“En Afrique, le GSM a une importance vitale”
En Afrique, quasiment tout un chacun dispose d’un GSM. “Il y a même plus de téléphones que de toilettes”, déclare Olivier Vanden Eynde, fondateur de Close the Gap. L’accès au GSM est donc essentiel sur ce continent.
De grandes entreprises comme Google et Apple sont depuis assez longtemps déjà occupées à développer des systèmes de paiement mobiles. Google Pay et Apple Pay sont d’importantes annonces, depuis longtemps attendues, mais qui sont encore loin de s’imposer. Il en va autrement en Afrique. Sur ce continent, le paiement mobile s’avère “très important, voire souvent vital”, explique Olivier Vanden Eynde de Close the Gap, une organisation non marchande qui entend réduire le fracture numérique en Afrique. Close the Gap y arrive en utilisant notamment des ordinateurs d’occasion mais encore et toujours en bon état dans des projets au sein d’écoles et d’hôpitaux en Afrique de l’Est.
Pour Vanden Eynde, les GSM peuvent aussi être bien plus qu’un simple moyen de communication. Le paiement mobile stimule en effet l’économie et prévient en partie la corruption.
M-Pesa
“Au Kenya, il y a M-Pesa, comme le système bancaire mobile s’appelle. Cela représente une activité très importante. Beaucoup de gens en Afrique – surtout les jeunes – migrent des villages vers les grandes villes pour gagner de l’argent. S’ils étaient payés en espèces, ils devraient ramener cet argent à leurs parents en utilisant des bus-taxis coûteux. Mais en plus du prix, ils perdraient aussi beaucoup de temps. Depuis l’existence des systèmes de payement mobiles, ce n’est plus nécessaire”, ajoute Vanden Eynde. Il est à présent possible de verser de l’argent par SMS.
“Supposons que je vous envoie 5 euros. Vous allez avec votre GSM à un petit stand installé sur un marché et vous recevez ces 5 euros en main – comme on dit là-bas.” Le salaire est à présent aussi souvent versé ainsi, ce qui réduit la corruption. “Précédemment, il fallait faire suivre une enveloppe avec l’argent par 3 ou 4 stations avant d’atteindre la bonne personne. Et certains se servaient régulièrement au passage. A présent, la situation est nettement plus transparente grâce à l’innovation. Et cela a un impact direct pour l’individu.”
Le Kenya en tête
Dans ce domaine, le Kenya est un véritable précurseur en Afrique. En 2000, l’un des nombreux opérateurs en place, Safaricom, ne possédait encore que 18.000 abonnés mobiles dans le pays, alors qu’en 2010, ce nombre est passé à… 17 millions. Et ce, dans un pays en voie de développement, où la plupart des gens doivent se satisfaire de quelques dollars par jour. “Et outre le fait que l’argent soit transféré avec le GSM, d’autres applications y sont essentielles aussi”, poursuit Vanden Eynde.
L’immense majorité de la population dispose d’un téléphone, même les personnes vivant sous le seuil de pauvreté. L’Afrique recèle 1 milliard de téléphone environ. ‘Il y a plus de téléphones que de toilettes en Afrique’, entend-on souvent – et une enquête l’a démontré également. “L’on peut dire que c’est très contradictoire, quand on se rend compte des défis hygiéniques qui se posent dans beaucoup de ces pays. Mais le fait est que les GSM sont utilisés pour plusieurs applications, ce qui fait qu’il est si important d’en posséder un en Afrique.”
“Cela aide à éviter les grossesses chez les adolescentes”
L’envoi de SMS peut mettre en branle pas mal de choses sur ce continent. “Tekst to Change en est un exemple. Par SMS, l’on peut effet éviter les grossesses chez les adolescentes”, déclare Vanden Eynde. “Il est possible de demander aux opérateurs les numéros d’un groupe-cible. L’on envoie ensuite 3 à 6 SMS avec différentes questions, auxquelles elles peuvent répondre par oui ou non. A la fin du questionnaire, l’on peut envoyer ainsi quelqu’un vers une clinique. En récompense, elles reçoivent un code pour disposer de plus de minutes sur leur GSM une fois arrivées à la clinique. Les adolescentes bénéficient donc d’une récompense. Il s’agit d’une situation où tout le monde est gagnant (winwin).”
Le GSM devient smartphone
L’on peut citer bien d’autres exemples. Les pêcheurs par exemple qui partent en mer et peuvent connaître les conditions météo et ne pas courir ainsi le risque de rencontrer une tempête. “En Tanzanie, la police encaisse même des amendes avec le téléphone mobile”, affirme Vanden Eynde. “En Afrique, il arrive parfois que des agents rédigent des PV, mais cela ne se fait pas de manière transparente, et l’argent perçu n’aboutit parfois pas dans les caisses de l’état. Si le montant de l’amende est versé au moyen d’un GSM, c’est nettement plus clair.”
Au vu de ces exemple d’initiatives innovantes – qui confèrent à un simple GSM quasiment les mêmes fonctions que celles d’un smartphone – cet appareil s’avère toujours plus essentiel en Afrique. Alors que nous utilisons notre mobile pour informer nos proches des choses agréables mais parfois banales que nous faisons, il s’avère indispensable, voire vital en Afrique.
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