Bart Becks
D’une FailCon à une WinCon
Une FailConference a été organisée pour la première fois en Belgique durant la conférence iMinds à Gand. L’objectif de ce qu’on appelle en abrégé la FailCon est de partager et d’apprendre les uns des autres.
Une FailConference a été organisée pour la première fois en Belgique durant la conférence iMinds à Gand. L’objectif de ce qu’on appelle en abrégé la FailCon est de partager et d’apprendre les uns des autres.
Pourquoi un projet a-t-il été voué à l’échec? Pourquoi une startup a-t-elle échoué? Comment pouvons-nous réagir en pareilles circonstances? Les raisons sont multiples: trop tôt ou trop tard sur le marché, trop peu de moyens financiers pour croître, piètre exécution, litige entre co-fondateurs, désaccord entre investisseurs, internationalisation trop rapide ou trop lente, développement déséquilibré de l’équipe, une idée impossible à concrétiser, etc. La conférence a donné la parole à plusieurs entrepreneurs très ouverts, dont certains ont fait des récits très durs et diversifiés. Chapeau, car il n’est pas évident de parler ainsi de ce genre de choses devant un vaste parterre de personnes inconnues pour la plupart. Il existe déjà pas mal d’articles intéressants sur les raisons de l’échec d’une startup. L’un des principaux messages distillés par la conférence demeure toutefois le suivant: l’échec est quelque chose qu’il faut accepter dans le processus d’entreprise et d’innovation.
Ne me comprenez pas mal. Je ne trouve pas que nous devons prendre l’échec comme une évidence. Nous devons partir de l’idée que l’on va réussir. Chaque entreprise doit créer de la valeur (ajoutée), de préférence encore dans un contexte durable. Tout doit être fait pour pouvoir réussir dans son projet. Mais si – malgré tout -, tel n’est pas le cas, l’on ne peut vouer les entrepreneurs aux gémonies. Les conséquences financières, légales et personnelles sont en soi déjà suffisamment dures et usantes. En outre, quelqu’un qui a connu un échec, est de ce fait probablement devenu plus fort. Une raison suffisante pour lui offrir toutes les chances de repartir du bon pied. L’acceptation de l’échec dans le trajet vers le succès est par conséquent cruciale.
Peut-être devrait-on organiser l’année prochaine une WinCon durant iMinds. Une conférence consacrée à différents succès belges tant à l’échelle nationale qu’internationale: pourquoi a-t-on réussi? Qu’est-ce qui a fait la différence? Comment et qu’est-ce qui a été décidé aux moments cruciaux? Comment peut-on capitaliser sur le succès?
J’observe tout autour de moi beaucoup d’envie d’entreprendre et ce, malgré les circonstances économico-sociales difficiles. Chaque jour, je vois apparaître de nouvelles idées, de nouveaux projets, mais aussi des starters dans le doute. Des gens qui ont plus que jamais envie d’entreprendre! Cela n’enlève rien au fait que dans les mois à venir, il y aura aussi moins de starters et davantage d’échecs, une réalité qui persistera encore quelque temps malheureusement. Les projections économiques et financières retiennent pas mal de personnes à franchir le pas.
Il va de soi que nous avons besoin de plus d’entrepreneurs et de starters. Il sera très malaisé, voire quasi impossible de créer à court terme de nouvelles entreprises de 5.000 ou 6.000 postes de travail. Mais une stratégie de PME bien étudiée capable d’encourager des centaines d’entrepreneurs à créer leur entreprise, cela cadre nettement mieux avec notre culture et nos possibilités.
Je crois donc que nous sommes à un tournant. Je ne pense pas qu’il y ait encore quelqu’un qui doute un instant que notre pays et nos régions doivent améliorer la compétitivité des entreprises. Simplification administrative, transparence fiscale, réduction de la pression de l’impôt. Selon moi, tout le monde est d’accord là-dessus, et j’estime que les dirigeants de notre pays vont transformer en une politique énergique le signal reçu ces dernières semaines et mois, ainsi que de ses conséquences dramatiques sur nos emplois.
