 politiciens aboutir sur le net, et le FDP 28. Pour ce qui est de la chancelière fédérale même, un numéro de fax, une adresse e-mail et plusieurs courriers se sont retrouvés à la rue, mais pas la moindre information politique sensible. D’autres victimes ont assisté aussi à la diffusion des données de leur carte d’identité et de crédit.
Le 28 décembre, le compte a arrêté de tweeter. Le vendredi 4 janvier, il fut bloqué par Twitter. La veille, des collaborateurs du politicien du SPD, Martin Schulz avaient alerté la police d’Aix-la-Chapelle. L’homme politique aurait été appelé à plusieurs reprises par des personnes bizarres sur son numéro secret.
La provenance des données inconnue
Rien n’est clair à propos de la provenance de toutes ces données. Durant l’été de 2015, les serveurs du Parlement allemand avaient bien été piratés, et un grand nombre de courriels avaient pris la clé des champs. Rien ne confirme cependant que les données dévoilées à présent en soient originaires.
Plus que probablement, ces données sont un ramassis de diverses sources. Certaines données, comme les adresses, étaient déjà publiques. D’autres, tels les numéros de téléphone de politiciens, ne figuraient que dans les listes d’adresses de journalistes par exemple. Rien n’est sûr non plus que les informations publiées soient authentiques. Une partie semble en tout cas ne plus être actualisée.
Auteurs inconnus
On ne sait pas non plus qui est à l’origine de la fuite des données. Selon le magazine Der Spiegel, qui a examiné les données, le compte Twitter était suivi de www.anonymousnews.ru, un site web qui propage de fausses nouvelles. De plus, il y a le fait qu’aucune information personnelle de politiciens du parti AfD n’a été dévoilée. Voilà pourquoi les spéculations vont bon train, selon lesquelles le(s) auteur(s) serai(en)t de droite ou russes, mais aucune preuve dans un sens ou dans un autre n’a encore été trouvée.
Dimanche, la police a effectué une perquisition dans l’appartement d’un jeune homme de 19 ans dans la ville d’Heilbronn au sud-ouest de l’Allemagne. Plusieurs appareils électroniques ont été saisis. L’homme serait considéré comme un témoin.
Critiques
L’affaire a entre-temps engendré pas mal de critiques à l’égard de l’agence fédérale allemande en charge de la sécurité IT (BSI). Celle-ci a annoncé vendredi qu’elle était au courant depuis début décembre déjà, alors que le bureau de la chancelière fédérale Angela Merkel et le service de recherche allemand BKA n’en ont été informés que fin décembre
Il est scandaleux que des données volées se retrouvent des jours durant sur internet et que les autorités compétentes ne fassent rien pour informer et protéger les victimes”, affirme Thomas Oppermann (SPD), vice-président du Bundestag. Le SPD exige des explications de la part du ministre de l’intérieur Horst Seehofer (CDU). Ce dernier est aujourd’hui en réunion avec quelques représentants de la BSI et de la police.
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