Philip Swinnen
Dublin Web Summit: une cacophonie de starters
Dublin Web Summit: sur les plans structurel et organisationnel, il y a encore pas mal de pain sur la planche.
La presse internationale a qualifié le Dublin Web Summit 2013 de véritable édition à succès. Alors que le nombre de personnes présentes atteignait l’an dernier les 3.000, l’organisateur Paddy Cosgrave et son équipe ont enregistré cette année quasiment 10.000 inscriptions. Pas mal!
Pourquoi donc tant de starters ont-ils rallié Dublin? Pour promouvoir leur petite entreprise évidemment, mais aussi pour écouter les discours thématiques intéressants et pour nouer des contacts. Une quinzaine de startups belges ont aussi répondu présent, dont 87 Seconds.
Pour une jeune entreprise belge, comme celle-là, un tel événement représente assurément une plus-value, ne serait-ce que par son côté réseau en vue de nouer des contacts internationaux. Web Summit réunit d’ambitieux entrepreneurs technologiques se trouvant sur la même longueur d’ondes et provenant du monde entier, et offre aux starters la possibilité de rencontrer des gens et des entreprises (et aussi des concurrents) de leur propre niche.
L’inspiration, la connaissance et les meilleures pratiques échangées constituent sans aucun doute un plus. Et pourquoi après tout ne pas se laisser inspirer afin d’introduire un nouvel outil dans son propre management ou organisation, ou encore pour paraître quelque plus innovant?
Surcharge Cette édition réussie avait néanmoins comme désavantage de regrouper une trop grande cacophonie de starters, où la qualité des initiatives n’était pas toujours ce qu’elle devait être. Réunir 1.000 startups, chacune avec son petit stand, rangées à perte de vue les unes à côté des autres, c’est exagéré. L’on y perd son latin, et l’on a du mal à assimiler la surcharge d’informations.
Dans ce genre de contexte, l’on devient particulièrement critique à l’égard de ses collègues entrepreneurs, surtout lorsqu’il est question de la énième appli de média social et de partage de photos. Car dans cette recherche complexe de partenaires intéressants, l’on entre inévitablement en contact avec des projets moins convaincants.
Conséquence de ce genre de cacophonie: les entreprises commencent à se comporter de façon étrange pour se distinguer. Parmi les nombreuses prouesses marketing originales, deux sortaient vraiment de l’ordinaire: d’une part Wally app (des Emirats Arabes Unis) qui, avec l’aide de trois nains verts, faisait sa promotion dans la salle de conférences, et d’autre part la française Vintagers, qui faisait pareil, mais avec des danseuses très légèrement vêtues. C’était par moments un spectacle réellement ridicule et éthiquement inacceptable, mais cela ne les a pas empêchés de figurer sur le blog du Financial Times.
Lors de salons tels le Dublin Web Summit, le ROI peut ne pas être vraiment au rendez-vous pour pas mal de petites entreprises. C’est qu’elles n’y rencontrent que peu de clients directs ou de prospects susceptibles de tester leurs nouvelles applis ou initiatives e-commerciales.
Une grande partie des starters doit plutôt tenter de convaincre des investisseurs et capital-risqueurs et de finaliser une première ou une deuxième phase de financement.
Objectifs Les starters belges intéressés à participer à l’édition de 2014 feraient donc bien de dresser une mini-liste de quelques objectifs précis. Le déplacement en vaut-il la peine et la dépense? Serai-je là pour nouer des contacts, attirer des investisseurs, vendre mon service ou mon produit, convaincre des bêta-utilisateurs ou pour me créer une certaine visibilité?
Les cibles concrètes et les rencontres planifiées à l’avance (avec des collègues, concurrents et investisseurs) sont d’une importance cruciale. La participation aux présentations d’une durée de 4 minutes devant un jury composé de personnalités du secteur technologique est un bon exercice. A Dublin, l’on voit circuler divers investisseurs, mais sans rendez-vous et en comptant purement sur la chance, vous ne les trouverez jamais dans ce capharnaüm. Ou du moins très difficilement.
L’édition de cette année a peut-être été une réussite sur base du nombre de personnes présentes, mais sur les plans structurel et organisationnel, il y a encore pas mal de pain sur la planche. A l’image de la connexion wifi qui a très vite dérapé.
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