Donc oui, je crois en la force d’une politique double. D’une part, nous devons mettre tout en oeuvre pour conserver les emplois et industries existants et si possible les étendre grâce à une stratégie d’innovations. Mais comme créer de la valeur ajoutée et donc de nouveaux emplois, ce n’est pas rien, essayons d’abord de conserver ce qui existe. Et s’il y a encore des fermetures d’entreprises, ne recourons pas trop vite à la prépension. Je préférerais entendre nos dirigeants politiques dire qu’ils feront ‘tout et l’impossible’ pour donner à chacun un nouvel emploi. Tel doit être le point de départ. Et si cela ne marche pas pour certains, il existe encore et toujours des alternatives. Mais ne revenons surtout pas trop rapidement aux solutions d’avant.
Ces derniers mois, j’ai eu le privilège, en tant que président d’iMinds, mais aussi dans le cadre de notre nouvelle initiative angel.me, de pouvoir réfléchir régulièrement avec la communauté des startups et de grandes sociétés existantes principalement en ICT et médias. Je suis à chaque fois étonné de la valeur des gens d’ici. Nous sous-estimons notre talent, je ne cesserai de le répéter. Je suis aussi toujours plus emballé par la qualité de la recherche dans nos universités, où il y a un incroyable potentiel pour davantage de spin-offs, pour un plus grand échange de la connaissance entre l’industrie et les instituts de recherche, et aussi pour un passage plus aisé des personnes entre la recherche et les entreprises.
L’on a eu aussi droit à des nouvelles positives cette semaine: immoweb qui vend une participation de 80% pour plus de 125 millions EUR, ce qui est probablement le plus grand succès belge d’une startup web de ces 10 dernières années. LMS, l’entreprise d’Urbain Vandeurzen, est rachetée par Siemens. Telenet, qui est passée en l’espace de 10 ans du stade d’entreprise débutante en difficultés à celle de société séduisante, très rentable et bien gérée. Dans le cas d’immoweb & LMS, il s’agit du reste de 2 entreprises qui sont dirigées de manière très ‘volontariste’: immoweb par Christian Rousseaux et ses 2 fils, et LSM par Urbain Vandeurzen, qui en est le président et le CEO, et qui a donc toujours gardé une ligne de conduite très ferme.
Nous devons opter pour une politique d’activation de starters. Et les possibilités ne manquent pas: l’introduction d’un incitant fiscal (‘tax-shelter’) pour le capital à risque, comme en Grande-Bretagne, comparable à notre ‘tax-shelter’ pour les films. Le support de centres d’incubation et d’accélération. Une plus grande conversion encore de la recherche en activités. Le pont entre la recherche et l’université et l’injection de suffisamment de moyens pour permettre une forte croissance. La facilitation de principes tels le ‘crowdfunding’ pour faire face au problème actuel du manque de capital de départ. Mais aussi l’organisation de moyens suffisants pour pouvoir consentir d’ambitieux investissements ultérieurs.
Il faut créer des centaines de starters, dont beaucoup échoueront. Nous devons l’accepter et j’en reviens ainsi au début de mon témoignage. Nous devons accepter l’échec pour rendre le succès possible. Car sur les centaines de ces starters, il y en aura aussi qui connaîtront un grand succès, je n’en doute absolument pas. Mais pour cela, nous devons tous ensemble soutenir l’activation des entrepreneurs. Dans tous les domaines. Au niveau de la stratégie politique. Au niveau industriel. Au niveau académique. Au niveau individuel. Notre avenir est trop précaire pour attribuer ce genre de politique à un seul groupe: si l’on veut avoir une chance d’atteindre rapidement de bons résultats, il faut que nous nous engagions tous. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons faire la différence. L’union fait la force.
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