Karen Boers
En tant que coach de startups, mieux vaut être un peu fou…
Le développement d’un programme qualitatif exige énormément de temps et de travail. Et c’est précisément ces heures de travail qui constituent le goulot d’étranglement.
Les startups, voilà un sujet brûlant s’il en est. Nombreux sont ceux qui ont dès lors saisi cette occasion pour inciter davantage de personnes à l’entreprenariat et mieux les encadrer.
L’on y retrouve du reste pas mal d’entrepreneurs expérimentés, des gens qui ont leurs racines bien ancrées dans la pratique. Ceux-ci ne sont donc sûrement pas occupés uniquement à chasser le profit, mais veulent aussi rendre quelque chose en retour à la société.
Tous des signaux pleins d’espoir qui, avec un large encadrement professionnel, doivent aider à créer et assurer les emplois de demain. La pratique se passe cependant de façon nettement moins fluide que la théorie.
Le développement d’un programme qualitatif, mais aussi d’un pipeline de candidats et de relations PR pour rendre les résultats publics, exige en effet énormément de temps et de travail. Et c’est précisément ces heures de travail qui constituent le goulot d’étranglement de la plupart des programmes de support.
Les coûts du personnel sont déjà très élevés dans notre pays, et le financement des activités de support des startups est malheureusement nettement moins ‘hot’ que les parlottes à propos des starters. La plupart des programmes de support réunissent à peine un budget suffisant pour couvrir les frais fixes.
Des initiatives comme Webmission, les divers week-ends Startup, 100.000 Entrepreneurs, etc. dépendent aussi quasi complètement de bénévoles. Même si le bon-vouloir ne manque pas, la coordination des services d’amis et du travail des bénévoles est tout autant une occupation de longue haleine. Et qui ne vous donne malheureusement que peu de garanties à un peu plus long terme. Il faut donc répéter entièrement les mêmes efforts à chaque édition.
Des initiatives qui utilisent des collaborateurs propres, telles BRYO, NEST’UP, Idealabs, etc. exigent des négociations difficiles avec les sponsors ou des procédures longues et souvent complexes pour trouver des subsides, dans les deux cas souvent avec, à la clé, un succès inégal et un haut degré d’imprévisibilité. Une bonne partie du temps consacré par ces organisations est ainsi ‘perdu’ dans des activités qui ne contribuent pas directement à la qualité et à l’impact du programme même.
L’investissement nécessaire pour développer ce genre de programme de soutien, pour obtenir un financement et pour arriver à des résultats, est substantiel. Même des organisations confirmées qui se sont hasardées sur le terrain des startups et peuvent faire appel à leurs propres moyens de fonctionnement, comme Agoria, Ugent (Durf Ondernemen), BAN Vlaanderen, LRM et iMinds, croulent sous les efforts que cela exige de leur part.
Des organisations telles WeStartup et Co-Learning optent par conséquent pour une combinaison de services très accessibles (gratuits) et de fonctionnement communautaire avec des missions de consultance, mais d’autres fournisseurs de services comme des entreprises de consultance, mais aussi des espaces de ‘coworking’ et des incubateurs tels BetaCowork, Corda Campus, C-Mine Crib et WSL répercutent leurs services sur les entrepreneurs et ce, dans le cadre d’une structure de coûts aussi légère que possible, il est vrai.
Dans la plupart des cas, le financement structurel déficient va cependant de pair avec un manque de grandeur d’échelle et, dans une forte mesure, d’une politique adéquate – d’un événement à l’autre et d’une édition à l’autre. Cela ne laisse aucune latitude pour procéder d’abord à de la reconnaissance du marché, pour sélectionner ensuite les partenaires ad hoc, puis pour examiner dans quelle mesure un format fructueux peut être élaboré, dont la plus-value sera néanmoins exponentielle à plus long terme.
En écrivant cela, je ne veux absolument pas couper court aux nombreux efforts qui sont actuellement consentis et qui sont judicieux, bien étudiés et efficaces. Mais en tant que coach ou accompagnant de startups, il vaut mieux être un peu fou par les temps qui courent.
Plusieurs pistes sont possibles pour oeuvrer en la matière. C’est ainsi que les programmes de support pourraient viser davantage une obligation de résultat, où les entrepreneurs réinvestiraient une partie dans le programme après un certain temps et en fonction de la valeur ajoutée et de l’impact.
Cela aiderait les entreprises à accéder au capital nécessaire à un stade nettement plus précoce, ce qui leur donnerait la possibilité de payer tout simplement le support et l’encadrement requis.
Un débat ouvert semble en tout cas indiqué, afin que quiconque investit de l’énergie dans la création d’emplois et dans une économie durable puisse être dûment récompensé sur base de son travail.
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