“Depuis longtemps déjà, nous ne sommes plus seulement au niveau fédéral”
Le service public fédéral ICT Fedict est devenu un teenager. Un teenager qui voit venir de grands changements et les anticipe.
Le service public fédéral ICT Fedict est devenu un teenager. Un teenager qui voit venir de grands changements et les anticipe.
“Nous nous trouvons dans une ‘césure’.” Jan Deprest, président de Fedict, ne manie pas la langue de bois: si les politiciens tranchent le noeud gordien de la formation d’un gouvernement, il y aura du changement. “Il vaut donc mieux bien suivre ce qui se passe et essayer de discerner les opportunités plutôt que les problèmes.” Ces opportunités, Deprest et les siens tentent de les ancrer dans ce qu’il appelle ‘la troisième vague’: la troisième grande étape dans la jeune vie de Fedict.
Histoire Pour l’expliquer, il nous faut remonter quelque peu dans le temps. La première étape – ou ‘vague’ – a été, selon Deprest, la création des fondements de Fedict. “Cette infrastructure de base reste le fil rouge: le réseau gouvernemental Fedman, l’environnement transactionnel Federal Service Bus, le portail fédéral et l’environnement de sécurisation et d’authentification (Federal Authentication Service ou FAS, avec notamment les jetons fédéraux et l’eID).” La deuxième vague a suivi assez rapidement. “Il ne suffisait pas de créer un certain nombre de produits. Il fallait aussi des exemples, des applications. C’est ainsi qu’est née par exemple la déclaration fiscale en ligne Tax-on-Web dans le giron de Fedict, mais aussi WebDIV, Police-on-Web,… Mais il nous était impossible d’être propriétaires de ces processus. Voilà pourquoi nous avons toujours essayé de les transmettre aux services publics concernés. Nous avons ainsi démontré que l’e-gouvernement était notre tâche à tous. Nous avons donc adopté une sorte de mission de consultance consistant à implanter des semences e-gouvernementales dans toutes les têtes.”
Il fallait également stimuler la demande, une affaire plus politique avec des projets tels Pécéphobie ou Internet Pour Tous. Enfin, Fedict se profila aussi à l’échelle internationale avec l’eID. “Nous l’avons fait pour protéger nos investissements technologiques.”
Trans-gouvernemental Selon Deprest, cette troisième vague implique surtout une inter-connectivité entre les différents niveaux publics: “Je crois que le niveau fédéral ne sera plus jamais ce qu’il a été. J’estime que certains domaines vont être davantage régionalisés. Cela ne doit pas avoir d’importance pour nous. Car si le ministère X est soudainement scindé en trois, je prévoirai simplement trois points d’interconnexion au lieu d’un.” L’histoire de la première et de la deuxième vague semble dès lors se répéter. “Cette inter-connectivité ne peut se faire seule. Il faut un réseau. Et quand on se parlera, cela devra se faire dans un environnement très sûr. Dans les programmes d’investissements pour 2011-2013, nous allons par conséquent renforcer de nouveau nos assises. Nous allons migrer vers Fedman III, étendre encore notre système de gestion des identités et des accès, etc.” Et des applications devront en outre être développes pour cette inter-connectivité. La déclaration de naissance électronique eBirth en est un exemple. “Au départ d’une seule transaction, destinée à veiller à ce que l’enfant soit enregistré dans ‘le système’, l’on aura énormément de processus à tous les niveaux publics. C’est ce que nous voulons démontrer avec eBirth.”
“Avant, l’on pouvait créer quelque chose, puis le transmettre au service public adéquat, ajoute encore Deprest. Mais si l’on travaille de manière trans-gouvernementale, il faut le faire non seulement en mode de projets, mais aussi en mode de services. Il faut pouvoir supporter de bout à bout les niveaux de processus et, en dessous, les niveaux technologiques. Nous devons donc nous perfectionner, et ce non seulement en inter-connectivité, mais aussi en gestion des processus. Il convient d’adapter notre socle de compétences (comprenez: notre recrutement). Alors qu’avant, nous ciblions les program-managers, nous recherchons à présent des analystes business, des process-managers, etc. Nous pensons en effet que la ‘césure’ dans laquelle nous nous trouvons maintenant, engendrera en fin de compte une plus grande complexité de l’interopérabilité et de la transparence des processus. Mais le citoyen ne doit pas en être la victime.”
De bas en haut Un service public fédéral qui laisse derrière lui le niveau purement fédéral, cela semble une attitude inhabituellement pragmatique dans le climat politique actuel. “Ah, 150 communes et les régions utilisent notre FAS depuis des années. Cela fait longtemps déjà que nous ne sommes plus seulement au niveau fédéral. Peu m’importe où se trouvent mes clients. Nous devons continuer à leur fournir un support, à les écouter, enfin tout ce qu’un consultant doit faire pour pénétrer le marché.” Voilà pourquoi Deprest ne croit pas non plus à la vision de Fedict en tant que puissant service public qui détermine la stratégie ICT de haut en bas. “Je comprends qu’il est politiquement plus intéressant d’agir de haut en bas. Mais j’estime que mes collègues ICT-managers consacreraient alors nettement plus d’énergie à prouver pourquoi ils ne doivent pas collaborer avec moi, qu’en travaillant de bas en haut. Par cette attitude – orientée client et résultat -, nous atteindrons nettement plus vite des effets de synergie que quand le conseil ministériel décide que ‘Fedict peut… décider ce qui va se passer’.”
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